Haïti : plus de 2000 décès et l’aide qui tarde

(Agence Ecofin) - 5 jours après le séisme de magnitude 7,2 qui a frappé Haïti le samedi 14 août dernier et touché près de 2,2 millions de personnes, le bilan continue à s’alourdir. Les chiffres, actuellement de plus de 2000 décès et 9900 blessés, devraient croître à mesure que les opérations de recherche et de sauvetage se poursuivent, selon rapport du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires.

Les autorités publiques haïtiennes indiquent que 137 000 familles ont été touchées en particulier dans le Sud du pays, et environ 500 000 personnes, soit 40 % de la population totale des départements touchés, ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence. 

Le tremblement de terre a mis Haïti « à genoux », a déploré le Premier ministre haitien Ariel Henry, dans une intervention vidéo hier mercredi.

“The authorities wish to manage the humanitarian aid. Easier said than done”. #Haiti Les autorités veulent diriger l’aide humanitaire. C’est plus facile à dire qu’à faire. - https://t.co/wklWw4O3DL via @ AyiboPost

— Louise Ivers MD MPH (@drlouiseivers) August 16, 2021

Dans cette situation difficile, l’accès et l’acheminement de l’aide est compliqué par les pluies torrentielles qui se sont abattues sur le sud-ouest du pays ces derniers jours, faisant planer d'inondations sur les zones les plus durement touchées par le tremblement de terre.

De plus, malgré une première mobilisation d’acteurs comme les Etats-Unis ou l’Union Européenne, et des promesses de l’ONU et de la Croix Rouge, les premiers déploiements de l’aide semblent également compromis par la situation politique dans le pays. Ceci à cause de la transition tendue qui a suivi le décès du président Jovenel Moïse, assassiné dans sa résidence, et des graves défis sécuritaires liés aux gangs qui sévissent, non seulement dans la capitale Port-Au-Prince, mais aussi dans plusieurs points du pays.

« Le plus grand défi pour les partenaires humanitaires sera de naviguer dans la situation complexe de la sécurité et de l'accès humanitaire, qui crée de sérieux obstacles logistiques rendant très difficile l'accès aux zones touchées par voie terrestre depuis Port-au-Prince. », s’inquiète ainsi en début de semaine l’agence onusienne, pendant que les autorités haïtiennes négocient avec les gangs pour faire entrer l'aide dans le territoire.

A ce contexte jugé « compliqué », vient également s’ajouter le spectre des mobilisations de dons qui ont suivi le séisme de 2010 ; un sinistre qui avait ravagé le pays des Caraïbes, faisant plus de 220 000 morts et 1,5 million de sans-abri. Après cette catastrophe, quelque 5,33 milliards $ ont été promis par les pays donateurs pour la reconstruction d'Haïti pour la seule période 2010-2012, et plus de 3 milliards $ versés par des donateurs privés, à des milliers d'ONG.

La dégradation de la situation dans le pays, sur fond de détournements et de mauvaises allocations des ressources, alimente aujourd’hui la frilosité des donateurs internationaux.

« Mon gouvernement n’entend pas répéter l’histoire quant à la mauvaise gestion et la coordination de l’aide» a promis le président Ariel Henry sur Twitter hier mercredi, en ajoutant qu'il veillerait « personnellement », à ce que ces ressources atteignent « les vraies victimes».

Ayi Renaud Dossavi