(Agence Ecofin) - La première estocade est venue du ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, après la publication du classement mondial 2014 de la liberté de la presse établi par Reporter sans frontières (Rsf). Le rapport de l’Ong internationale sur le Maroc est « injuste, étrange, imprécis et infondé », affirme le porte-parole du gouvernement marocain. Le travail de Rsf est rejeté en bloc par le Syndicat national de la presse marocaine (Snpm). « Il est excessif », s’indigne Abdelmounaim Dilami, Pdg du groupe Eco-Medias auquel appartient L'Economiste, Assabah et Radio Atlanctic. Le Maroc est resté 136ème dans le classement, comme en 2013. « La conclusion générale demeure étrange, manque de précision et ne reflète pas la réalité de la pratique journalistique au Maroc », dit Mustapha El Khalfi.
Il soutient que Rsf s’est basé sur « une seule question », notamment l’affaire Ali Anouzla, détenu du 17 septembre au 25 octobre 2013, en raison de la publication sur son site Web, Lakome.com, d’un article sur une vidéo militante islamiste attaquant le Roi Mohammed VI. Le journaliste comparait devant un juge pour « assistance à des criminels ayant commis des actes de terrorisme », « fourniture de moyens pour la commission d’actes terroristes » et « apologie de crimes terroristes ». Des accusations portées en vertu de la loi antiterroriste de 2003. Des parlementaires marocains avaient dénoncé ce procès qui ternirait l’image du pays, selon eux. Ils demandaient qu’Ali Anouzla soit poursuivi dans le cadre du code de la presse.
Mais pour le ministre El Khalfi, cette affaire ne saurait, à elle seule, résumer la situation du journaliste au Maroc. Il ne comprend guère comment « certains pays, ayant vécu des guerres ou connu des saisies de journaux, ont eu un classement meilleur ». Le président du Snpm, Younès Moujahid, cite le Qatar (113ème) « pays où il n'existe pas une seule association ou un parti politique ». Pour lui, il s’agit d’un rapport « politisé, biaisé et simpliste », sinon l’Algérie (121ème) ne serait pas devant le Maroc. C’est aussi ce que pense Abdelmounaïm Dilami, même s’il reconnaît que le Maroc a encore un code qui prévoit de la prison pour les journalistes.
Mustapha El Khalfi souligne plutôt les progrès réalisés dans l'élaboration d'une loi garantissant le droit d'accès à l'information. Il note qu’en 2013, les plaintes contre les journalistes ont baissé de 40%, aucune peine privative de liberté n'a été enregistrée, en même temps que le montant des amendes a été modéré.
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