Agence Ecofin TikTok Agence Ecofin Youtube Agence WhatsApp

Maroc : Comment la monarchie tient la presse en respect

La vision d’un kiosque à journaux marocain est trompeuse. A contempler cette variété de quotidiens et de magazines, on serait tenté de penser que les médias marocains sont libres. Mais ce pluralisme formel cache un unanimisme éditorial sur les questions politiques les plus importantes, un trompe-l’œil digne d’un régime autoritaire. 

On appelle cela les lignes rouges. Selon la doxa du régime marocain et des élites qui le soutiennent, ces lignes rouges sont l’islam, l’intégrité territoriale et la monarchie. En réalité, l’une de ces lignes est plus rouge que les autres : la monarchie.

Lorsqu’on affirme que l’islam est une ligne rouge, ce qui est vraiment dit est que la version de l’islam voulue par la monarchie ne doit pas être critiquée. Lorsqu’on dit que l’intégrité territoriale du pays est sacrée, on veut dire que la gestion de la question du Sahara par la monarchie ne doit pas être remise en question.

En fait, il n’est pas permis de remettre en cause les prérogatives de la monarchie ou de critiquer sa façon de gouverner le pays. Pour trouver une certaine liberté de ton sur ces sujets sensibles, c’est sur Internet, dans les nouveaux médias online, qu’il faut chercher. Il n’en a pas toujours été ainsi. Les réseaux sociaux et la presse numérique sont des phénomènes nouveaux. Ils ont été précédés, entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, d’une période faste pour la presse dite traditionnelle, qui a connu l’éclosion de publications indépendantes.

L’évolution de l’indice de liberté de la presse publiée par l’organisation américaine
Freedom House est à cet égard édifiante. De 1994 à 2000, l’indice évolue positivement indiquant une libéralisation croissante des médias. Après une petite stagnation, l’indice se dégrade au point de passer en deçà de son niveau de 1994. En d’autres termes, sous Mohammed VI [roi du Maroc depuis juillet 1999], les gains enregistrés dans le domaine de la liberté de la presse lors des dernières années de règne de son père [Hassan II a régné de 1961 à 1999] ont été, au mieux, effacés.

 

 

Le boycott publicitaire massif
Comment le régime de Mohammed VI s’y est-il pris pour museler cette vague de médias indépendants ? En commençant par utiliser les bonnes vieilles méthodes. L’article 77 du code de la presse en vigueur jusqu’en 2003 permettait l’interdiction de journaux sur simple décision administrative du Premier ministre. C’est l’application de cet article 77 qui permettra les premières interdictions, survenues dès l’année 2000.

Sauf que cette méthode trop répressive faisait une mauvaise publicité à un régime soucieux de préserver une façade de libéralisme et de modernité. Viendront alors en cascade les procès en diffamation arbitrés par une justice notoirement contrôlée par le régime. Les condamnations à payer des dommages et intérêts astronomiques vont se multiplier. La tendance à l’autocensure est renforcée. Mais l’arme létale utilisée est le boycott publicitaire massif.

Le roi étant lui-même, à titre privé, l’homme d’affaires le plus important du pays, le boycott de ses seules entreprises constitue un manque à gagner substantiel. D’autant plus que, si le régime sait manier le bâton, il manie encore mieux la carotte. Les entreprises de presse qui jouent le jeu sont grassement payées en retour, d’une manne publicitaire qui n’obéit plus aux règles des marchés. On passe la pub chez les médias proches du régime, même si leur lectorat est inexistant, pour s’assurer les faveurs du régime.

L’avènement de la presse numérique indépendante est une réponse à ces contraintes économiques. Grâce à ses coûts de fonctionnement relativement modiques, elle peut survivre avec un minimum de revenus. Les poursuites entamées contre
Ali Anouzla [détenu depuis le 17 septembre dans les prisons marocaines], cofondateur du site d’informations Lakome [lancé en 2011], sont d’ailleurs une tentative du régime de mettre sous le boisseau ce journalisme indépendant naissant qu’il a chassé par la porte de la presse traditionnelle et qui lui revient par la fenêtre de la presse numérique.

 

 

Source :  Courrier International - Lakome, Aboubakr Jamaï

 

 
GESTION PUBLIQUE

Guinée : 167 millions $ du Fonds mondial pour booster la lutte contre le VIH, le paludisme et la tuberculose

Nigeria : les réformes du président Tinubu suscitent des perspectives positives (Fitch Ratings)

Sénégal : le FMI abaisse ses prévisions de croissance pour 2024, à 7,1%

Akinwumi Adesina : « Nous ne pouvons pas nous développer sur la base de la dette commerciale »

 
FINANCE

Bientôt des fiducies de placement immobilier et des fonds indiciels cotés à la Bourse de Casablanca

Nigeria : MTN réduit une part de sa dette en devises de 173 millions $

Beltone Holding lance une plateforme de crédit de 100 millions $ pour les exportateurs égyptiens

Nigeria : un bénéfice avant impôts historique pour Guaranty Trust au 1er trimestre 2024

 
AGRO

Engrais : recul global des prix mondiaux sur le premier trimestre 2024

Kenya : le sud-coréen Youngone projette un investissement de 40 millions $ dans l’industrie textile

Libéria : le Consortium des acteurs du caoutchouc dénonce l’interdiction d’exportation du produit brut

Le gouvernement sénégalais augmente la subvention aux intrants agricoles à 197 millions $ en 2024/2025

 
MINES

Côte d’Ivoire : le canadien Montage Gold réaffirme sa volonté de faire du projet Koné la plus grande mine d’or du pays

Sierra Leone : quelques clés pour comprendre le litige entre l’État et Sierra Rutile, un partenaire de longue date

Le Zimbabwe place sous administration judiciaire sa seule mine de nickel, en raison de difficultés financières

L’australien Walkabout Resources ne produit toujours pas de graphite en Afrique, malgré les récentes avancées

 
TELECOM

Le Dialogue national inclusif recommande la renationalisation de Moov Africa Gabon Telecom

Mozambique : le régulateur télécoms réduit les tarifs pour les services voix, data et SMS

Le Togo lance la portabilité des numéros mobiles

Nigeria : l’État de Kaduna met sous scellés des tours télécoms pour non-paiement de 4,1 millions $ de taxes

 
TRANSPORT

Ethiopian Airlines espère une croissance de trafic d'au moins 30% pour l'exercice en cours

Egypte : accord avec le français Alstom pour la construction de 2 usines à Alexandrie

Projet d’interconnexion ferroviaire SGR entre Kenya, Ouganda, Rwanda, Burundi, Soudan du Sud et RDC

Top 5 des infos marquantes de la semaine dans le secteur des transports en Afrique

 
ENTREPRENDRE

Le Triple-Double: NBA Africa Startup Accelerator appuiera les jeunes pousses africaines axées sur le sportif

Cameroun : l’État multiplie les accords avec les banques pour aider les PME à accéder aux financements

Avec Caytu Robotics, le Sénégalais Sidy Ndao permet de contrôler des robots multi-tâches à distance

La start-up malienne Kénèya Koura digitalise des processus de prise en charge sanitaire

 
ECHO

Commerce agricole entre l’Afrique et la Chine

Dépenses en importations de riz en Afrique (2022)

Afrique : les pays acceptant le plus de passeports africains sans visa (2023)

Le passeport du Cameroun en 2023

 
FORMATION

Afrique du Sud : plus de 500 000 étudiants insolvables dont plusieurs sans diplôme de fin d’études

L’INP-HB forme les migrants de retour en Côte d’Ivoire

Des bourses pour former des experts du plaidoyer communautaire en Afrique de l’Ouest

L’ESC Clermont Business School implante un campus au Maroc