Grand Renaissance, le méga-barrage éthiopien qui fait peur à l’Egypte

(Ecofin Hebdo)


LE PITCH

Depuis l’annonce de sa construction en 2011, le barrage éthiopien de Grand Renaissance n’a cessé d’envénimer les relations diplomatiques de la région.

Ce projet, qui booste les prévisions de croissance de l’Ethiopie, avec ses 6000 MW de capacité et ses potentiels 2 millions $ de revenus journaliers en exportation d’énergie, suscite l’inquiétude, et parfois la colère, des pays en aval du fleuve.

L’Egypte craint en effet que le remplissage des 60 milliards de mètres cube de retenue ne réduise durablement ses parts des eaux du Nil qui sont vitales pour son agriculture.

Mais même les menaces égyptiennes de bombardement de l’ouvrage se sont heurtées à la détermination éthiopienne.

Il avait été convenu entre les parties de désigner des cabinets d’études internationaux pour évaluer l’impact qu’aura le barrage sur le cours du fleuve. Mais ces études n’ont jamais pu aboutir, alors que le barrage est déjà presque achevé.

Le remplissage est prévu pour l’an prochain et la tension monte dans la région. L’Allemagne propose sa médiation. Pas sûr que cela suffise à concilier des intérêts aussi puissants que divergents.

Carte Nile River

 

Juillet 2012 

Wikileaks révèle la préparation d’une opération militaire contre le barrage

En juillet 2012, Wikileaks révèle que l’Egypte et le Soudan qui se partagent 90% des eaux du Nil, préparent des opérations militaires contre le barrage de Grande Renaissance afin de préserver leur part du fleuve.

Selon des informations datant du 26 mai 2010, une source diplomatique égyptienne aurait déclaré : « Le président Omar el-Beshir a donné son accord pour permettre aux Egyptiens de construire une petite base aérienne à Kusti afin de faciliter les opérations des commandos égyptiens au cas où ils auraient à aller détruire les infrastructures hydrauliques installées sur le Nil bleu ».

Omar el Beshir

Omar el-Beshir serait prêt à aider l’Egypte à intervenir militairement contre l’édification du barrage.

Cette information sera confirmée par une conversation entre le chef des services secrets Omar Suleiman qui affirmait au président Mubarack : « Le seul pays qui ne coopère pas est l’Ethiopie. Nous continuons à leur parler avec l’approche diplomatique. Oui, nous discutons d’une coopération militaire avec le Soudan. Si une crise advient, nous bombarderons le barrage et tout sera fini en un jour, aussi simple que cela. Nous pouvons également envoyer nos forces spéciales bloquer ou saboter le barrage ».

 

Mai 2013 

L’Ethiopie entame la déviation des eaux du Nil

En mai 2013, l’Ethiopie entreprend la déviation du Nil bleu en prévision de la construction du barrage de Grand renaissance. Le Nil bleu qui est l’un des principaux affluents du Nil a été dévié sur environ 500 mètres.

travaux Grand Ethiopian Renaissance Dam GERD

La déviation du Nil bleu.

« Pour construire le barrage, le lit naturel doit être asséché » affirme à ce propos Addis Tadele, le porte-parole de la compagnie éthiopienne d’électricité.

Le barrage de Grand renaissance d’une capacité de 6000 MW sera situé à 40 km de la frontière du Soudan. L’infrastructure s’étendra sur 1780 m avec une hauteur de 145 m et un réservoir d’une capacité de 63 milliards de mètres cube qui prendra des années à se remplir.

 

Juin 2013 

Les islamistes égyptiens menacent l’Ethiopie, jusqu’au bombardement en cas de poursuite du barrage

En juin 2013, les Frères musulmans au pouvoir en Egypte menacent d’aller en guerre contre l’Ethiopie en cas de poursuites des travaux de construction du barrage. Des menaces qui sont cautionnées par le président Mohammed Morsi qui déclare que son pays ne laisserait pas le cours du fleuve être menacé « même d’une goutte ». « Nous ne pouvons rien laisser passer qui puisse avoir un impact sur une goutte des eaux du Nil » affirme le dirigeant à la télévision égyptienne.

freres musulmans

En juin 2013, les Frères musulmans au pouvoir en Egypte menacent d’aller en guerre contre l’Ethiopie.

Quelques heures plus tard, les télévisions égyptiennes diffusent des images de dirigeants de la classe politique égyptienne envisageant des mesures hostiles contre le barrage. Les responsables ne savent en effet pas qu’ils sont filmés. Le recours aux forces rebelles éthiopiennes pour gêner l’avancement des travaux du barrage, la mise sur pieds d’opérations d’intoxications menées par les services secrets égyptiens et le bombardement de l’infrastructure sont quelques-unes des « solutions » proposées.

Cependant, certains des participants à la discussion relèvent le danger lié à l’intervention dans les affaires internes du pays.

Les pays en aval (l’Egypte et le Soudan) craignent que leur part des eaux du fleuve soit réduite par l’infrastructure et que cela nuise à leur productivité agricole.

Les autorités éthiopiennes assurent que le barrage n’aura pas d’impact sur le Nil mais de nombreux spécialistes ne partagent pas cet avis. En effet le remplissage du réservoir de 63 milliards de mètres cubes du barrage prendra, selon eux, plusieurs années au cours desquelles le débit du fleuve et son limon seront nécessairement réduits.

 

Juin 2013 

L’Ethiopie ne renonce pas au barrage malgré les menaces égyptiennes

« Nous allons continuer notre projet ». C’est ce que répond Getachew Reda, le porte-parole du premier ministre éthiopien face aux menaces égyptiennes sur la construction du barrage de 6000 MW qui déviera le Nil bleu sur environ 500 mètres. Une réaction soutenue par l’ensemble de la classe politique éthiopienne, dont l’un des responsables déclare que les travaux ne seront pas arrêtés, « même pour une seconde ».  

Le projet gagne également l’adhésion d’une grande partie de la population, en réaction à la menace égyptienne. « Nous sommes prêt à répondre à toute attaque armée de l’Egypte. Une menace de guerre n’est pas la manière la plus intelligente d’obtenir quelque chose de l’Ethiopie. L’Egypte devrait donc arrêter » déclare au Sudan Tribune, Mesfin Nega, un Ethiopien de 32 ans.

Gred bond

Tous les Ethiopiens sont invités à financer le projet en achetant des obligations.

Getachew Reda révèle que l’Ethiopie a invité Mohamed Morsi, le président égyptien, à discuter du barrage, mais que la question de l’arrêt des travaux ne sera pas à l’ordre du jour. « La construction du barrage ne dépend pas de la volonté de politiciens égyptiens », rappelle-t-il.

 

Février 2014 

L’Egypte demande la suspension des travaux, l’Ethiopie reste sourde

Les appels de l’Egypte à cesser les travaux de construction du barrage de Grand renaissance n’ont toujours pas trouvé d’écho favorable en Ethiopie. Une délégation menée par le ministre égyptien de l’irrigation de l’époque, Mohamed Abdel-Motteleb tente de convaincre son homologue éthiopien.

travaux 2 Grand Ethiopian Renaissance Dam GERD

En dépit des menaces égyptiennes, l’Ethiopie poursuit le chantier.

Le pays, qui ne s’écarte pas d’un pouce de son programme de construction du barrage financé sur fonds propres, convie par contre l’Egypte et le Soudan a collaborer avec lui à propos de l’exploitation de la ressource. Les autorités égyptiennes, très enthousiastes au sujet de cette proposition, en profitent pour suggérer que les travaux soient suspendus en attendant qu’une solution consensuelle soit trouvée. Une suggestion qui ne sera pas prise en compte.

 

Décembre 2014

L’Ethiopie lève 2,64 milliards de $ sur le marché financier national pour poursuivre la construction

« Le public et le gouvernement sont les seules sources de financement du GERD. En aucun cas, nous n’injecterons du financement étranger dans projet hydroélectrique phare » affirme Sufian Ahmed, le ministre éthiopien des Finances et du Développement économique.

Sufian Ahmed

Sufian Ahmed, ministre éthiopien des Finances et du Développement économique.

Cette annonce a été faite après l’émission sur le marché international d’obligations, avec pour objectif de mobiliser un financement compris entre 500 millions et 1 milliard de dollars pour construire plusieurs infrastructures, dont initialement le GERD. Ces obligations sont proposées à un taux situé entre 6 et 7% et une maturité de 10 ans. L’opération est conduite par banques JP Morgan et Deutsch Bank. Quelques semaines après le début des opérations, les souscriptions s’élèvent à 2,64 milliards $.

 

Janvier 2015 

L’Egypte exige que la capacité de stockage d’eau du GERD soit réduite

Le volume du réservoir de barrage de Grand renaissance qui est de 63 milliards de mètres cubes est jugé « injustifié et techniquement inacceptable » par  l’Egypte qui affirme que selon ses études, une telle capacité porterait atteinte à sa sécurité hydraulique. 

Elle appelle l’Ethiopie à réduire cette capacité avant que les négociations relatives à la construction du barrage ne soient entamées. « La ligne rouge de la part historique de l’Egypte sur le Nil ne peut pas être franchie » confie au Middle East New Agency, Alaa Yassin, un conseiller du ministre égyptien des ressources hydrauliques et de l’irrigation.

Le pays des Pharaons évoque des accords qu’il a signés en 1929 et 1959 avec le Soudan lui permettant d’utiliser 55,5 milliards de mètres cubes par an sur les 88 milliards de mètres cubes de débit du fleuve. Le Soudan obtenant quant à lui, l’utilisation des 18,5 milliards de mètres cubes restant. Ces traités sont contestés par l’Ethiopie qui n’y a pas participé et qui ne s’estime pas engagée.

 

Février 2015 

Les trois protagonistes s’entendent pour réaliser une étude d’impact sur le barrage

« L’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan se réuniront le 1er mars pour étudier les propositions faites des cabinets de consulting pour l’étude d’impact du barrage éthiopien Grand Renaissance sur le Nil » déclare Houssan el-Moughazi, le ministre égyptien de l’irrigation.

Un comité formé de 12 scientifiques délégués par les trois pays est chargé de désigner le ou les cabinets qui effectueront des études objectives afin de déterminer si oui ou non, la construction du barrage réduira la part du Nil de l’Egypte.

 

Mars 2015

L’Ethiopie, l’Egypte et le Soudan signent la « Charte du barrage de Grand renaissance »

Le lundi 23 mars 2015, les présidents de l’Egypte et du Soudan, et le Premier ministre éthiopien ratifient la Charte du barrage de Grand renaissance devant servir de cadre à des accords plus détaillés et plus précis relatifs au barrage.

3 chefs d'Etats

Abdel Fatah al-Sissi, Omar el-Beshir et Hailemariam Desalegn signent l’accord.

« Nous espérons faire du Nil un pilier de coopération entre les pays. Le barrage de Grand Renaissance représente un grand espoir pour le peuple éthiopien, mais il préoccupe les Egyptiens qui craignent la remise en cause de leur accès aux eaux du Nil. Nous espérons parvenir à un accord qui préservera l’intérêt des trois pays »  affirme Abdel Fatah al-Sissi, le président égyptien lors de la signature de l’accord, réitérant ainsi la détermination de son pays à faire respecter les termes de l’accord.

La signature de cet accord intervient quelques jours après que l’Egypte ait fait part de son désir de modifier les termes du futur accord. L’une des conditions sine qua none que pose le pays est la garantie de ses droits historiques sur le Nil. Le pays demande également la réduction des capacités de stockage du barrage.

 

Avril 2015

BRL et Deltares sont sélectionnés pour effectuer les études d’impact du barrage

En Avril 2015, l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan sélectionnent les cabinets d’étude français BRL et le néerlandais Deltares pour effectuer les études sur le potentiel impact de la construction du barrage de Grand Renaissance sur la part des eaux du Nil parvenant à l’Egypte.

brl

Le cabinet français BRL doit assurer 70% des études d’impact.

Les cabinets sont choisis par un comté de douze experts délégués par les trois pays. Ils disposent de 11 mois pour achever leurs études, prévues pour débuter en mai 2015.

 

Septembre 2015 

Le cabinet  néerlandais Deltares jette l’éponge

Le cabinet Deltares chargé de 30% des études d’impact annonce son retrait du projet parce que, le selon lui, les conditions posées par le comité tripartite ne permettent pas la réalisation d’une étude indépendante de bonne facture. « Deltares regrette d’avoir à quitter cette stimulante étude car ses connaissances, son expertise et son expérience dans la région, correspondent parfaitement  à ce projet complexe et économiquement très important » déplore le cabinet dans un mail.

deltares

Le cabinet Deltares se retire au projet.

Ce retrait du projet intervient après que l’entreprise ait accusé un premier retard sur la communication des résultats de l’étude qui aurait dû être faite en août 2015. Une seconde échéance fixée pour septembre 2015 n’a pas été plus respectée.

Ce retrait intervient quelques jours après que la partie égyptienne ait fait part de son inquiétude face à l’incapacité des deux cabinets à communiquer leurs résultats.

 

Novembre 2015 

L’Egypte pose trois conditions pour la construction du barrage de Grand Renaissance

A quelques jours d’une rencontre tripartite à propos de la rapidité de l’avancement des travaux du barrage, Hossam El-Moghazy, le ministre égyptien de l’irrigation exprime ses trois inquiétudes par rapport à la mise en place de l’infrastructure.

Hossam El Moghazy

Hossam El-Moghazy, ministre égyptien de l’irrigation.

« L’Egypte n’est contre le développement d’aucun pays, mais nous avons des préoccupations importantes » affirme-t-il avant d’expliquer que la première préoccupation est de s’assurer que les parts des eaux du Nil revenant à l’Egypte soient préservées. Le pays veut ensuite s’assurer que l’infrastructure ne servira pas une ambition politique régionale, mais se contenterait de produire de l’énergie comme prévu. Enfin, il veut que les différentes étapes de construction de l’infrastructure, respectent les accords précédents.

 

Décembre 2015 

L’Egypte se prépare à un éventuel échec des négociations

Suite à la 10ème rencontre entre les trois pays à propos du barrage, l’Egypte commence à envisager un échec de ces pourparlers qui s’allongent un peu trop à son goût. Plusieurs options sont évoquées le cas échéant. Dans un premier temps, le pays envisage d’annuler l’accord conclu avec l’Ethiopie et le Soudan qui réaffirme ses droits sur le fleuve, établit les règles d’exploitation de la ressource commune et prévoit le mode de règlement du litige relatif au barrage de Grand Renaissance. Ensuite, l’Egypte arrête les négociations et en réfère aux Nations unies pour le règlement du litige. En troisième option, le pays envisage de poursuivre l’Ethiopie devant la Cour internationale de justice, considérant la construction du barrage, sans son accord, comme un acte hostile.

 

Décembre 2015 

Artelia est choisi pour remplacer Deltares pour les études d’impact

Le 30 décembre 2015, les trois pays réunis dans une commission tripartite désignent le cabinet d’étude français Artelia pour remplacer Deltares dans la conduite des études de faisabilité.

Benoît Clocheret

Benoît Clocheret, DG d’Artelia.

Artelia rejoint ainsi son compatriote BRL qui avait été désigné pour effectuer 70% des études, et reprend ainsi les 30% alloués à Deltares.

 

Janvier 2016 

L’Ethiopie rejette la proposition de modification de la structure du barrage

Addis Abeba rejette au début de l’année 2016, une proposition de modification de la structure du barrage émise par l’Egypte qui demande que le nombre d’évacuations d’eau passe de 2 à 4, afin d’augmenter la quantité d’eau parvenant à l’aval du fleuve. « La décision de construire deux ouvertures est le fruit d’intenses études et nous n’avons pas besoin de modifier la structure de l’infrastructure » répond Bizuneh Tolcha, le directeur des relations publiques du ministère éthiopien de l’irrigation.

 

Février 2016 

La reprise des travaux de construction du GERD est annoncée

En mi-février, Motuma Mekasa, le ministre éthiopien de l’irrigation annonce la reprise des travaux de construction du barrage de Grand Renaissance et sa conduite à terme. Selon lui, il n’y a aucune raison pour que les travaux soient interrompus en attendant les conclusions des cabinets devant effectuer l’étude de faisabilité commandée par les trois pays.

Motuma Mekasa

Motuma Mekasa, ministre éthiopien de l’irrigation.

Accusée par l’Egypte de faire trainer exprès le lancement effectif des études, l’Ethiopie réplique que le problème est que les pays n’arrivent pas à s’entendre sur le déroulement de cette étude. En février 2016, la commission statue encore sur la détermination du coût de l’étude de faisabilité.

Le barrage était déjà construit à 50% avant la reprise des travaux.

 

Juin 2016 

L’Egypte appelle Israël à la rescousse pour la résolution de la situation

En juin 2016, le journal Al-Araby Al-Jadeed annonce que : « Al-Sissi (le président égyptien ndlr) a récemment sollicité l’aide de Netanyahu (Premier ministre israélien ndlr) pour la résolution du différend avec l’Ethiopie à propos du  barrage de Grand Renaissance. Cette décision a été motivée par l’intransigeance de l’Ethiopie et son refus face aux appels à la coordination de l’Egypte à propos de la construction du barrage et des stations de retenue d’eau. »

Netanyahu

Netanyahu sollicité par Al-Sissi pour faire pression sur l’Ethiopie.

Selon le media, l’Egypte aurait recours à cette solution à cause de la résistance de l’Ethiopie aux pressions exercées par les autres pays arabes tels que l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis.

Cette annonce suscite l’inquiétude des diplomates égyptiens qui craignent qu’Israël ne retourne la situation en sa faveur. « Israël peut jouer un rôle important dans la résolution de la crise, mais étant donné ses ambitions politiques et hydrauliques, il n’est pas dans l’intérêt de l’Egypte de l’avoir comme médiateur des négociations, puisque, au demeurant, il reste un ennemi stratégique du pays » avertit Mohamed Naresddin Allam, un ancien ministre des ressources hydrauliques et de l’irrigation.

 

Août 2016 

Déclarations contradictoires au sommet de l’Etat égyptien à propos du barrage

En août 2016, les différentes déclarations faites par les autorités égyptiennes à propos de l’impact du barrage sur l’approvisionnement en eau du pays sont pour le moins confuses.

Mohammed Abdel Aaty, le ministre égyptien des ressources hydrauliques et de l’irrigation affirme qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur l’impact du barrage, car toutes les infrastructures implantées sur le fleuve font l’objet de simulations. Le responsable continue en affirmant que le stress hydrique que subissait le pays était dû à l’augmentation de la population égyptienne, et par conséquent de sa consommation en eau. Par ailleurs, il affirme également que le pays a déjà dépassé la part des eaux du fleuve lui revenant. « Les Egyptiens consomment bien plus que leur part des eaux du Nil. L’Egypte consomme environ 80 milliards de mètres cubes par an, pour une part de 55 milliards de mètres cubes » assure-t-il.

Dans le même temps, Ahmed Abou Zaid, le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères affirme que le gouvernement signera un contrat avec un cabinet régional pour la réalisation d’une étude parallèle de l’impact du barrage sur les eaux du fleuve.

Ahmed Abou Zaid

Ahmed Abou Zaid, porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères.

Selon Nader Nour El-Din, spécialiste international des questions d’eau et d’économie agricole, cette étude régionale qui risque de communiquer ses résultats trop tard, eu égard à l’état d’avancement des travaux, n’a pas non plus compétence en matière de protestation. « Il s’agit d’un cabinet régional, pas d’un bureau avec une autorité internationale » objecte-t-il.

 

20 septembre 2016 

Signature des contrats d’étude d’impact du barrage sur le Nil

Le 20 septembre 2016, l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie, signent avec les cabinets d’étude Artelia et BRL, les contrats permettant à ces dernières de débuter les études d’impact de la construction du barrage de Grand Renaissance (GERD) sur la part des eaux du Nil revenant à l’Egypte. La signature de ce contrat intervient deux semaines après que l’Ethiopie l’eut reporté sine die pour des perturbations domestiques (les mouvements de protestation indépendantistes notamment).  Ce report est perçu par la partie égyptienne comme une tentative supplémentaire de retardement des travaux par l’Ethiopie.  De fait, à la signature du contrat, le barrage est achevé à 70%.

 

10 octobre 2016 

L’Ethiopie accuse l’Egypte d’ingérence dans ses affaires internes

Le 10 octobre 2016, les autorités éthiopiennes accusent « les ennemis extérieurs » du pays dont l’Egypte, d’être les instigateurs des plus graves violences que le pays a connues au cours des 25 dernières années. « Les troubles qui se sont intensifiés la semaine dernière en région Oromo sont fomentés par des ennemis extérieurs cherchant à déstabiliser le pays » a déclaré Getachew Reda, ministre de la Communication, lors d’une conférence de presse.

Getachew Reda

Getachew Reda, ministre éthiopien de la Communication.

Allant plus loin, il reproche à l’Egypte d’assurer le financement et l’entraînement militaire du Front de libération Ororm (OLF), un mouvement rebelle que le gouvernement considère comme un groupe terroriste. « Nous savons pour sûr que le groupe terroriste OLF a reçu toutes sortes de soutiens de la part de l’Egypte. Ses dirigeants étaient à Asmara en Erythrée, maintenant ils sont au Caire » a-t-il affirmé.

Selon le dirigeant, ses manœuvres menées par certains éléments de la classe politicienne égyptienne ont pour objet d’alimenter les troubles internes afin de préserver les « droits historiques » de l’Egypte sur le Nil.

 

30 octobre 2016 

Le Soudan désire se connecter au barrage avec une ligne de transmission de 3000 MW

Finalement, le Soudan ambitionne se connecter au réseau électrique éthiopien… Au barrage électrique de Grand Renaissance plus précisément, par le biais d’une ligne de transmission électrique d’une capacité de 3000 MW.

Mutaz Musa, le ministre soudanais de l’Electricité et des ressources hydrauliques a affirmé que les trois pays ont convenu de poursuivre les négociations sur le barrage. « Nous ne sommes pas concernés par ce que rapportent les medias sur le GERD » a-t-il tenu à préciser avant d’ajouter que la position de son pays sur le barrage était mue par un désir de préserver les intérêts de tous les pays du bassin du Nil.

Mutaz Musa

Mutaz Musa, ministre soudanais de l’Electricité et des ressources hydrauliques.

« La coopération avec l’Ethiopie est un modèle pour l’intégration régionale est-africain » a poursuivi Mutaz Musa. Le responsable a également révélé que son pays comptait faire passer ses importations d’électricité depuis l’Ethiopie de 200 MW à 300 MW afin de faire face à l’augmentation de la demande électrique qui intervient en été.

Il a également confié que déficit énergétique qu’encoure actuellement le pays est dû aux sanctions économiques prises à son encontre et l’empêchant d’importer de nouvelles unités de centrales électrique.

 

Décembre 2016

Le Caire craint un rapprochement de Riyad avec l’Ethiopie dans le dossier GERD

La visite du chantier du barrage de Grand Renaissance par Ahmed al-Khateeb, un conseiller sénior à la cour royale d’Arabie Saoudite a été vue d’un très mauvais œil par l’opinion publique égyptienne. Cette dernière craint en effet que le royaume n’utilise un éventuel soutien à l’Ethiopie comme moyen de pression contre l’Egypte.

decembre 2016 riyad

Visite de Ahmed al-Khateeb en Ethiopie

Les relations entre les deux pays sont en effet assez tendues depuis que l’Egypte a choisi d’appuyer la Syrie dans sa lutte contre les terroristes plutôt que l’Arabie Saoudite. Cette décision a été suivie par l’arrêt par le royaume de l’aide accordé à l’Egypte dans le domaine des hydrocarbures.

 

19 janvier 2017

Des activistes égyptiens préparent un recours en justice contre le traité sur le barrage

Des avocats et des activistes politiques égyptiens se préparent à faire un recours en justice contre le traité signé entre l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan sur le barrage de Grand Renaissance. Selon eux, cette décision ne prend pas en compte les intérêts du peuple égyptien qui se trouve ainsi exposé à des risques de stress hydrique.

Signé en mars 2015, cet accord international donnait en effet à l’Ethiopie le droit de construire le barrage si les études réalisées par des cabinets conjointement désignés prouvaient que ce dernier ne portait pas atteinte à l’usage des eaux du Nil par l’Egypte.

 

24 janvier 2017

Le Soudan du Sud réaffirme sa neutralité 

L’ambassadeur du Soudan du Sud en Ethiopie, James Pitia Morgan, a démenti les allégations de complot de son pays avec l’Egypte afin d’empêcher la construction du barrage de Grand Renaissance. « Malgré les tensions entre l’Ethiopie et l’Egypte, le Soudan du Sud tient à maintenir de bonnes relations avec les deux pays » a affirmé le représentant.

24 janvier 2017 soudan du sud

L’ambassadeur du Soudan du Sud en Ethiopie, James Pitia Morgan.

Certains medias soudanais et éthiopiens avaient en effet affirmé que les gouvernements égyptiens et sud-soudanais s’étaient alliés pour armer un groupe d’opposants éthiopiens dont le principal but était de bloquer la mise en place de l’infrastructure.

 

Février 2017

L’Ethiopie porte à 1 200 MW, l’augmentation de la capacité du barrage

L’Ethiopie augmente une fois de plus la capacité de la centrale hydroélectrique de grand Renaissance. Cet accroissement de 450 MW dû à l’amélioration des générateurs électriques porte à 6450 MW la capacité attendue du barrage contre des prévisions initiales de 5250 MW.

Debretsion Gebremichael

Debretsion Gebremichael, ministre de la Communication.

Le barrage est également à un taux d’exécution physique de 56%, selon les informations révélées par Debretsion Gebremichael, le ministre éthiopien de la communication et des technologies de l’information. Toujours d’après le responsable, des démarches devraient être bientôt entreprises pour le remplissage du réservoir de l’infrastructure.

 

Mars 2017 

L’Ethiopie déjoue une attaque contre le barrage

Les autorités éthiopiennes ont déjoué une tentative de sabotage de la centrale hydroélectrique, portée par la Benishangul-Gumuz People’s Liberation Movement (BPLM).

Benishangul Gumuz

Selon Zadig Abrha, le porte-parole du gouvernement qui révèle l’information, les forces de l’ordre éthiopiennes ont tué 13 des 20 assaillants et les 7 restants ont fui au Soudan où ils ont été rattrapés et ramenés en Ethiopie. Il a également accusé l’Erythrée de soutenir la BPLM. « Cette accusation est grotesque et propagée pour de sinistres raisons » répond à cette affirmation Yemane Gebremeskel, le ministre érythréen de l’information.

 

 

Août 2017

Le barrage n’aura pas d’impact sur l’Egypte selon Omar el-Bechir

Omar el-bechir, le président soudanais a affirmé que le barrage de Grand Renaissance n’aura pas d’impact sur l’Egypte. « La construction du barrage de Grand Renaissance sur le fleuve Nil, en Ethiopie n’aura pas d’impact sur l’approvisionnement en eau de l’Egypte, comme le craint la Caire. Nous sommes pleinement engagés à faire de sorte que la part égyptienne de l’eau du Nil ne soit pas affectée en raison de la construction du barrage.» a-t-il affirmé lors d’une rencontre avec le premier ministre éthiopien. Ce dernier a pour sa part sollicité que la question de l’impact du barrage sur l’approvisionnement en eau de l’Egypte ne soit pas politisée. « C’est un problème d’ordre technique et non politique. Si nous ne la politisons pas, nous arriverons à une solution gagnante-gagnante. » a affirmé le responsable éthiopien.

 

Septembre 2017

L’Europe interviendra dans la résolution du conflit du Nil

L’Europe interviendra, sur demande de l’Egypte, dans la résolution de la tension relative à la construction par l’Ethiopie d’un barrage de 6 000 MW sur le Nil. L’Allemagne s’est en effet portée volontaire pour mener une médiation, affirmant que le Nil est vital pour l’Egypte.

« L’Europe est préoccupée par la stabilité de la situation en Afrique. L’absence de confrontation ou de perturbations entre l’Egypte et l’Ethiopie est dans son intérêt. » a affirmé Mustafa al-Gundi, le chef de la commission parlementaire des affaires africaines à ce propos.

 

Aujourd’hui

Le remplissage du barrage de Grand Renaissance est prévu pour 2018

Le remplissage du réservoir du barrage de Grand renaissance d’une capacité de 55,5 milliards de mètres cubes débutera au cours de l’année 2018.

robinet

Une annonce qui renforce les craintes de l’Egypte, surtout après que Mohamed Abdel-Ati, le ministre éthiopien des ressources hydriques ait évoqué une éventuelle baisse de l’approvisionnement de l’Egypte au cours de l’année de remplissage. « L’impact de la construction du barrage éthiopien doit encore être évalué. Le débit d’entrée de l’eau a été maintenu. L’Egypte pourrait voir son débit d’eau provenant du fleuve être réduit, l’année prochaine » a reconnu finalement le responsable...

 

Chronologie réalisée par Gwladys Johnson
. Gwladys Johnson

 

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