(Agence Ecofin) - Le directeur général du groupe Ecobank, Thierry Tanoh, refuse d'obtempérer aux injonctions de la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme nigérian des marchés financiers, relatives à la réintégration la directrice exécutive Finance et Risque, Laurence do Rego, rapporte l’agence Reuters le 19 février. M. Tanoh a indiqué dans une lettre adressée à la SEC qu’une éventuelle réintégration de l’ex-dirigeante de la banque panafricaine constituerait un «acte criminel selon la loi en vigueur au Togo, pays où se trouve le siège central d’Ecobank» expliquant que Laurence do Rego «a été licenciée pour avoir menti sous serment sur ses qualifications professionnelles». Le directeur général Ecobank laisse ainsi entendre Mme do Rego a commis un délit de parjure (fausse déclaration écrite ou orale faite par une personne après avoir prêté serment dans le but d’induire en erreur, NDLR), qui est sanctionné par la loi togolaise.
Ce qui paraît aujourd’hui surprenant, c’est que la SEC ait annoncé, le 19 février, à l’agence Reuters, qu’elle a officiellement ordonné à la direction générale d’Ecobank de réintégrer Laurence do Rego, en attendant les résultats d’une enquête sur ses allégations relatives à des violations des règles de bonne gouvernance au sein du groupe bancaire panafricain, invoquant le principe de la protection des lanceurs d’alerte.Or, Reuters révèle que le gendarme nigérian des marchés financiers avait fait cette injonction dans une lettre adressée le 9 janvier dernier à la direction d’Ecobank. Le directeur général du groupe bancaire a, quant à lui, répondu à cette lettre cinq jours plus tard (voir notre dépêche du 13 janvier). Certains analystes s’interrogent donc sur les objectifs réels de l’intervention de la SEC, qui avait ouvert une enquête sur des accusations de manipulation des comptes portées par Laurence do Rego contre Thierry Tanoh, dans une crise de gouvernance interne au sein du groupe Ecobank. Ces interrogations sont d’autant plus lancinantes que la médiatisation récente, via l’agence Reuters, d’un ordre de réintégration de Mme do Rego datant du 9 janvier met naturellement la pression sur la direction d’Ecobank à moins de deux semaines d’une Assemblée générale extraordinaire qui doit se pencher sur l’amélioration de la gouvernance du groupe.
A noter dans ce cadre que le cabinet de recherche spécialisé dans les marchés frontières DaMina Advisors LLP a révélé, dans une note publiée le 17 février, que des désaccords persistent encore au sein du top management d’Ecobank sur la stratégie d’expansion de la banque. Alors que les fidèles de l’ancien directeur général Arnold Ekpe plaident un renforcement de la dimension panafricaine d’Ecobank, d’autres dirigeants, dont le directeur général adjoint Albert Essien, préfèrent mettre un frein à cette expansion africaine pour accroître le poids de la banque sur le très porteur marché nigérian. «Un nouveau directeur général pourrait choisir de céder les actifs non rentables en Afrique de l’Est et en Afrique australe pour se concentrer sur le marché nigérian», pronostiquent d’ailleurs les analystes de DaMina Advisors LLP... Ceci expliquerait-il cela ?
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Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.