(Agence Ecofin) - Au lendemain du départ de Laurence do Rego ancienne directrice exécutive Finance et Risque au sein d’ Ecobank Transnational Incorporated, la Securities and Exchanges Commission (SEC) a publié un rapport dans lequel elle invite le groupe à procéder à des ajustements sur son organisation, dans le cadre d’une Assemblée générale extraordinaire qui devrait se tenir avant fin février 2014.
La SEC a ainsi recommandé à ETI de désigner un nouveau président du Conseil qui devra être choisi au terme d’une sélection crédible. « Il devra également avoir l'expérience et les compétences nécessaires pour guider » le plan de redressement de la banque. Le président devra aussi « faire preuve d'intégrité, d'indépendance et ne devrait pas avoir le potentiel de conflit d'intérêts dans l'exercice de ce rôle », a indiqué le régulateur des activités financières au Nigéria. Dans ses recommandations, la SEC a aussi invité ETI à faire en sorte que le groupe ait des membres du conseil et une équipe dirigeante qui ont les compétences et l'expérience requises pour superviser et gérer ses affaires durant cette période de crise.
La commission nigériane est parvenue à ses recommandations à la suite des conclusions d’une enquête conduite à sa demande par la cabinet international d’audit KPGM, et qui font une présentation assez critique de la gestion du groupe bancaire présent dans 34 pays d’Afrique.
Selon ces conclusions, le groupe souffre de l’absence « d'une vision claire et d’une stratégie, d’une transparence insuffisante dans les procédures de recrutement et dans les mécanismes de désignation des membres du conseil et des dirigeants », ce qui selon elle « a favorisé les conflits d'intérêts ». Dans son rapport, la commission a pris le soin de préciser que ses investigations ont été ouvertes, non pas à la suite de documents reçus par une source interne à la banque, en l’occurrence Laurence do Rego, principale personne indexée, mais du fait de la parution dans de nombreux journaux internationaux traitant de la crise au sein du board d’ETI.
La crise au sein du board d’Ecobank, qui dure depuis plusieurs mois, a déjà emporté Kolapo Lawson, ex-président du conseil d’administration. Avec ce rapport, la SEC laisse entendre que le Camerounais André Siaka, qui assure l’intérim du poste, n’est pas de son goût. Toutefois, au Nigéria, marché qui représente 40% de ses activités, Ecobank est la cinquième banque du pays et sa dimension panafricaine fait dire à certains qu’elle est déjà « too big to fail », c’est-à-dire qu’on doit tout faire pour la protéger de toute crise dommageable. Une position que semble adopter la toute puissante ministre nigériane des Finances, Ngozi Okonjo-Iweala. « J'ai demandé à tout le monde de se ranger. Faisons une enquête indépendante et apportons les faits sur la table. Je suis intéressée par ce qui est bien pour la banque. Quelle que soit la vérité qui en sortira, nous allons la regarder en face », avait-elle déclaré, commentant cette affaire.
Pour qu’une AGE soit convoquée, il faudrait que 10% des actionnaires du groupe se prononcent en sa faveur. Sur ce tableau, on devrait retrouver la Public Investment Corporation sud-africaine (actionnaire majoritaire avec 20% des parts), le fonds de pension de l’Etat du Ghana et la Société financière Internationale, dont Thierry Tanoh, DG d’Ecobank, était encore récemment l’un des hauts responsables.
Ces nouveaux rebondissements ne semblent pas avoir entamé la confiance des investisseurs sur au moins deux des marchés où la banque est cotée. Au Nigéria, le titre ETI a terminé la journée du 9 sur une hausse de 0,35% et reste sur un « one year return » de 54,80%.
Sur la BRVM, le titre ETI s’est hissé à la plus forte hausse en gagnant 2%.
Idriss Linge
Source : http://www.sec.gov.ng/articles/ecobank-transnational-incorporated-(eti)-corporate-governance-audit-update.html et Agence Ecofin
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.