(Agence Ecofin) - Au lendemain de la publication par les médias financiers de la lettre signée par quatre de ses directeurs adjoints, demandant, sans une raison explicite, le départ de Thierry Tanoh (photo), plusieurs médias nigérians, qui suivent de près l’affaire, ont rapporté l’avis du directeur général du groupe panafricain Ecobank Transnational Incorporated (ETI) visé par ces attaques.
« Alors que nous nous préparons à notre Assemblée Générale Extraordinaire et que nous mettons en place de nouvelles directives en termes de gouvernance, il est désormais clair, que les changements qui pourraient en découler suscitent des incertitudes et des défis. Nous sommes également en train de revoir les rapports KPMG et Ernst & Young à propos des transactions effectuées dans le passé, et cela crée aussi quelques soucis chez des personnes qui auraient été concernées par certaines de ces transactions », a déclaré selon ces informations, M. Tanoh au cours d’une réunion tenue la semaine dernière.
Selon un commentaire publié dans le journal nigérian Daily Independant, il apparaît que la crise au sein du board d’Ecobank trouve son origine à la suite de la déclaration faite par son directeur général, en juin 2013, sur la gouvernance du groupe, surtout qu’aucun des rapports, ni de KPGM (commandé par le régulateur nigérian), ni celui de Ernst & Young (commandé par ETI), n’incrimine des actions posées durant sa présence à la tête du groupe depuis 2012. « Je ne vais certainement pas accepter de porter la responsabilité (de ces actions incriminées), et je prendrai toutes les mesures nécessaires pour m’assurer que rien ne soit caché et que ma réputation ne soit pas salie. Il n’y a aucun doute que lorsque le régulateur et les actionnaires auront reçu ma déclaration, il sera désormais plus facile de conclure qui doit partir ou rester », aurait encore fait savoir Thierry Tanoh.
Après la démission de son ex-président du Conseil d’administration Kolapo Lawson, elle aussi partie d’une demande d’un des actionnaires historiques du groupe, la lettre demandant la démission de Thierry Tanoh est l’ultime rebondissement d’une crise qui dure depuis le mois de juillet 2013.
Au sein du groupe les opinions qui filtrent peu hors du groupe, seraient fortement partagées entre ceux qui soutiennent encore l’ancienne équipe dirigée pendant une douzaine d’année par Arnold Ekpe, et ceux qui trouvent des points positifs dans les objectifs de Thierry Tanoh.
L’AGE extraordinaire, de l’avis de nombreux observateurs, sera l’occasion de voir clairement quelles sont les positions au sein de l’actionnariat. Un actionnariat où on retrouve la Public Investment Corporation, le fonds de pension des fonctionnaires sud-africain qui détient 20% du capital du groupe, mais aussi des partenaires de référence comme Nedbank, la quatrième banque d’Afrique du sud avec une option qui lui permet à tout moment de devenir actionnaire de référence, mais aussi la Société Financière Internationale (IFC) du groupe de la Banque mondiale, qui a une exposition de près de 500 millions $ auprès du groupe et dont Thierry Tanoh était encore récemment l’un des dirigeants majeurs.
Jusqu’ici, aucun des poids lourds au sein de l’actionnariat n’a fait de commentaires publics sur cette affaire. Mais nul doute que les affrontements seront vifs le 3 mars et la grande question reste celle de savoir qui survivra à cette crise majeure.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.