(Agence Ecofin) - La Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme nigérian des marchés financiers, a officiellement ordonné à la direction générale d’Ecobank de réintégrer la directrice exécutive Finance et Risque, Laurence do Rego, en attendant les résultats d’une enquête sur ses allégations relatives à des violations des règles de bonne gouvernance au sein du groupe bancaire panafricain.
Obi Adindu, un porte- parole de la SEC, a expliqué à l’agence Reuters, qui a rapporté l’information le 19 février, que l’ordre de réintégration de Laurence Do Rego est en ligne avec les règles du gendarme nigérian des marchés financiers. «Cela entre dans le cadre de la protection des lanceurs d’alerte. Do Rego n’aurait pas dû quitter la banque avant la publication des résultats de l'enquête de la SEC», a déclaré M. Adindu. Le lanceur d’alerte est toute personne au sein d’une entreprise ou d’une organisation qui diffuse de bonne foi des informations sur des mauvaises pratiques.
La SEC avait ouvert une enquête sur des accusations de manipulation des comptes portées par Laurence do Rego contre le directeur général d’Ecobank, Thierry Tanoh. Ces accusations avaient été rejetées par l’intéressé.Mme do Rego a été suspendue en août 2013 de ses fonctions de directrice exécutive Finance et Risque du groupe bancaire, dès les premières semaines de la crise de gouvernance que traverse la banque panafricaine. Son départ du groupe Ecobank avait été annoncé dans un communiqué laconique publié par l'institution le 8 janvier 2014.
L’ordre de réintégration de Mme do Rego met la pression sur la direction d’Ecobank à moins de deux semaines d’une Assemblée générale extraordinaire qui doit se pencher sur l’amélioration de la gouvernance du groupe bancaire présent dans 35 pays africains et coté à Lagos, à Accra et à Abdijan. Cela est d’autant plus vrai que 4 directeurs exécutifs de la banque ont demandé le 11 février dans un e-mail adressé au président du conseil d'administration du groupe, André Siaka, le départ de l’actuel directeur général Thierry Tanoh afin de résoudre la crise gouvernance.
Réagissant à cet e-mail, Thierry Tanoh a formulé des accusations à peine voilées contre ses détracteurs. «Les résultats des audits en cours sur des transactions passées suscitent de l'inquiétude chez des gens qui auraient pu être liés à ces transactions», a-t-il souligné dans un courriel adressé le 17 janvier aux 80 principaux dirigeants d’Ecobank.
Il est à rappeler que la SEC avait publié en janvier les conclusions d’une enquête conduite à sa demande par le cabinet international d’audit KPGM sur la gouvernance d’Ecobank. Il en ressort que le management du groupe bancaire souffrait d’une «absence de vision claire et d'une stratégie pour diriger l'institution». L’enquête a aussi pointé un «manque de transparence dans les procédures de recrutement des membres du conseil d'administration et du personnel, qui a favorisé l’apparition de conflits d'intérêts».
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »