(Agence Ecofin) - Le groupe bancaire Ecobank, qui traverse depuis juillet 2013 une crise de gouvernance riche en rebondissements, « risque de devenir une proie facile pour les fonds activistes et les grandes firmes de private equity cherchant à tirer profit de la forte croissance des économies africaines », a averti le cabinet de conseil DaMina Advisors LLP.
«Avec une valorisation en baisse et un ratio cours/bénéfice d’un peu plus de 4x, Ecobank pourrait être un investissement attrayant pour les fonds activistes actifs sur les marchés frontières (…). Les grandes entreprises de private equity qui cherchent à tirer profit de la forte croissance des économies africaines prévue durant les prochaines décennies pourraient également fondre sur Ecobank», souligne le cabinet spécialisé dans les marchés frontières dans une note de recherche publiée le 17 février. Et d’ajouter: «Avec une capitalisation boursière de moins de 2 milliards de dollars, une offre publique d'achat (OPA) hostile sur Ecobank n’est pas totalement exclue».
Les fonds activistes sont des fonds internationaux sophistiqués disposant de gros moyens financiers et humains qui prennent d’assaut des groupes à fort potentiel mais souffrant de défaillances en termes de gouvernance ou de stratégie afin d’améliorer leur valeur. Ces fonds qui opèrent avec des banques, avocats d’affaires et consultants capables de construire leurs thèses activistes et de fédérer d’autres actionnaires entrent dans le capital de l’entreprise cible soit en direct, soit par le biais d’instruments dérivés.
DaMina Advisors LLP estime par, ailleurs, que l’actuel directeur général d’Ecobank, Thierry Tanoh, dont le départ a été réclamé le 11 février par quatre administrateurs exécutifs du groupe bancaire panafricain, semble contraint à rendre le tablier. «Une tentative de Thierry Tanoh de pousser vers la sortie les administrateurs exécutifs mécontents se traduira par un long bras de fer. S’il décide de se cramponner à son poste, M. Tanoh, qui a déjà perdu le soutien de l’ensemble du comité de direction, sera déboulonné par les actionnaires lors de l’Assemblée générale extraordinaire. Il n’a désormais aucune option raisonnable à part une démission dans les plus brefs délais», précise le cabinet.
Selon DaMina Advisors LLP, le départ de Thierry Tanoh risque, cependant, d’aboutir à un changement majeur au niveau de la stratégie du groupe bancaire présent dans 35 pays africains. «Un nouveau directeur général pourrait choisir de céder les actifs non rentables en Afrique de l’Est et en Afrique australe pour se concentrer sur le marché nigérian», pronostiquent les analystes de DaMina Advisors LLP.
Le cabinet de recherche rappelle que des désaccords perdurent encore au sein du top management d’Ecobank sur la stratégie d’expansion de la banque. Alors que les fidèles de l’ancien directeur général Arnold Ekpe plaident pour un renforcement de la percée d’Ecobank en Afrique, d’autres dirigeants, dont le directeur général adjoint Albert Essien, préfèrent mettre un frein à cette offensive africaine pour accroitre la présence de la banque sur le très porteur marché nigérian. Au Nigeria, Ecobank n’occupe que le troisième rang.
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.