(Agence Ecofin) - Le président sortant du Burundi, Pierre Nkurunziza, a été réélu sans surprise dès le premier tour pour un troisième mandat consécutif jugé contraire à la Constitution par ses adversaires.
M. Nkurunziza a obtenu 69,41% des suffrages exprimés, selon les résultats proclamés le 24 juillet par le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
Lors de ce scrutin précédé de violences, l’opposition n'avait pas pu faire campagne et plusieurs candidats s'étaient désistés. L’opposant Agathon Rwasa, qui avait dit, avant même la tenue du scrutin, ne pas reconnaître la légitimité de l'élection sans pour autant retirer formellement sa candidature, est arrivé en deuxième position avec 18,99% des suffrages. Trois autres candidats proches de la mouvance présidentielle et trois opposants recueillent des scores compris entre 0,14 et 2,14%.
Le taux de participation annoncé par la Céni s’est élevé à 73,44%, alors qu'observateurs et journalistes avaient constaté une affluence relativement moyenne dans les bureaux de vote.
Selon les observateurs, le scrutin ne s’est pas déroulé dans la transparence. Ainsi, la mission d'observation de la Communauté est-africaine (EAC) a jugé vendredi que le scrutin n'avait pas répondu «aux normes d'une élection libre, équitable, pacifique, transparente et crédible», et dénoncé le climat «d'angoisse» et les «restrictions aux libertés». L'Union européenne (UE) avait, quant à elle, retiré sa mission d'observation.
La candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat a plongé le pays dans une crise émaillée de violences, qui ont fait plus de 80 morts et plus de 160 000 déplacés.
L’opposition estime que la candidature de M. Nkurunziza à la présidentielle du 26 juin est contraire à la Constitution et à l'accord d'Arusha de 2000 qui a ouvert la voie à la fin de la longue guerre civile burundaise (1993-2006). La Constitution, comme l'accord d'Arusha, limitent à deux le nombre de mandats présidentiels. Le camp présidentiel note, cependant, que le premier mandat du président Nkurunziza tombe sous le coup d'une disposition particulière de la Constitution et n'entre pas en ligne de compte dans la limitation des mandats présidentiels, vu que le Chef de l’Etat avait été alors élu par le Parlement et non au suffrage direct.
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