Ian Khama: une présidence exemplaire

(Ecofin Hebdo) - En quittant le pouvoir, le 31 mars 2018, Seretse Ian Khama n’a pas fait un jour de plus que son mandat à la tête du Botswana. Le fils du premier président botswanais a ainsi envoyé un message fort à toute la communauté internationale, confirmant le succès démocratique de son pays. Ce succès démocratique s’est traduit par une économie florissante, portée par les diamants.

 

Un pays modèle…

La performance économique du Botswana fluctue au gré de la situation plus ou moins bonne de l’industrie du diamant, du fait de sa dépendance à l’égard de cette matière première. En effet, le diamant contribue à plus de 40% au produit intérieur brut (PIB) et à près de 89% aux revenus d’exportations. L’agriculture, qui fournit moins de 3% du PIB, reste de subsistance dans les zones rurales, même si l’élevage permet aux pays d’exporter de la viande et des produits carnés.

 khama selfie

Un selfie avec un partisan.

…caractérisé par une bonne gouvernance,

Alors qu’il était jusqu’à très récemment le premier producteur mondial de diamants, le Botswana n’est plus aujourd’hui que le premier producteur en Afrique et le 4ème au monde. Si les ressources diamantifères sont énormes, le pays semble les maitriser, en témoigne son partenariat stratégique avec De Beers, la plus grande entreprise de diamants au monde.
« Si l'on regarde le partenariat entre le conglomérat De Beers et l'Etat botswanais, on se rend compte que le gouvernement reçoit 85% des revenus du diamant, et De Beers 15%. Cette relation entre le gouvernement et De Beers a été très bénéfique pour nous », déclare Charles Siwawa, président de la Chambre des mines du Botswana.

En 2013, l’Etat a créé une compagnie publique, l’Okavango Diamond Company, pour vendre uniquement des diamants produits au Botswana. Elle vend 15% de la production de Debswana, la coentreprise 50/50 entre De Beers et l’Etat botswanais.

« Si l'on regarde le partenariat entre le conglomérat De Beers et l'Etat botswanais, on se rend compte que le gouvernement reçoit 85% des revenus du diamant, et De Beers 15%. Cette relation entre le gouvernement et De Beers a été très bénéfique pour nous »

En dehors de cette maitrise, il faut également mettre en avant la bonne gestion du secteur et des Mines en général. Plusieurs classements internationaux classent le pays parmi les meilleurs en matière de bonne politique minière et de bon environnement minier. Selon le dernier sondage de Fraser Institute, paru en 2017, le secteur minier botswanais est le deuxième plus attractif en Afrique, et le 19ème au monde. Dans le même temps, dans un rapport de « Natural Resource Governance Institute » (NRGI), paru la même année, le pays a obtenu le meilleur indice de gouvernance des ressources minières en Afrique.

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Parmi les nations les moins corrompues de la planète en 2017.

Le Botswana arrive également au premier rang, en Afrique, dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International, depuis quelques années, et figure parmi les nations les moins corrompues de la planète en 2017 (34ème). S’il était au second rang sur 52 pays africains (derrière Maurice) dans l’indice Mo Ibrahim de la gouvernance en Afrique de 2013, le pays est passé à la troisième place en 2015 et a maintenu cette position en 2017 (derrière Maurice et les Seychelles). En 2018, le pays occupait le 81ème rang du classement Doing Business de la Banque mondiale.

 

Mais non exempt de problèmes sociaux

Malgré son statut de pays à revenu intermédiaire (PRI), le Botswana est confronté à de nombreux problèmes sociaux. Le pays fait face à des disparités notables sur le plan des niveaux de revenus (le coefficient de Gini demeure supérieur à 0,60). Le chômage reste présent, même si la tendance est à la baisse passant de 21,8% en 2008 à 18,1% en 2017. Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 19,3% à 16,3% de la population, entre 2009 et 2016. La nature à forte intensité de capital du secteur minier, pilier de l’économie, ne favorise pas un recul du sous-emploi. Ce secteur emploie moins de 5% de la main-d’œuvre.

Il faut cependant noter que les dépenses d'éducation demeurent parmi les plus fortes au monde en pourcentage du PIB (entre 8 et 10% du PIB).

Il faut cependant noter que les dépenses d'éducation demeurent parmi les plus fortes au monde en pourcentage du PIB (entre 8 et 10% du PIB). En ce qui concerne l’indice de développement humain (IDH), le Botswana est passé du 126ème rang (sur 179 pays en 2008) au 108ème rang mondial.

 

La méthode Khama

Mais plus que des chiffres, la présidence de Ian Khama, a d’abord été une méthode. Autoritaire ! diront ses détracteurs. Efficace ! rétorqueront ses admirateurs. A titre d’exemple, le président s’est mis en tête d’interdire la vente d’alcool. Face au rejet de sa proposition par le Parlement, le dirigeant augmente les taxes sur la boisson et réduit les horaires d’ouvertures des établissements de vente d’alcool.

 Ian Khama 2014

Ian Khama s’est franchement opposé à la longévité au pouvoir de Robert Mugabe

L’ex-militaire se sera distingué également par une implication plus grande de l’armée dans la vie quotidienne. Ainsi, on peut la voir s’impliquer dans des tâches d’ordinaire dévolues à la police. Si l’expulsion des Bochimans du désert du Kalahari est très mal vécue, elle ne masque pas pour autant l’attachement à la démocratie de celui qui s’est opposé frontalement à la longévité au pouvoir de son homologue Robert Mugabe.

Pour Maundeni Zibani, un analyste politique, qui s’est confié à RFI: « C’était un homme de discipline. Un homme qui a tenté de mettre un peu d’ordre dans les syndicats, dans les organisations représentant les jeunes. Il a certainement introduit une certaine discipline dans le monde du travail et parmi la jeunesse. Il a également tenté de raviver la culture du pays, c’est un homme passionné par la culture. Il s’est concentré sur la réduction de la pauvreté et l’amélioration du quotidien de la population, notamment en construisant des logements pour les plus pauvres. Il laisse une économie stable – bien qu’elle soit en effet très dépendante des cours du diamant. Il y a un peu de corruption ici et là, mais globalement les finances publiques sont stables. »

 

En résumé

Le bilan de Ian Khama à la tête du Botswana est positif, il laisse derrière lui une économie en bonne santé. Cependant, la quasi-dépendance de l’économie envers le diamant n’est pas vue d’un bon œil, ni dans le pays lui-même, ni à l’extérieur. Le défi est désormais de diversifier ses sources de revenus, et il pourrait se tourner vers les autres richesses minières que sont le nickel, le cuivre et le charbon.

 

Louis-Nino Kansoun, Espoir Olodo

 

 Après une longue période de forte croissance
Affichant un taux de croissance annuel moyen de 10% sur ces quatre dernières décennies, le pays qui a été longtemps premier producteur mondial de la pierre précieuse, tant en volume qu’en valeur, a vu la croissance de son PIB se contracter à 7,8% en 2009, du fait de la crise économique de 2008 qui a ralenti la demande en diamants.

Avec la reprise de l’industrie diamantifère, le taux de croissance est remonté à 8% en 2010 et 2011, mais s’est contracté à nouveau à 4,2% en 2012 et s'établissait à 5,9% en 2013.

En 2015, la situation économique se détériore (-0,3%), en raison de la baisse des exportations de diamants et à l’instabilité de l’approvisionnement en eau et en électricité. Elle se redressera à 2,9% en 2016, du fait du rebond du marché mondial du diamant. Selon le FMI, le pays devrait connaître une croissance de 4,8% en 2018 contre une estimation de 4,1% pour l’année 2017…

 

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