Comment le Maroc prend peu à peu le leadership de la révolution agricole africaine

(Ecofin Hebdo) - Jouant à la fois sur la corde diplomatique et économique, le Maroc s’est lancé, ces dernières années, dans une véritable offensive sur l’agriculture africaine. Ce rapprochement qui se veut être une forme de solidarité sud-sud et une collaboration gagnant-gagnant, a aussi pour objectif de faire du Royaume chérifien, un partenaire agricole majeur du continent.   

La stratégie marocaine en Afrique est fondée, en premier lieu, sur son dynamisme diplomatique. Le pays s’est en effet lancé dans une action diplomatique accrue à l’endroit des pays au sud du Sahara grâce à son souverain Mohammed VI. Pour le pays, il s’agit non seulement d’affirmer la volonté d’intégration panafricaine mais aussi de promouvoir et de renforcer la coopération agricole avec les pays africains. Les nombreuses tournées régionales effectuées par le roi marocain traduisent bien cette implication diplomatique active du Royaume.  

Pour le pays, il s’agit non seulement d’affirmer la volonté d’intégration panafricaine mais aussi de promouvoir et de renforcer la coopération agricole avec les pays africains.

En 2013, Mohamed VI s’est ainsi rendu au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Gabon ; en 2014 au Mali, en Guinée et en Côte d’Ivoire ; en 2015, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon, en Guinée Bissau ; en 2016, au Rwanda, en Tanzanie, en Ethiopie et, en 2017, au Ghana, en Guinée et en Côte d’Ivoire. Durant ces différentes visites, le souverain marocain s’entoure d’une importante délégation du secteur public mais également du secteur privé pour nouer plusieurs partenariats et accords.  

Dans son déploiement à l’étranger, le Maroc a mis à contribution plusieurs de ses atouts au plan national, notamment la stratégie de développement de son agriculture baptisée « Plan Maroc Vert » (PMV) qui fait figure de modèle.

 

Le Plan Maroc Vert, l’atout charme du Maroc 

Cette feuille de route lancée en 2008, vise à faire de l’agriculture, le fleuron de la croissance économique marocaine à l’horizon 2020, avec notamment une contribution de 100 milliards de dirhams (10,5 milliards $) au Produit intérieur brut (PIB). Afin d’atteindre cet objectif, ce plan repose sur deux principaux piliers. Le premier porte sur le développement d’une agriculture moderne à haute productivité et à forte valeur ajoutée, répondant aux exigences du marché grâce à des investissements privés. Le second pilier du PMV est le développement de l’agriculture solidaire orientée vers la lutte contre la pauvreté, à travers l’augmentation des revenus des exploitants agricoles les plus fragiles.   

Dans le sillage de ces deux grands axes, le PMV promeut un modèle d’agrégation au niveau des exploitants. Cette dernière consiste en une organisation des agriculteurs au sein d’organisations professionnelles ou autour d’acteurs privés et permet de résoudre les difficultés liées à une offre limitée du foncier en milieu rural. Elle permet ainsi, aux exploitations agrégées, de profiter de techniques modernes de production tout en ayant accès aux marchés intérieur et extérieur. 

Le Groupe Crédit agricole du Maroc (GCAM) représente l’instrument financier principal du PMV. Celui-ci vise à assurer un accompagnement financier des projets des deux piliers du PMV et de l’ensemble des acteurs de toutes les filières. Dans ce volet d’accompagnement, le GCAM a mis en place, en 2010, la Société de financement pour le développement agricole nommée « Tamwil El Fellah » (TEF). Celle-ci intervient auprès des petits exploitants agricoles marocains, n’ayant pas accès au financement bancaire traditionnel, en leur accordant des microcrédits.

 

Akhannouch

Aziz Akhannouch, ministre marocain de l’Agriculture, fait avancer le Plan maroc Vert au pas de charge

De par son caractère innovant, le PMV n’a pas manqué de séduire de nombreux pays africains comme le Sénégal. Ce pays a ainsi signé, au début du mois de novembre 2016, plusieurs accords de renforcement de partenariat dans le secteur agricole avec le Maroc. Cette entente vise à faire bénéficier au pays, de l’expertise du Maroc sur le plan du développement de la petite agriculture, dans le cadre du PMV. Sur le plan financier, le Sénégal se verra octroyer une enveloppe de 4 millions d’euros par 3 organismes du Maroc que sont la Fondation Mohammed VI pour le Développement Durable (1 million d’euros), le groupe Crédit agricole du Maroc (1,5 million d’euros) et le Groupe Banque Centrale Populaire (1,5 million d’euros). 

Outre le Sénégal, le Mali et la Guinée ont aussi exprimé leur intérêt pour le PMV. Les  présidents respectifs de ces deux pays, Ibrahim Boubacar Keïta et Alpha Condé ont eu à solliciter, en marge de la 7e édition des Assises de l’Agriculture qui se déroulait à Meknès (Maroc) en 2014, un soutien de Rabat pour développer leur agriculture.

Egalement intéressé, le Gabon a signé, le 15 juin 2013, avec le cabinet marocain Valliance Consulting ayant participé à la conception du PMV, un contrat de prestation pour établir le volet agricole de son Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE). Intitulée « Plan Gabon Vert », la feuille de route vise à tripler la contribution du secteur agricole au PIB pour la faire passer à 15 %, à l’horizon 2020.    

A côté de ces pays qui ont montré leur engouement pour le PMV, la Côte d’Ivoire a également renforcé ses liens avec le Royaume chérifien dans le secteur agricole, ces dernières années.

 

L’Office chérifien des Phosphates, acteur majeur de l’offensive agricole du Maroc

En dehors du PMV, l’Office chérifien des Phosphates joue un rôle déterminant dans l’offensive du Maroc sur l’agriculture africaine. Profitant des nouvelles ambitions du Royaume, le groupe, créé depuis 1920 et détenu à 95% par l’Etat marocain, mise sur ses capacités dans le domaine des engrais, pour renforcer sa présence au sud du Sahara. L’OCP possède en effet 73% des réserves totales mondiales de phosphate, d’après les estimations de l’Institut américain d’études géologiques.      

Cette taille importante des gisements fait du groupe, le plus grand producteur mondial de phosphate et de ses dérivés, avec près de 30% du marché mondial et le deuxième plus grand producteur d'engrais à base de phosphate.

Pour l’OCP, l’Afrique subsaharienne (ASS) représente une zone attractive pour plusieurs raisons. D’abord, sa proximité géographique avec l’ASS ainsi que ses infrastructures de transport lui offrent une plus grande facilité d’évacuation, comparativement à d’autres concurrents.

 

phosphate mine

L’OCP peut jouer un rôle central dans l’approvisionnement durable de l’Afrique subsaharienne en engrais phosphatés.

En outre, compte tenu de ces capacités, l’OCP peut jouer un rôle central dans l’approvisionnement durable de l’Afrique subsaharienne en engrais phosphatés, au regard du taux d’application d’intrants de cette région, considéré comme le plus faible au monde. 

Avec environ 10 kilogrammes à l’hectare (kg/ha) contre plus de 300 kg/ha en Asie de l’est, l’ASS ne consomme, qu’entre 1 et 3% de la production mondiale d’engrais. Elle représente également un importateur net d’engrais, en raison de la faiblesse de sa production, en dépit des gisements de phosphates disponibles, entre autres, au Togo, au Sénégal, en Tanzanie et en Tunisie.

 

Infrastructures

Sur le continent, l’OCP s’est surtout fait remarquer par ses nombreux projets de construction d’infrastructures de production d’engrais aussi bien aux plans régional que national.  

Globalement, ces initiatives s’inscrivent dans le cadre de son ambition de devenir le premier producteur mondial d'engrais en faisant passer sa capacité de production de 4,5 millions de tonnes par an en 2010 à 12 millions de tonnes par an, avant 2020.

S’agissant des projets régionaux, le groupe chérifien a inauguré, le 1er février 2016, l’African Fertilizer Complex (AFC), un complexe basé à Jorf Lasfar (110 km au sud-ouest de Casablanca) dont la production d’engrais est dédiée à l’Afrique subsaharienne.  L’infrastructure annoncée en février 2014 par Mostafa Terrab, PDG de l’OCP, a nécessité un investissement de 5,3 milliards de dirhams (plus de 600 millions $). Elle possède une capacité annuelle de production d’un million de tonnes d’engrais. En outre, elle est dotée d’une unité de fabrication de 1,4 million de tonnes d’acide sulfurique et d’une unité de production de 450 000 tonnes d’acide phosphorique. Le port en eaux profondes à vocation minéralière et énergétique de la région devrait faciliter l’acheminement des engrais vers les marchés africains. 

Autre projet d’envergure concrétisé en 2016, la création d’une filiale dédiée à l’Afrique, baptisée OCP Africa. Cette entité se chargera de piloter les activités du groupe sur le continent, qu’elles découlent de la production ou de la commercialisation. Elle travaillera, entre autres, à l’amélioration de la fertilité et de la productivité des sols africains, par le biais d’une fourniture en engrais adaptés aux besoins locaux et à la sécurisation de la production d’engrais compétitifs à proximité des grands bassins agricoles.

A l’échelle nationale, du côté est, le groupe a signé, en Ethiopie, le 19 novembre 2016, avec la Chemical Industries Corporation (CIC), en marge de la visite du roi Mohammed VI à Addis-Abeba, un accord de coopération pour le développement d’une plateforme intégrée de production d’engrais.

Baptisée Dire Dawa Fertilizer Complex, l’infrastructure sera destinée à la production d’ammoniaque, d’urée et d’engrais et sera alimentée en énergie grâce au gaz local éthiopien et au phosphate marocain.

Baptisée Dire Dawa Fertilizer Complex, l’infrastructure sera destinée à la production d’ammoniaque, d’urée et d’engrais et sera alimentée en énergie grâce au gaz local éthiopien et au phosphate marocain. Elle nécessitera un investissement de 2,4 milliards de dollars et sera dotée, à l’horizon 2022, d’une capacité de production de 2,5 millions de tonnes par an. Ce potentiel passera, dans un second temps, à 3,8 millions de tonnes par an à l’horizon 2025, à la faveur d’un investissement de 1,3 milliard de dollars. L’infrastructure est prévue pour permettre à l’Ethiopie qui importe annuellement environ 900 000 tonnes de fertilisants par an, d’atteindre une autosuffisance en engrais.  

Toujours dans cette région, l’OCP a paraphé le 20 octobre 2016, un accord d’entente avec Kigali dans le cadre de la construction d’une usine de mélange d’engrais (blending). Parallèlement à cette dimension, un accent particulier sera mis sur la distribution de ces engrais, notamment à travers le développement d'un hub et de centres d'entreposage secondaires.  

 

 MOHAMMED VI PAUL KAGAME

Mohammed VI et Paul Kagamé.

Du côté ouest, le 2 décembre 2016, l’OCP a signé avec le conglomérat nigérian Dangote Group, un accord portant sur la construction d’une plateforme de production d’engrais qui sera alimentée en énergie par le gaz nigérian et en phosphates par l’OCP. Le partenariat permettra aux deux géants, de mettre en commun leurs usines de production en construction, respectivement, à Jorf Lasfar au Maroc et à Lekki Free Zone au Nigéria, au sein d’une joint-venture dont l’actionnariat sera détenu par les deux associés. La nouvelle association qui résultera de cette fusion, construira par la suite, une usine d’engrais qui sera implantée au Nigéria, avec une capacité de production initiale de 1 million de tonnes d’engrais par an, dès 2018. 

En Afrique centrale, le 6 mars 2014, l’OCP et le Gabon ont signé un protocole d’accord, en marge de la visite du 5 au 8 mars, du roi Mohammed VI au Gabon. Cet accord qui a pour objectif global d’assurer la sécurité alimentaire du continent, prévoit la construction d'une usine dans chacun des deux pays pour produire des engrais, à partir du phosphate marocain et du gaz gabonais. Ces infrastructures, d’un coût global de 2,3 milliards $ seront dotées d’une capacité totale de production de 2 millions de tonnes d’engrais par an, à l’horizon 2018, qui seront écoulés sur le marché africain.  Le projet devrait générer plus de 5000 emplois directs et indirects dans les deux pays.   

 

Approvisionnement en engrais

Sur le plan de l’approvisionnement, le 24 octobre 2016, le groupe minier marocain a signé, à l’occasion de la visite du souverain chérifien en Tanzanie, un protocole d’entente avec la Tanzanian Fertilizer Company, qui lui permettra d’approvisionner le pays en engrais à des prix compétitifs.

En appui à cet approvisionnement, l’OCP accompagnera la Tanzanie dans la recherche et le développement d’engrais adaptés au cadre local, et contribuera à l’amélioration du réseau de distribution des fertilisants du pays.

En décembre 2016, le groupe s’est engagé à fournir environ 650 000 tonnes d’engrais à la Corporation éthiopienne des entreprises agricoles (EABC) pour un montant de près de 286 millions $.

En outre, en décembre 2016, le groupe s’est engagé à fournir environ 650 000 tonnes d’engrais à la Corporation éthiopienne des entreprises agricoles (EABC) pour un montant de près de 286 millions $.

Plus récemment, en février 2017, l’OCP s’est engagé à assurer la totalité de la demande en engrais phosphatés de la Guinée pour l’année 2017, évaluée à 100 000 tonnes, par le biais d’un accord signé avec le gouvernement guinéen.

D’une manière générale, il convient de souligner que le groupe a accru, ses dernières années, ses exportations d’engrais vers le continent. Le volume expédié vers les pays africains est ainsi passé de 648 000 tonnes en 2014, à 994 000 tonnes en 2015 et à 1,7 million de tonnes en 2016.     

 

Productivité agricole et soutien aux producteurs

Dans le cadre de son ambition de participer à la « Révolution verte » de l’Afrique, l’OCP s’est investi, ces dernières années, dans trois principales initiatives visant non seulement à accroître l’amélioration de la productivité agricole mais aussi à améliorer les revenus des producteurs. 

La première consiste en la recherche et au développement d’une gamme de fertilisants adaptés aux différents types de sols et aux cultures pratiquées sur le continent. L’approche a débouché sur la création d’un engrais spécifique baptisé Teractiv. Cet engrais phosphaté se décline en 4 versions dont trois adaptées au cacao, au coton et au maïs. Un volume de 10 000 tonnes d’engrais "Teractiv Cacao" a été acheminé, le 3 avril 2013, vers la Côte d’Ivoire. Cette livraison s’inscrit dans le cadre du Partenariat stratégique relatif au développement de la culture du cacao en Afrique de l’Ouest, initié par les Pays-Bas et signé, en novembre 2012, à l’occasion du 1er Forum mondial du cacao qui s’est tenu à Abidjan. En plus de la Côte d’Ivoire, Teractiv a été commercialisé au Ghana et au Bénin.    

La seconde initiative concerne la promotion de la fertilisation raisonnée des engrais, à travers des caravanes agricoles sur le continent, en s’appuyant sur la vulgarisation de bonnes pratiques agricoles et la sensibilisation des agriculteurs.

Cette démarche initiée en 2012 au Maroc, en partenariat avec le ministère de l’agriculture, s’est déployée dans plusieurs pays africains. C’est ainsi que le Sénégal a abrité, en 2013, la toute première étape de cette caravane, à l’occasion de l’organisation à Dakar du 4ème Argus FMB Africa Conference and Exhibition qui regroupe des professionnels africains de l’engrais depuis 2010.  

En mai 2014, l’OCP a coorganisé avec Toguna Agro-industries, un acteur majeur des engrais en Afrique de l’Ouest, la première caravane agricole au Mali. Elle s’est soldée par la formation et la sensibilisation de 1600 agriculteurs maliens.  

Un an plus tard, le groupe a lancé, en Guinée Conakry, sa première caravane dans le pays qui s’est réalisée en 8 étapes et a été sanctionnée par la formation et la sensibilisation de 300 à 400 agriculteurs par étape, à propos des cultures comme le maïs, le riz ou encore les cultures maraîchères.

Cette même année, l’OCP a soutenu, de concert avec le Conseil du Café-Cacao de la Côte d’Ivoire, la réalisation de la Caravane Cacao en octobre 2015. Celle-ci matérialise la réalisation du premier volet du protocole d’accord signé à Abidjan, en juin 2015, dans le cadre de la tournée royale. Elle a bénéficié à quelque 1200 producteurs issus de 13 régions productrices de la fève.

En outre, l’OCP a lancé en septembre 2017, une « Caravane de la Fertilité » à Madagascar. Ce projet comprend, en plus de la construction d’un laboratoire moderne d’analyse de la fertilité au Maroc, un volet sur l’expérimentation d’engrais adaptés aux caractéristiques des sols de la Grande Île.    

La dernière initiative concerne la construction et l’exploitation des cartes de fertilité. S’inscrivant dans le cadre du PMV, cette démarche a pour objectif d’accroître la connaissance des sols et de leurs besoins dans l’optique d’une utilisation raisonnée des engrais à partir de la mise en place de bases de données géographiques des sols.  Fort du succès de cette initiative dans le Royaume chérifien, l’OCP a reproduit le schéma dans plusieurs pays dont la Guinée. Dans ce dernier pays, en 2015, un premier projet pilote a été réalisé dans la région de Faranah et concerné 100 000 hectares de terres. Hormis ce pays, plusieurs autres Etats ont fait part de leur intérêt pour le projet comme le Mali, l’Ethiopie, le Burkina Faso, l’Ouganda, etc.     

Au-delà de ces initiatives, le groupe s’est également engagé en mai 2015, lors de la conférence « Clinton Global Initiative Afrique – Moyen-Orient », qui s’est tenue à Marrakech, à assurer pour les 3 prochaines années, l’accès de 100 000 agriculteurs dans 6 pays d’Afrique de l’Est et de l’Ouest à des engrais adaptés, abordables et de qualité ainsi qu’aux produits et  services connexes. Ce projet, d’un coût total de 5 millions de dollars, sera réalisé dans chaque pays ciblé, en partenariat avec des acteurs clés, afin d’accorder les prestations à l’évolution des contextes locaux.  

De même, à la faveur d’un accord signé en 2015, l’OCP fournira conjointement avec l’ONG One Acre Fund (OAF), 10 000 tonnes d’engrais par an à 200 000 agriculteurs africains répartis au Kenya, au Burundi, en Tanzanie et au Rwanda. 

En somme, l’action du Maroc dans le secteur agricole africain s’inscrit au carrefour de nombreux enjeux diplomatiques et économiques et se construit sur le long terme. Sur fond de recherche d’appui des Etats africains au sein des instances régionales, notamment l’Union africaine (UA), cet engagement rencontre jusqu’ici de réels succès. Si le Royaume devait poursuivre sa dynamique dans les prochaines années, il gagnerait grandement en influence dans le secteur agricole africain.

 

Dossier réalisé par Espoir Olodo

 

Lune de miel ivoiro-marocaine dans l’agriculture

Partenaires économiques de longue date, la Côte d’Ivoire et le Maroc partagent de nombreux points communs sur le plan agricole. Poids lourd de l’agriculture subsaharienne, la nation éburnéenne représente le leader mondial du cacao et de l’anacarde. Son secteur agricole représentait, en 2013, selon les données de la Banque Mondiale, 22,3% du PIB et employait en 2014, 46% de la population active. En matière de politique agricole, le pays a mis en place, sur la période 2012-2016, le Programme national d’investissement agricole (PNIA) centré sur les investissements dans le secteur agricole (production végétale, foresterie, pêche et élevage).  

Tout comme la Côte d’Ivoire, le dynamisme du secteur agricole marocain ne se dément pas. Avec une contribution d’environ 15 à 20% du PIB, le tissu agricole occupe près 40 % de la population active et représente 80 % des emplois ruraux du Royaume.

Maroc CotedIvoire

Mohammed VI et Daniel Kablan Duncan (2014)

Durant ces dernières années, la coopération agricole entre ces deux pays s’est consolidée, grâce à de nombreux accords et conventions.  Ainsi, en 2016, les deux parties ont signé plusieurs accords-cadres dans le domaine agricole, en marge de la 11e édition du SIAM qui se tenait du 26 avril au 1er mai à Meknès. Ces accords ont été signés, pour la partie marocaine, par l’Agence de développement agricole (ADA) et l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI). Du côté ivoirien, la signature a été apposée par l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER) et l’Agro-Pôle Afrique (APA). 

En 2015, dans le cadre du 3ème Salon Halieutis qui a eu lieu en février à Agadir (Maroc), la Côte d’Ivoire désignée comme invitée d’honneur a été représentée par son Ministre des Ressources Animales et Halieutiques, M. Kouassi Kouadio Adjoumani.

Moins de deux mois plus tard, c’est au tour du Maroc d’être mis à l’honneur, lors de la 3e édition du Salon de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan (SARA) qui se tenait du 3 au 12 avril. En marge de cet évènement, les deux parties ont signé, le 4 avril, une convention cadre portant sur la mise en place et le développement de l'assurance agricole en Côte d'Ivoire. Pour la réalisation de cet événement, la nation ivoirienne a pu bénéficier de l’assistance technique du Maroc, au regard de son expérience dans l’organisation du Salon International de l’Agriculture de Meknès (SIAM) depuis 2005.      

Autre exemple de coopération, l’ANADER envoyait au Maroc vers la fin du mois d’août 2014, une délégation au siège de l’Agence pour le développement agricole (ADA), afin de s’enquérir du contenu du PMV, notamment en matière d’agrégation agricole et du processus adopté par le Maroc dans la mise en œuvre de cet aspect dans le développement du secteur agricole. 

Le 1er juillet 2014, les deux pays ont signé à Rabat, un accord de coopération dans les domaines de la recherche agronomique, la mécanisation et la réhabilitation des pistes agricoles. Dans le cadre de cette entente, Abidjan abritera une plateforme logistique pour l’importation des produits agricoles d’origine marocaine dont, particulièrement, les fruits et légumes.

Toujours au cours de l’année 2014, le Forum économique maroco-ivoirien, du 24 au 25 février, s’est soldé par la signature à Abidjan, entre autres, de 26 accords de partenariat public-privé et d'investissement notamment dans le secteur de l’agriculture et de la pêche maritime. Parmi ceux-ci, figure la réalisation d’un débarcadère moderne dans le village de pêche de Locodjoro pour un investissement global de 18 millions de dirhams. S’étendant sur 2500 mètres carrés, ce projet vise à améliorer les conditions de vie des pêcheurs ainsi qu’à contribuer à l’organisation de la chaîne de commercialisation de poissons par le biais de la construction des espaces froids, de fumage, des magasins de stockage de poisson fumé et un espace de maintenance.

 

E.O.

 

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