Le Bénin et le Mali éliminent le trachome, le Cameroun fait face à la rougeole: le point santé hebdomadaire en Afrique

(Agence Ecofin) - L'actualité sanitaire de cette semaine : le Bénin et le Mali marquent une grande avancée sanitaire, avec l'élimination du trachome, une maladie oculaire infectieuse. Dans le même temps, le Mozambique, qui fait notamment face à une flambée de paludisme aggravée par le cyclone Freddu, bénéficie d'un soutien financier du Fonds mondial. Le CDC Afrique renforce également son engagement dans la vaccination, en signant un nouvel accord avec la Gavi, l’alliance mondiale pour les vaccins. Au Cameroun, une épidémie de rougeole appelle à une campagne de vaccination d'urgence. En RDC, les violences sexuelles sont en hausse dans la région du Nord-Kivu, selon Médecins sans frontières….

Le Bénin et le Mali éliminent le trachome

Le Bénin et le Mali ont officiellement éliminé le trachome en tant que problème de santé publique. C'est ce qu'a confirmé cette semaine l'OMS (Organisation mondiale de la santé). Ainsi, ces deux pays d'Afrique de l'Ouest deviennent les 5e et 6e de la région africaine de l'OMS à atteindre cette étape significative, après le Ghana, la Gambie, le Togo et le Malawi.

Pour ces avancées, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, a félicité les autorités sanitaires du Bénin et du Mali, ainsi que leurs partenaires locaux et internationaux.

.@WHO congratulates #Benin and #Mali for eliminating #trachoma as a public health problem. These huge successes bring us a step closer towards the elimination target! Efforts must continue as trachoma remains endemic in 23 countries in @WHOAFRO. https://t.co/KLG9n34Rd9

— Tedros Adhanom Ghebreyesus (@DrTedros) May 16, 2023

Le manager éthiopien a souligné que 23 pays de la région africaine de l'OMS restent encore touchés par le trachome, mais que ces avancées rapprochent davantage de l'objectif d'élimination fixé dans la feuille de route pour les maladies tropicales négligées de 2021 à 2030.

Pour rappel, le trachome est une maladie infectieuse de l'œil causée par la bactérie Chlamydia trachomatis. Le trachome est considéré comme un problème de santé publique dans une quarantaine de pays et provoque des cas de cécité ou de déficiences visuelles. À noter que la cécité due au trachome est irréversible. 

Mozambique : près de 1 million de dollars du Fonds mondial pour contrer la flambée de paludisme

Au Mozambique, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Global Fund) annonce qu'il va consacrer près d'un million de dollars américains en financement d'urgence pour contrer une flambée de paludisme, suite aux inondations et au cyclone Freddy (entre février et mi-mars 2023). « Ces fonds supplémentaires serviront à prévenir la transmission du paludisme. Il s'agit de réduire les risques que la maladie se propage dans des zones qui ne sont pas aussi gravement touchées. », a précisé Mark Edington, directeur de la Gestion des subventions du Fonds mondial. « La prévention des épidémies est critique. Pour garder le plan d'élimination du paludisme au Mozambique sur les rails, il faut à tout prix conserver le terrain gagné contre la maladie dans le sud du pays. » 

#Mozambique: Global Fund commits nearly $1mln in emergency funding to help avoid #malaria surgehttps://t.co/r87Evkka4e#Mocambique @GlobalFund pic.twitter.com/oy7h0fgUfz

— Club of Mozambique (@clubOmozambique) May 17, 2023

Dans le pays, le cyclone Freddy a déplacé plus de 184 000 personnes, qui ont cherché refuge dans des centres d'hébergement mis sur pied dans les districts touchés. Ce sinistre a également détruit plus de 132 000 habitations, laissant plus de 640 000 personnes sans abri, et endommagé 1017 écoles et plus de 5000 kilomètres de routes. « Le paludisme a fait plus de 22 000 victimes au Mozambique en 2021.», a déclaré Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial, dans le cadre de cette annonce. « Pour avoir observé des événements similaires dans le passé, nous savons que les inondations consécutives au cyclone ont occasionné une flambée de paludisme.»

Dans le pays, les investissements du Fonds mondial totalisent environ 744 millions de dollars pour la période 2021-2023. Des fonds consacrés à la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme.

Vaccins : le CDC Afrique signe un nouvel accord avec la Gavi

La Gavi, l'Alliance mondiale du Vaccin, souhaite renforcer son soutien à la vaccination sur le continent africain. Cette semaine, l'Union africaine (UA) et la Gavi ont ainsi conclu un Mémorandum d'Entente (MoU) à cet effet. L'accord, signé par la Commissaire de l'Union africaine pour la santé, les affaires humanitaires et le développement social, Minata Samate Cessouma, le directeur général du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC), Dr Jean Kaseya, et le directeur général de Gavi, Dr Seth Berkley, vise à accroître l'accès et à accélérer la vaccination dans les États membres de l'Union africaine en soutenant l'immunisation, en fournissant une assistance technique, en renforçant les systèmes de santé et en offrant une aide à l'apprentissage.

1/2 It’s a great honor to announce that today in Geneva, a MoU between @_AfricanUnion @AfricaCDC & @gavi has been signed with @AmbSamate & @GaviSeth to strengthen our collaboration in strengthening Immunization systems, access and utilization of life-saving vaccines in #Africa. pic.twitter.com/1Zg70VckZt

— Jean Kaseya (@JeanKaseya2) May 15, 2023

« Je me réjouis de la croissance du partenariat entre l'UA et Gavi, qui, j'en suis certain, accélérera la réduction du nombre d'enfants n'ayant reçu aucune dose de vaccin dans le monde d'ici 2030. », a déclaré Minata Samate Cessouma, commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement social.

Les objectifs de cette collaboration incluent notamment le renforcement de la vaccination de routine, en mettant l'accent sur les enfants qui n'ont jamais reçu de vaccin, le développement d'une fabrication régionale durable de vaccins en Afrique, la promotion de la demande de vaccins de routine grâce à une sensibilisation conjointe, le renforcement des systèmes de soins de santé primaires et l'amélioration de la capacité de diagnostic et de surveillance des maladies telles que la fièvre jaune, le choléra et la typhoïde.

Cette collaboration entre l'Union africaine et Gavi s'inscrit dans la continuité du Nouvel Ordre de Santé Publique (NPHO) lancé en septembre 2022 par la Commission de l'Union africaine et l'Africa CDC.

Rougeole au Cameroun : plus de 4600 cas enregistrés, une campagne de vaccination annoncée

Au Cameroun, une épidémie de rougeole sévit dans la moitié des districts sanitaires du pays (100 sur 200), avec plus de 4600 cas enregistrés et 18 décès. Le ministère de la Santé publique tire la sonnette d'alarme et attribue cette résurgence de la maladie virale à des couvertures vaccinales insuffisantes, amplifiées par l'hésitation vaccinale liée à la Covid-19.

Des cas de #rougeole sont signalés à travers le #Cameroun.
Maladie infantile, la maladie est la cause de nombreux décès chaque année.
Le seul moyen sûr et efficace de prévention, c'est le vaccin ?#HalteRougeole237 pic.twitter.com/APth4Xu2DF

— PEV CAMEROUN (@pevcameroun) May 5, 2023

Pour faire face à cette situation, une campagne nationale de vaccination contre la rougeole et la rubéole est prévue du 28 juin au 2 juillet 2023. Pendant cette période, les enfants âgés de 9 mois à 5 ans seront vaccinés dans les hôpitaux et dans tous les lieux de regroupement, y compris les localités d'accès difficile, les camps de réfugiés et les campements de nomades. Dans le même temps, face à la recrudescence des cas, le ministère de la Santé publique renforce la surveillance épidémiologique, active le système de gestion des incidents et mène des investigations approfondies.

Il est important de noter que la vaccination reste le seul moyen de prévention contre la rougeole, une maladie virale grave et très contagieuse qui se manifeste par des éruptions cutanées, des yeux larmoyants et de la fièvre. 

RDC : les violences sexuelles explosent dans les camps de déplacés du Nord-Kivu (MSF)

Dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), l'organisation humanitaire médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) a pris en charge 674 victimes de violences sexuelles au cours des deux dernières semaines d'avril dans les camps de personnes déplacées autour de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, selon un communiqué. « Cela fait une moyenne de 48 nouvelles victimes de violences sexuelles par jour prises en charge par nos équipes sur les sites de déplacés. », s'alarme Jason Rizzo, coordinateur d'urgences pour MSF au Nord-Kivu. « Depuis des mois, nos équipes soignent un nombre élevé de cas, mais cela n'avait jamais atteint l'ampleur catastrophique de ces dernières semaines. Près de 60% des victimes se présentent dans les 72 heures suivant leur agression, ce qui montre l'urgence médicale et humanitaire à laquelle nous sommes confrontés », ajoute-t-on. 

Ce mouvement humanitaire tire la sonnette d'alarme alors que les affrontements entre l'armée congolaise, le groupe armé M23 et d'autres groupes armés dans le Nord-Kivu ont contraint plus d'un million de personnes à fuir leur foyer depuis mars 2022. À ce jour, plus de 600 000 personnes se sont réfugiées dans des camps souvent surpeuplés et insalubres, en périphérie de Goma. 

Ethiopie : une épidémie de dengue dans la région d'Afar

Une épidémie de fièvre de la dengue a été signalée dans la région d'Afar, dans le nord-est de l'Éthiopie. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), plus de 1000 cas suspects de dengue à Mile et Adar ont été recensés jusqu'au 28 avril.

Cette situation survient alors que la région lutte déjà contre la propagation du paludisme en raison des inondations en cours et des eaux stagnantes, qui favorisent la reproduction des moustiques.

Le contexte est jugé préoccupant, en raison de la faible coordination et des systèmes de surveillance inadéquats, des mécanismes de réponse défaillants, des systèmes de santé fragiles, notamment en ce qui concerne la pénurie de médicaments, de fournitures médicales et de produits chimiques de pulvérisation, ainsi que le manque de personnel de santé (qui a lui-même été affecté par la dengue), et une logistique insuffisante.

La dengue est une infection virale transmise par la piqûre d'un moustique infecté. Elle se manifeste généralement par une fièvre élevée soudaine, des maux de tête intenses, des douleurs derrière les yeux, ainsi que des douleurs musculaires et articulaires. 

Ayi Renaud Dossavi 

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