(Agence Ecofin) - Quelques éléments de l'actualité sanitaire en Afrique cette semaine : le Nigeria devient le deuxième pays à adopter le vaccin anti-palu R21. Découverte d'un nouvel agent vecteur au Ghana. L'épidémie de Marburg continue en Guinée équatoriale. Le choléra touche plusieurs pays, notamment la RDC, le Cameroun et le Malawi… Au Kenya, on enquête sur des morts mystérieuses de jeunes lycéens.
Paludisme : le Nigeria approuve également le vaccin contre la Malaria R21 !
Le Nigeria vient d’approuver cette semaine le vaccin R21 contre la malaria, comme l’indique l'Agence Nationale de Contrôle de la Nourriture et des Médicaments (NAFDAC). Ce faisant, le pays le plus peuplé d’Afrique emboîte ainsi le pas au Ghana, qui avait approuvé l’usage du même vaccin une semaine auparavant. Issue des recherches d’équipes de l’université d’Oxford et manufacturé par le Serum Institute of India, le plus grand centre de production de vaccins au monde, le R21 est un vaccin protéique à adjuvant, présenté sous forme de solution stérile.
Cette validation marque un pas très important pour le vaccin sur la voie de son adoption à plus grande échelle. La vaccination des enfants à risque est une stratégie clé pour réduire la transmission de la maladie et prévenir les décès évitables. Le R21 affiche un taux d’efficacité entre 70 et 80 %, ce qui en ferait donc un excellent allié potentiel dans la lutte contre le paludisme sur le continent, notamment au Nigeria, qui compte 1/6 de la population africaine.
Selon le rapport mondial sur le paludisme de 2021, le Nigeria a enregistré le plus grand nombre de cas de paludisme (27 % des cas de paludisme dans le monde) et le plus grand nombre de décès (32 % des décès dus au paludisme dans le monde) en 2020. Le pays a enregistré une augmentation de 5,3 % du nombre de cas de 2017 à 2020. Plus largement, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a enregistré 247 millions de cas de paludisme en 2021, contre 245 millions en 2020. Le nombre estimé de décès dus au paludisme s'élevait à 619 000 en 2021, contre 625 000 en 2020.
Ghana : un nouvel agent vecteur signalé
Les autorités sanitaires du Ghana ont confirmé la présence de l'Anopheles stephensi, un nouveau moustique vecteur du paludisme. Cette découverte a été faite suite à des échantillons prélevés en mars 2023 à Tuba et Dansoman, dans la région du Grand Accra, dans le cadre du système de surveillance de routine du paludisme et du contrôle des vecteurs, effectué dans les sites sentinelles désignés à travers le pays.
L’inquietante invasion d’Anopheles stephensi progresse en Afrique de l’Ouest. Il est nécessaire que les pays de la sous-région mettent en place un réseau de surveillance et détection précoce pour faire face à cette potentielle menace. https://t.co/G6kUw79gDv
— Carlo Costantini (@costantini_ird) April 20, 2023
Le moustique, qui était traditionnellement confiné en Asie du Sud et dans certaines parties de la péninsule arabique jusqu'en 2011, s'est étendu depuis à d'autres régions du monde, notamment en Afrique, sur fond d'urbanisation croissante. L'Anopheles stephensi peut se reproduire particulièrement bien dans des contenants fabriqués par l'homme.
Cette découverte pourrait augmenter le risque de paludisme pour les populations urbaines qui étaient traditionnellement moins touchées. L'OMS avait déjà alerté sur l'invasion de l'Afrique par ce moustique, identifié notamment à Djibouti, en Éthiopie, au Soudan, au Sri Lanka, en Somalie, et plus récemment au Nigeria et au Yémen.
Marburg en Guinée équatoriale
En Guinée équatoriale, l’épidémie de la maladie à virus Marburg, une première dans le pays, continue de faire parler d'elle. Depuis la déclaration de l'épidémie le 13 février 2023, on compte en tout 16 cas confirmés en laboratoire, 23 cas probables et 11 décès signalés, portant le taux de létalité à 78,6%. De plus, tous les cas probables sont morts, portant le nombre total de décès à 34. Le district de Bata dans la province de Litoral est le plus touché, avec neuf cas signalés. Récemment, un nouveau cas a été signalé chez un travailleur de la santé de Bata qui était en observation en raison d'une exposition à un cas précédent. Des mesures d'isolement et des thérapies antivirales ont été mises en place pour ce cas.
L'épidémie a touché cinq districts dans quatre provinces, avec le district de Bata signalant le plus grand nombre de cas confirmés et de décès. Depuis le début de l'épidémie, environ 1322 contacts ont été recensés et suivis à un taux de suivi moyen d'environ 80-90%. Les autorités sanitaires et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) appellent tous les partenaires à rester vigilants, car il pourrait y avoir des chaînes de transmission non détectées dans le pays. Dans l'ensemble, la situation actuelle de l'épidémie de Marburg en Guinée équatoriale est “critique” et nécessite une mobilisation totale de la part du gouvernement et de la société pour endiguer cette épidémie.
Choléra en RDC : 563 cas et 23 décès dans la province du Haut-Katanga
En Afrique centrale, la province du Haut-Katanga en République démocratique du Congo (RDC) enregistre une épidémie de choléra qui a touché 563 personnes, dont 23 ont perdu la vie, selon le ministre provincial de la Santé, Joseph Nsambi Bulanda.
Les zones les plus touchées par le choléra, indique-t-on, sont le territoire de Kasenga avec 127 cas et six décès, suivi de Kashobwe avec 93 cas, dont deux décès. Dans la ville de Lubumbashi, c'est la municipalité de Katuba qui est la plus touchée par cette épidémie avec 71 cas, dont deux décès. Kisanga a signalé 45 cas, dont sept décès, tandis que le Kenya a enregistré sept cas, dont un décès.
Pour rappel, le choléra est une maladie diarrhéique aiguë causée par l'ingestion de nourriture ou d'eau contaminées par la bactérie Vibrio cholerae. Elle est souvent associée à des conditions de vie insalubres et peut se propager rapidement dans des communautés où l'accès à l'eau potable est limité. Notons qu'en parallèle, une épidémie de rougeole a été signalée dans la province de Kasai-Oriental, où plus de 700 cas, dont 13 décès, ont été enregistrés depuis janvier 2022.
Le choléra également au Malawi
Cette semaine, au moins deux autres pays du continent font parler d’eux en ce qui concerne des épidémies de choléra : le Malawi et le Cameroun.
Malawi : la pire épidémie de choléra de son histoire
Le Malawi connaît actuellement “la pire épidémie de choléra de son histoire”, avec une propagation dans tous les 29 districts de santé depuis le premier cas enregistré en mars 2022. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 23 districts ont signalé la maladie au cours des 14 derniers jours, tandis que six autres sont sous contrôle. Au total, le bilan des cas confirmés est de 57 786, avec 1736 décès, pour un taux de létalité de 3,0 %, toujours selon le dernier rapport de l'OMS. La capitale, Lilongwe, a enregistré le plus grand nombre de cas (12 639 cas et 558 décès), suivie de Blantyre (8 620/217) et de Mangochi (8 487/124).
En mars dernier, le cyclone tropical Freddy avait touché 15 districts du sud du pays, affectant ainsi plus de deux millions de personnes, dont plus de 600 000 ont été déplacées. Une situation marquée par des infrastructures d'eau et d'assainissement endommagées, rend les habitants des zones touchées vulnérables aux épidémies, en particulier les maladies d'origine hydrique, telles que le choléra.
Cameroun : le choléra à Yaoundé et ses environs
Le Cameroun fait en effet face à une recrudescence de choléra, notamment autour de Yaoundé. Selon une annonce du ministère de la Santé datée du 19 avril 2023, la région du Centre, dont le chef-lieu est Yaoundé, est particulièrement touchée. Au total, 88 cas et 5 décès ont été signalés, sans préciser les zones les plus affectées. Le ministère de la Santé a activé le dispositif de riposte dédié pour contrer l'épidémie. Des traitements gratuits et des kits pour rendre l'eau potable sont notamment mis à disposition pour endiguer la propagation du virus.
Dans le pays d’Afrique centrale, la situation présente d’autant plus un défi que Yaoundé connaît des problèmes d'approvisionnement en eau potable depuis un certain temps. On compte ainsi de nombreux foyers qui n'ont pas l'eau au robinet et doivent se déplacer vers des points d'eau partagés.
Santé : le choléra revient dans le Centre, 5 morts enregistrés en un mois https://t.co/ySml1RVkni pic.twitter.com/nV1G1M4p0Q
— StopBlaBlaCam (@StopBlaBlaCam) April 20, 2023
Selon l’OMS, la transmission du choléra est étroitement liée à un accès inapproprié à l'eau potable et à des installations d'assainissement. Outre avoir pris des mesures pour contenir l’épidémie, le ministère de la Santé a lancé une campagne de sensibilisation et a appelé à la responsabilité de tous dans le respect des mesures d'hygiène de base.
Cameroun : le Programme élargi de vaccination (PEV) affiche une couverture de 80%
Sur une note plus positive, toujours au Cameroun, le Programme élargi de vaccination (PEV) a présenté son bilan pour l'année 2022, annonçant que 768 647 enfants ont été vaccinés sur les 943 116 qui étaient ciblés, soit un taux de couverture de 80%, comme l'indique le média Stop BlablaCam. Les autorités sanitaires se sont réjouies de cette statistique, dans un contexte où le scepticisme envers les vaccins a connu une augmentation, en raison des polémiques autour du vaccin contre la covid-19.
Le pays vise désormais à atteindre des taux de couverture vaccinale infantile encore plus élevés, en raison de l'utilisation des enfants non vaccinés comme porte d'entrée pour la propagation des épidémies telles que la rougeole. En 2022, 42 261 enfants ont été vaccinés contre la rougeole et ont reçu des suppléments en vitamine A. Le PEV prévoit également d'augmenter le taux de couverture vaccinale chez les enfants de 0 à 23 mois et chez les adolescents pour limiter la progression des épidémies.
Le Gabon s’engage (encore) contre le mercure dans ses hôpitaux
Au Gabon, pays voisin, les autorités sanitaires ont réaffirmé cette semaine, leur engagement à bannir l'usage du mercure dans les structures médicales. En effet, malgré l'adoption de la Convention de Minamata, censée protéger la santé humaine et l'environnement contre les effets néfastes du mercure, une récente étude a révélé que le contact entre les populations et ce métal persiste dans certaines structures médicales. Ses résultats avaient été présentés lors d’une cérémonie de restitution le 18 avril dernier à Libreville, devant le ministère de tutelle. Selon le Dr Bakary Ozavino, rapporteur de cette étude, « cette enquête a permis de vérifier où l’on en est » s’agissant de l’usage du mercure par les professionnels de santé. La conclusion de celle-ci est plutôt alarmante : « Il y a encore des thermomètres à mercure qui sont utilisés dans notre système de santé ». Le ministère de la Santé et des Affaires sociales a réaffirmé son engagement à éradiquer son utilisation dans ses structures sanitaires, indique Gabon Review. Une campagne de sensibilisation devrait être lancée auprès des professionnels pour les encourager à abandonner l'utilisation de ce produit, classé par l'Organisation mondiale de la santé parmi les 10 produits chimiques qui posent un problème majeur de santé publique.
Kenya : morts mystérieuses de jeunes lycéens
Au Kenya, les autorités sanitaires ont ouvert depuis quelques jours une enquête sur la mort de trois élèves et d'un enseignant dans deux écoles secondaires dans la partie ouest du pays. Depuis le 1er mars, une maladie inconnue a touché en effet 627 personnes et a entraîné l'hospitalisation de 19 élèves dans un état stable. Selon le directeur général de la santé par intérim du ministère de la Santé, Patrick Amoth, les symptômes comprenaient : fièvre, douleurs abdominales, vomissements et diarrhée.
Dans la foulée, les écoles touchées ont été fermées pour enquête. Des échantillons d'eau, d'aliments et de tissus humains ont été prélevés et des analyses préliminaires ont révélé la présence de souches bactériennes, notamment d'Escherichia Coli et de Salmonella, qui sont généralement causées par une contamination des sources d'eau. Les autorités sanitaires effectuent des analyses supplémentaires pour déterminer la cause exacte de cette maladie et demandent aux Kenyans de signaler tout cas suspect.
Ayi Renaud Dossavi
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