La seconde vie des téléphones portables

(Ecofin Hebdo) - Au Cameroun les téléphones portables ont trouvé une seconde vie, pour le bien de tous et de la planète

 

Elecitoyenne

 

Le recyclage de téléphones portables au Cameroun : un secteur porteur

 

« Quand je suis encombré par les accessoires de téléphones portables, je les jette dans une poubelle. Mais la plupart du temps, je les rassemble et je les brûle pour m’en débarrasser et faire un peu d’espace dans mon atelier. » Ce réparateur de téléphones portables endommagés rencontré au lieu dit Ancien 3ème à Douala, capitale économique du Cameroun, n’a pas conscience des dangers qu’il fait peser sur la santé de son entourage et sur l’environnement.

Ce monsieur n’est d’ailleurs pas le seul à avoir recours à ces méthodes. Le lieu-dit Ancien 3ème à Douala et le lieu-dit Avenue Kennedy dans la ville de Yaoundé abritent des centaines de réparateurs de téléphones mobiles qui peuvent recevoir par jour de travail près de dix clients chacun. La quantité de déchets de mobiles déversés dans la nature ou consumés est énorme.

«Les téléphones portables sont faits de matières toxiques, notamment les batteries. Lorsqu’elles sont incinérées comme c’est le cas chez plusieurs réparateurs ou lorsqu’elles sont abandonnées dans la nature, notamment dans les eaux, ces batteries diffusent des substances toxiques comme le mercure, la bauxite. Ces substances sont très dangereuses pour la santé. En cas d’inhalation des fumées émanant de la carbonisation des batteries par exemple, vous pouvez avoir un cancer si vous êtes exposés longuement. Les femmes enceintes risquent également des grossesses à complications », explique Lucien Yopa.

Lucien Yopa est le point focal de la Fondation camerounaise de la terre vivante (Fctv). L’ONG a lancé depuis janvier 2016 un projet de collecte et recyclage de déchets de téléphones mobiles. Cette initiative redonne une deuxième vie aux téléphones portables.

 

Plus de 13 tonnes déjà collectées

 

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Les collecteurs de la Fctv de retour à l’atelier à Bonabéri. Photo : Mathias Mouendé Ngamo

Les six jeunes impliqués dans le projet se regroupent tous les matins à l’atelier à Bonabéri, un quartier périphérique de la ville de Douala. Au quotidien, les deux collecteurs, Issa et Roger, empruntent leur motocyclette et défient les embouteillages. Ils vont à la rencontre des réparateurs de téléphones portables endommagés. Ils ciblent en priorité les propriétaires d’ateliers avec lesquels ils ont fixé un rendez-vous pour la collecte.

Ils prospectent ensuite de nouveaux clients. A chaque arrêt, les formalités de politesse remplies, les deux collecteurs procèdent à un premier tri. Les cartes électroniques encore appelées cartes-mères sont rangées dans un sac. Les autres accessoires sont empilés dans un autre sac. Les déchets passent à la pesée et les quantités sont consignées dans un cahier de bord.

Les propriétaire des ateliers visités  reçoivent une prime contre les nombreux kilos de déchets donnés : pour un kilogramme de cartes-mères collecté, le réparateur reçoit 8 500 FCFA en compensation (environ 13 Euros). Pour les autres types d’accessoires collectés, un kilogramme de déchets est évalué à 250 FCFA (0,38 Euro).

Issa et Roger consignent près de 100 Kg de déchets mobiles à Douala par jour de collecte. D’autres déchets en provenance de Yaoundé sont livrés dans des camions sur place, à Bonabéri. D’après les statistiques de la Fctv, un peu plus de 13 tonnes de déchets mobiles avaient déjà été collectés en date du 31 janvier 2017.

 

Recyclage

 

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Photo : Mathias Mouende Ngamo

Une fois la journée de collecte achevée, les deux collecteurs retournent à l’atelier à Bonabéri. Les déchets de mobiles repassent à la pesée. Un agent de traçabilité relève les quantités dans un gros registre. Les sacs sont ensuite conduits à la table de tri, où Carine Motsa, l’agent en poste, répartit les différents types de déchets (batteries, chargeurs, écouteurs, cartes-mères, plastiques, ferrailles) dans les seaux mis à sa disposition. Chaque type de déchet est ensuite rangé dans un sac, pesé à nouveau, et stocké. Lorsque le tonnage requis est atteint, ces déchets sont expédiés en France pour la phase de recyclage. Le 21 février 2017, 12 tonnes de ces déchets ont quitté le pays pour la France.

En  France aussi, du plomb est extrait des câbles, et le mercure des écrans de mobiles. Ce mercure est réutilisé pour la fabrication d’autres écrans de téléphones portables. Les déchets qui n’ont pas passé le test de pré-traitement sont acheminés par Les Ateliers du Bocage vers l’entreprise Morphosis (une entreprise partenaire) pour un recyclage spécialisé, notamment la fabrication d’autres pièces en plastique comme les boutons de voiture. L‘or contenu dans les cartes-mères est également extrait et fondu. La ferraille est mise en bloc pour la revente.

Tout un processus qui génère de nouveaux emplois !

 

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