Les entreprises qui féminisent leurs staffs ont de meilleurs résultats financiers

(Ecofin Hebdo) - Selon plusieurs études et indices, les entreprises qui comptent des femmes à des postes importants, ont plus de chance d'accroître leurs performances financières. Cet article du Figaro en explique les raisons.  

 

LeFigaro

 

Comment les femmes dopent la rentabilité des entreprises

 

INFOGRAPHIES - Source de diversité et de créativité, la présence des femmes aux postes d'encadrement permet d'améliorer la performance financière des sociétés, assure une étude de l'Observatoire de la féminisation des entreprises. Décryptage.

 

Une entreprise qui fait de la place aux femmes a plus de chance d'accroître ses performances financières. C'est le constat que dresse Michel Ferrary, professeur de management des ressources humaines à HEC, à l'Université de Genève et chercheur-affilié à SKEMA Business School. Depuis 2008, ce dernier scrute l'évolution de la féminisation des 62 plus grandes sociétés privées françaises à travers son Observatoire de la féminisation des entreprises. Et il en arrive toujours à labmême conclusion: «Les entreprises ne peuvent être que gagnantes à favoriser la diversité», explique-t-il au Figaro.

 

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Source: Observatoire de la féminisation des entreprises

D'après ses observations, les entreprises qui dépassent la moyenne du nombre de femmes cadres (qui se situe à 30,34%) ont une rentabilité opérationnelle bien supérieure à celles qui s'éloignent de cette moyenne. C'est le cas par exemple d'Hermès ou de BNP Paribas qui disposent de plus de 45% de femmes cadres et sont donc plus performantes qu'ArcelorMittal ou Thales où le pourcentage de femmes cadres chute à moins de 20%.

Les performances du Femina Index sont encore plus révélatrices. Cet indice scrute les évolutions boursières de 15 entreprises dont le taux de féminisation de l'encadrement est supérieur à 35% (Kering, LVMH, Hermès, L'Oréal, BNP Paribas, Axa, Société Générale, Natixis, Publicis, Vivendi, Danone, Accor, Sanofi, Sodexo et Casino). Constat: à moyen comme à long terme, le Femina Index surperforme son indice de référence, le CAC 40. L'écart est flagrant sur 10 ans (2006-2016), avec un CAC qui recule de 4,43% et un Femina Index qui bondit de 60%! Hermès est montré en exemple avec 59% de femmes dans la population des cadres et un cours de bourse qui bondit de 338,09% entre 2006 et 2016.

EvolutionFeminaIndex

Comment s'expliquent ces résultats? «Lorsqu'il y a plus de femmes, cela signifie qu'on recrute de manière plus large. On a donc plus de chance de trouver des gens talentueux. Ce phénomène avait déjà été bien identifié dans les années 1950 par le prix Nobel d'économie Gary Becker», explique Michel Ferrary. «Il faut aussi se souvenir du fait que la moitié des consommateurs sont des consommatrices! Mettre des femmes à la conception des produits et à la vente permet d'accroître la créativité et d'augmenter les performances. L'exemple le plus flagrant est celui de l'automobile. Ce sont des femmes chefs de projet qui ont pensé à concevoir une voiture capable de rouler avec un pneu crevé sur 20 kilomètres… Enfin, la diversité donne une meilleure image auprès des actionnaires et des pouvoirs publics», résume le chercheur.

 

Il n'y a que 86 femmes parmi les 733 membres des comités de direction étudiés

L'Observatoire de la féminisation des entreprises

Même si les chiffres semblent prouver ces faits, certaines grandes entreprises ont encore du mal à franchir le pas de la féminisation. C'est notamment le cas des sociétés dites «masculines» (Airbus, Peugeot, Air Liquide, Technip…) dont le pourcentage d'effectif féminin chute sous la moyenne de 36,04%. «Dans ces secteurs, les entreprises recrutent des ingénieurs. Or, il y a très peu de femmes dans les écoles d'ingénieurs. Et même diplômées, ces dernières ne veulent pas y aller. Elles vont préférer L'Oréal à Alstom», explique Michel Ferrary. «L'un des principaux enjeux aujourd'hui est d'ailleurs de réformer le système éducatif pour attirer les filles vers ces filières», assure-t-il.

 

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Source: Observatoire de la féminisation des entreprises

Mais même après avoir recruté des femmes, les entreprises rechignent à les placer à des postes de direction. Il n'y a que 86 femmes parmi les 733 membres des comités de direction des entreprises étudiées par l'Observatoire, soit 11,73% des effectifs. Même les entreprises qui féminisent leur encadrement peinent à passer à l'étape supérieure. «Il y a un vrai blocage, déplore Michel Ferrary. Le chef d'entreprise va chercher à travailler avec des gens qui lui ressemblent. Un homme, avec les mêmes diplômes…», explique-t-il.

Seule solution selon lui: leur imposer des quotas, même si la démarche fait parfois polémique. «Après tout, le rôle de la loi est de faire évoluer la société», affirme le chercheur. Cette solution a déjà été choisie pour féminiser les conseils d'administrations des grands groupes du CAC 40. La loi Copé-Zimmermann de 2011 leur impose d'atteindre, d'ici à 2017, un taux de femmes de 40%. L'an dernier, en moyenne, la part des femmes au sein des conseils de ces entreprises atteignaient ainsi 34,1%.

 

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