Populations déplacées : une opportunité pour l’économie ?

 (Ecofin Hebdo) - Retrouvez dans ce reportage un point positif que peut apporter le déplacement de populations.

 

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Les populations déplacées, un atout pour l’économie

En RD Congo, la production d’huile de palme permet d’intégrer les populations déplacées qui, en retour, prennent un rôle majeur dans le développement de pôles économiques locaux.

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Après avoir marché pendant 4 jours, Amineta, son mari et leurs 6 enfants arrivent à Mambasa, dans la province d’Ituri, et sont recensés comme déplacés de guerre. Bénéficiaires d’une assistance du PNUD, ils se lancent dans l’exploitation manuelle d’huile de palme, acquièrent un terrain et s’installent. Le regard des voisins change positivement.

 

« Je ne retournerai plus à Pangoy. J’y ai côtoyé la mort. Ma vie et celle de ma famille s’écrit désormais à Mambasa, » confie Amineta, qui a fui son village au nord-est de la RD Congo après une attaque de rebelles.

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Amineta et son mari sont, grâce à leur travail acharné, socialement et économiquement
intégrés à Mambasa.

Leur micro-entreprise fonctionne bien mais ils ne disposent pas d’assez de noix de palme pour répondre à la forte demande d’huile. Aussi, lorsque le projet d’installer une presse à huile moderne dans la localité prend forme, Amineta et son mari sont parmi les premiers à s’engager.

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La cité de Mambasa a accueilli des milliers des déplacés ayant fui l’insécurité dans le
territoire.

Aujourd’hui, le couple travaille à temps plein à l’huilerie de Mambasa. Leurs revenus leurs permettent de faire face à toutes les dépenses du ménage. Ngongo assure l’entretien et le bon fonctionnement des machines. Amineta tient les comptes.

« Après deux mois de travail, le carnet de commande s’allonge chaque jour. Notre défi est maintenant de nous affirmer sur le marché local » explique Amineta.

 

Investissements en Ituri

En 2017, le PNUD a appuyé l’implantation de deux mini huileries modernes à Mambasa et à Komanda grâce à un financement japonais de près de 130 000 dollars qui a servi à l’acquisition des presses à huile, d’un concasseur et d’une unité de production d’huile de palme.

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Les presses permettent de produire l’huile de palme rouge, extraite à partir de la pulpe de noix de palme, ainsi que l’huile de palmiste, extraite des amandes de noix de palme.

 L’huilerie de Mambasa est capable de traiter en moyenne 15 tonnes de noix de palme par jour pour une production de 500 litres d’huile alimentaire de qualité.

Deux coopératives ont été créées et structurées pour gérer ces unités de production, regroupant principalement les déplacés de guerre et les personnes vulnérables. La coopérative de Mambasa comprend 90 membres ; celle de Komanda 60.

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L’huile produite par la coopérative est vendue sur le marché de Mambasa.

L’huilerie facilite les échanges, et surtout la socialisation entre les habitants de Mambasa et de ses environs. Ainsi les Pygmées peuvent-ils tirer des revenus en vendant des noix de palme et des amandes palmistes à l’huilerie. Les éleveurs des porcs achètent les tourteaux pour engraisser leurs bêtes, et les vendeuses d’huile de palme s’approvisionnent directement à la coopérative.

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Le tourteau de palmiste obtenu après le pressage des noix sert à engraisser les porcs.

L’activité est rentable car l’huile de palme rouge se conserve longtemps et est très appréciée sur le marché local. L’huilerie vend quotidiennement près de 80 litres, à 4 dollars le bidon de 5 litres. La presse d’huile palmiste quant a elle traite en moyenne une tonne de noix par jour et produit 240 litres d’huile destinée à l’usage industriel. Les fibres et la coque sont utilisées comme combustibles pour cuire les noix de palme, ce qui permet de recycler les déchets.

 

Au service de la communauté

La coopérative réalise des rentrées supplémentaires en vendant ses services aux propriétaires des palmeraies et à toutes autres personnes disposant de noix à concasser.

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Propriétaire d’une palmeraie, maman Alphonsine recourt aux services de l’huilerie pour
extraire son huile.

Maman Alphonsine, qui exploite une palmeraie à 6 km de Mambasa, apprécie la qualité de l’huile produite, meilleure selon elle, que l’huile extraite par les presses traditionnelles. Avec sa cargaison du jour, elle a récolté plus de 90 litres d’huile en moins d’une heure : « Le travail est mécanisé, donc gain de temps, » explique-t-elle.

L’huilerie de Mambasa a déjà permis la création de 15 emplois permanents, dont 8 sont occupés par des femmes. L’unité fonctionne six jours sur sept.

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L’huilerie de Mambasa traite en moyenne 15 tonnes de noix de palme par jour pour une
production de 500 litres d’huile.

Cependant, les coopérateurs sont en butte à une difficulté majeure : le manque de moyens de transport les empêchent de récolter les produits à traiter dans la région.

 

« Plus nous aurons de noix, davantage nous pourrons produire. Nous sollicitons auprès de l’administration locale et des chefs coutumiers la mise à disposition de 20 hectares pour y planter des palmiers améliorés et multiplier notre production par deux voire par trois. Nous demandons également une exonération fiscale temporaire, » partage Joseph Kashangabuye, dirigeant de la coopérative de Mambasa.

https://medium.com/@pnudfr/en-rdc-les-populations-déplacées-sont-un-atout-pour-léconomie-locale-d5a665064424

 

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