Coton : l’huile de graine, les tourteaux et les tiges peuvent rapporter 500 millions $ de plus par an à l’Afrique de l’Ouest

(Ecofin Hebdo) - L’une des principales cultures commerciales de nombreux pays africains, le coton, fournit des revenus à des millions de producteurs sur le continent. Si la fibre est le produit qui retient le plus l’attention, elle n’est cependant pas la seule partie de la plante qui a de la valeur. En effet, les sous-produits du coton disposent également d’un potentiel considérable pour ce qui est de l’accroissement de la valeur ajoutée produite par la filière cotonnière.

Les pays africains ont acquis sur le marché mondial du coton une solide position depuis des décennies. Le continent produit en moyenne, environ 2,5 millions de tonnes de cotons-graines par an, soit environ 6% de la récolte globale.

Avec des exportations en 2018 atteignant 1,5 million de tonnes de fibre pour 15,5 milliards $, le continent occupe la 4e place mondiale derrière les USA, l’Inde et l’Ouzbékistan.

D’un point de vue socio-économique, la culture se déploie sur 4,2 millions d’hectares et fournit des revenus pour près de 3,5 millions de ménages ruraux.

Avec des exportations en 2018 atteignant 1,5 million de tonnes de fibre pour 15,5 milliards $, le continent occupe la 4e place mondiale derrière les USA, l’Inde et l’Ouzbékistan.

A l’heure où la question de la transformation reste critique pour le continent qui expédie 90% de sa récolte, de nombreuses publications ont mis en lumière, ces dernières années, les opportunités liées à une meilleure valorisation des sous-produits du coton. Ceux-ci comprennent notamment la graine de coton issue du processus d’égrenage et la tige.

D’après la CNUCED, ces produits, souvent sous-estimés, voire ignorés, pourraient générer de nombreux dérivés commercialisables pouvant fournir des revenus supplémentaires aux pays africains et réduire la vulnérabilité des petites exploitations aux risques et incertitudes du marché.

 

Des atouts économiques et écologiques

Pour la CNUCED, les sous-produits du coton représentent un marché important pour les pays africains. D’après l’organisation, l’huile de coton provenant de la trituration de la graine peut devenir une véritable piste pour les économies africaines en quête de valeur ajoutée. A l’échelle mondiale, l’huile de coton contribue pour 5% de la production mondiale d’huile végétale. En faisant l’objet d’une véritable attention de la part des gouvernements, l’oléagineux pourrait apporter une réponse à la consommation galopante d’huile végétale, dont l’importance va encore s’accroître dans les années à venir, et générer des revenus supplémentaires à l’exportation.

1huile de coton luxe

La demande en huile végétale est croissante.

 

Actuellement, sur le continent africain, exception faite du Mali, qui transforme l’intégralité de ses graines, 25% du volume de graines est gaspillé. Ces pertes qui ont majoritairement lieu en Afrique de l’Ouest sont évaluées à 237 millions $ par an.

Actuellement, sur le continent africain, exception faite du Mali, qui transforme l’intégralité de ses graines, 25% du volume de graines est gaspillé. Ces pertes qui ont majoritairement lieu en Afrique de l’Ouest sont évaluées à 237 millions $ par an.

A côté de l’huile de coton, les tourteaux de coton provenant de l’extraction de l’huile peuvent également faire l’objet d’une valorisation. On estime que le tourteau de coton représente une source de protéines moins chère pouvant remplacer entièrement ou en partie les autres tourteaux d’oléagineux comme le soja, le colza, ou l’arachide.

2tourtaux de coton

Le tourteau de coton représente une source de protéines bon marché.

 

Si le produit est habituellement utilisé dans l’alimentation des ruminants comme les bovins, les ovins et les chèvres, la CNUCED indique qu’il pourrait également être incorporé dans la ration de certains non-ruminants comme le poisson et la volaille. Cette possibilité est réalisable si les technologies appropriées sont utilisées pour enlever le gossypol (pigment toxique jaune protégeant le coton contre les insectes) du tourteau de coton, ou réduire sa teneur en dessous des niveaux nocifs. Une telle démarche pourrait permettre aux pays d’Afrique de l’Ouest de générer une valeur de 78 millions $ par an à partir des tourteaux. 

Une telle démarche pourrait permettre aux pays d’Afrique de l’Ouest de générer une valeur de 78 millions $ par an à partir des tourteaux.

Un autre sous-produit important du coton est la tige. Souvent considérée comme un déchet agricole, la tige de coton compte pour environ 80 % de la masse totale du cotonnier. Selon les estimations du Comité consultatif international du coton (ICAC), environ 2 à 3 tonnes de tiges peuvent être récupérées par hectare dans les champs de coton. Cette partie de la plante peut servir de substrats pour les champignons comestibles ou être utilisée pour la fabrication de panneaux de particules. La tige peut aussi être transformée en des biocombustibles comme les briquettes et les granulés répondant aux priorités politiques, en matière de conservation des forêts et de réduction des émissions.

3Presse a briquettes

Le briquetage de tiges de coton, une transformation très rentable.

 

La CNUCED indique que les briquettes ont le potentiel de se substituer au charbon de bois dans de nombreux pays où la production de tiges est importante. D’après l’organisation, environ un million de tonnes de tiges de coton sont produites chaque année au Zimbabwe. En Tanzanie par exemple, environ 500 000 tonnes de tiges de coton sont produites par an, dont la grande partie est incinérée, alors que le pays consomme 1 million de tonnes de charbon de bois par an.

En Zambie où plus de 300 000 tonnes de tiges sont jetées chaque année, l’organisation souligne que les briquettes à base de tige de coton peuvent notamment concurrencer le charbon et permettre aux producteurs de gagner 25 $ pour chaque tonne de copeaux de tige livrée à des entrepreneurs. Pour leur part, les pays d’Afrique de l’Ouest pourraient générer près de 180 millions $ par an à partir de la transformation de la tige en briquettes et granulés.

Pour leur part, les pays d’Afrique de l’Ouest pourraient générer près de 180 millions $ par an à partir de la transformation de la tige en briquettes et granulés.

« Une usine de briquetage, d’une capacité journalière de 20 tonnes, nécessiterait un investissement en capital de 69 000 $ et générerait un profit de 35 000 $ par an », estime Kris Terauds, spécialiste des affaires économiques au niveau des Services de produits de base de la CNUCED.

 

Disposer d’une chaîne d’approvisionnement efficace pour nourrir les entreprises

Au regard des possibilités qu’offrent ces sous-produits au continent, il est important que les pays producteurs de coton prennent des mesures pouvant permettre aux entreprises de tirer profit du marché. D’après le spécialiste, le principal défi pour le développement d’une industrie employant des sous-produits du coton reste une chaine d’approvisionnement efficace, notamment organisée autour de déchiqueteuses mobiles. En effet, un solide réseau de fournisseurs en matières premières en amont permettra, selon M. Terauds, d’assurer la viabilité des petites et moyennes entreprises (PME) tentées par l’aventure.

« Une usine de briquetage, d’une capacité journalière de 20 tonnes, nécessiterait un investissement en capital de 69 000 $ et générerait un profit de 35 000 $ par an ».

Un approvisionnement durable peut passer par une collaboration avec les organisations de producteurs de coton, aussi bien à l’échelle locale que nationale, permettant de rassembler un volume suffisant de tiges dans un rayon économiquement viable autour d’un point d’achat.

Cela peut également déboucher sur des schémas de contractualisation sous la houlette des pouvoirs publics qui pourraient fournir un cadre réglementaire approprié, garantissant l’intérêt des parties prenantes ou facilitant leur collaboration.

D’après la CNUCED, certains pays africains ont déjà pris la mesure du potentiel des sous-produits du coton comme les tiges. « Quatre pays d’Afrique orientale et australe, la Tanzanie, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe ont identifié des briquettes et des granulés fabriqués à partir de tiges dans leurs plans agricoles nationaux pour le coton », indique M. Terauds.

Espoir Olodo

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