Réchauffement climatique : le continent devrait se réveiller et abandonner ses espoirs de dédommagement !

(Ecofin Hebdo) - La COP 24 s’est tenue à Katowice en Pologne en décembre dernier et a abouti à l’adoption du "Rulebook " qui détermine les mécanismes de mise en œuvre de la lutte contre le réchauffement climatique. Au grand bonheur des différentes parties, la délégation africaine notamment. « Ce qui a été fait à Katowice est extraordinaire. Nous n’avons pas eu d’accord au G7, celui obtenu au G20 était bancal. Mais en Pologne, en dépit du contexte géopolitique tendu, avec le retrait des Américains et des Brésiliens, nous y sommes parvenus. Ce que nous avons réalisé, tous ensemble, relève du miracle.» a affirmé satisfait, Séni Nafo, le Chef de la délégation africaine à la COP.

Si sur le papier, les objectifs assignés à cette conférence ont été atteints, dans la réalité, la lutte contre le changement climatique n’a pas beaucoup avancé, bien au contraire.

Si sur le papier, les objectifs assignés à cette conférence ont été atteints, dans la réalité, la lutte contre le changement climatique n’a pas beaucoup avancé, bien au contraire.

D’après les conclusions du rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) demandé par les Etats parties, une limitation du réchauffement à 1,5°C est encore possible, à condition que des changements inédits soient effectués dans tous les secteurs et qu’ils soient soutenus par une volonté politique commune très forte. Conditions loin d’être réunies, et c’est peu de le dire... En effet, lors de la COP, un bloc de pays pétroliers constitué par l’Arabie saoudite, le Koweït, la Russie et les Etats-Unis, a refusé d’intégrer les résultats de l’étude de leurs politiques. Les négociateurs, pour finir, se sont contentés de « saluer son achèvement dans les délais » sans plus s’avancer sur la prise en compte de ses recommandations.

Tout semble indiquer que les différents Etats, les plus pollueurs surtout, avanceront au pas, aussi lentement qu’ils pourront afin de toucher le moins possible aux mécanismes économiques actuellement en vigueur.

Tout semble indiquer que les différents Etats, les plus pollueurs surtout, avanceront au pas, aussi lentement qu’ils pourront afin de toucher le moins possible aux mécanismes économiques actuellement en vigueur.

Un augure inquiétant d’autant plus que les pays les plus exposés au réchauffement climatique en ressentent déjà les effets, tels que les vagues de chaleurs et de sécheresse, l’érosion côtière et d’autres phénomènes inhabituels. Des conséquences aux impacts aussi bien économiques que sociaux sur le continent qui dépend grandement de son secteur primaire. Ces phénomènes pourraient amputer le PIB du continent africain de 10 à 25% d’ici à 2100 si rien de significatif n’est fait, selon la Banque mondiale.

« Si vous prenez l’exemple du lac Tchad, voilà un exemple concret. Il est passé de 25 000 km2 dans les années 60 à 2500 km2 aujourd’hui. Est-ce qu’on doit faire beaucoup de discours pour faire quelque chose pour le lac Tchad ? Il faut rapidement qu’il y ait cette mobilisation d’argent si on veut vraiment aider les pays qui sont réellement exposés aux questions du changement climatique, à s’adapter.» affirmait à ce propos, Honoré Tabuna, le représentant de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale.

Cependant, faut-il souligner, l’obtention du financement n’est pas le seul point de blocage à la mise en place par le continent de mesures d’adaptation et de résilience aux effets du changement climatique. En effet, pour que les pays de la région accédent au financements verts, il leur faut d’abord disposer des compétences pour élaborer des projets éligibles à ces fonds. Ce qu’ils n’ont pas, ou très peu.

Pour que les pays de la région accédent au financements verts, il leur faut d’abord disposer des compétences pour élaborer des projets éligibles à ces fonds. Ce qu’ils n’ont pas, ou très peu.

Il est donc important pour le continent d’élaborer ses propres stratégies de mobilisation de ressources pour tirer un meilleur parti des opportunités internationales et internes comme le souligne M. Nafo. Il faudra surtout développer des politiques nationales et régionales d’adaptation aux différents effets du changement climatique et en faire des priorités majeures. Car c’est bien de cela qu’il s’agit pour le continent africain qui n’émet que 4% des gaz à effet de serre dans le monde.

Une autre mauvaise nouvelle est que seul 20% des promesses de financement vont au profit de l’adaptation. Récemment, la Banque mondiale s’est engagée à allouer 50 milliards $ à ce volet entre 2021 et 2025, doublant ainsi son allocation à ce mécanisme, mais il faudrait que cette tendance soit suivie par l’ensemble des bailleurs.

A moins de prioriser ces actions d’adaptation, les pays africains verront leur territoire se réduire du fait de l’avancée de la mer et du désert. Leurs populations se déplaceront massivement (près de 70 millions de déplacés prévus dans la région d’ici à 2050) avec à la clé une dégradation importante de la qualité de vie.

Il est plus que jamais temps pour le continent, de prendre pour une fois les rênes, non plus de son développement, mais de sa survie, et de commencer à faire de son mieux, par ses propres moyens, sans cette fois attendre des aides extérieures.

Premier exposé face au changement climatique, il est plus que jamais temps pour le continent, de prendre pour une fois les rênes, non plus de son développement, mais de sa survie, et de commencer à faire de son mieux, par ses propres moyens, sans cette fois attendre des aides extérieures.

En effet, lors de la soumission de leurs ambitions climatiques, les pays africains subordonnaient leurs ambitions à l’aide extérieure, car s’estimant incapables de financer entièrement les mesures devant leur permettre d’assurer leur pérennité. Le continent devrait se réveiller et abandonner ses espoirs de dédommagement, même s’il est effectivement le moins pollueur et le plus exposé.

Non seulement, il n’obtiendra probablement aucun dédommagement, mais s’il ne se mobilise pas rapidement pour se définir lui-même une ambition globale plus avancée, son paysage, aussi bien géographique que politique et humain, ne sera plus le même lorsque les autres pays du monde, enfin contraints, se décideront à agir. Il ne sera peut-être pas trop tard pour eux, mais pour nous, les dommages seront irrémédiables.

Gwladys Johnson Akinocho

Gwladys Johnson

 

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