« Seule une Alliance des compagnies aériennes africaines pourrait gagner des parts de marché sur les transporteurs internationaux.»

(Ecofin Hebdo) - L’Association des compagnies aériennes africaines, AFRAA, depuis sa création en 1968, travaille à la promotion de services de transport aérien sûrs, fiables, économiques et efficients en Afrique. Avec ses quelques 40 membres, elle représente aujourd’hui plus de 85% du trafic international transporté sur le continent. Dans un contexte marqué par les projections de croissance intéressantes et l’expansion rapide de la classe moyenne, l’Association estime que l’Afrique est devenue une nouvelle terre promise pour le développement du transport aérien.

L’industrie aéronautique en Afrique supporte à ce jour une activité économique de 55,8 milliards de dollars et 6,8 millions d’emplois. Au cours des 20 prochaines années, le secteur devrait connaître une croissance annuelle de près de 6%. Mais pour tirer profit de toutes ces statistiques très reluisantes, l'AFRAA estime que seule une Alliance des compagnies aériennes africaines serait en mesure de prendre des parts de marché aux transporteurs internationaux qui dominent actuellement le ciel africain. Voici son plaidoyer.

 

Il est de notoriété publique qu’il revient moins cher de voyager au sein de l’Europe, du Moyen-Orient, ou même entre les villes d’Amérique du Nord que de voyager au sein du continent africain. Pour les mêmes distances, les billets d’avion coûtent deux fois plus chers en Afrique qu’en Europe ou qu’aux USA et trois fois plus chers qu’en Inde.

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Les billets d’avion coûtent deux fois plus chers en Afrique qu’en Europe ou qu’aux USA.

 

Par conséquent, du PIB réalisé par habitant, un citoyen africain de classe moyenne ne peut voyager que 1,1 fois par an tandis que son homologue d’autres continents peut voyager 5,4 fois par an (Amérique latine), 6 fois par an (Asie pacifique), 11 fois par an (Moyen-Orient), 26,4 fois par an (Europe) et 33 fois par an (Amérique du Nord).

Un citoyen africain de classe moyenne ne peut voyager que 1,1 fois par an tandis que son homologue d’autres continents peut voyager 5,4 fois par an (Amérique latine), 6 fois par an (Asie pacifique), 11 fois par an (Moyen-Orient), 26,4 fois par an (Europe) et 33 fois par an (Amérique du Nord).

Les parties prenantes du secteur du transport aérien en Afrique doivent se concerter pour trouver une solution au paradoxe selon lequel les Africains ont le PIB le moins élevé du monde mais ils doivent payer les tarifs les plus élevés pour voyager par avion. Il faut absolument trouver un moyen de changer cette situation.

 

Coûts d’exploitation élevés

Les compagnies aériennes africaines font face à plusieurs défis tels que le niveau élevé des frais, taxes et redevances. Elles doivent s’acquitter de coûts financiers et d’assurance élevés pour acquérir leurs aéronefs. A cela s’ajoutent la très faible connectivité intra-africaine, l’accès limité aux marchés et le coût élevé du kérosène. En Afrique, le kérosène représente plus de 35% du coût total d’exploitation des compagnies aériennes ; une importante part de ce coût est prélevée par les autorités, d’une manière ou d’une autre, sous forme de taxes. Le transport aérien est un secteur à forte intensité de capital qui nécessite des fonds élevés pour l’acquisition d’équipement comme les aéronefs et les infrastructures techniques d’entretien, de réparation et de révision

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Le secteur du transport aérien en Afrique opère dans l’un des environnements les plus coûteux au monde.

 

Alors que la plus grande partie des revenus est générée en monnaies locales, lesquelles sont faibles par rapport aux devises étrangères, la plus grande partie des frais généraux – capitaux, financement, locations, enlèvement de carburant dans les aéroports étrangers et redevances aéroportuaires – est souvent engagée en devises fortes.       

Alors que la plus grande partie des revenus est générée en monnaies locales, lesquelles sont faibles par rapport aux devises étrangères, la plus grande partie des frais généraux est souvent engagée en devises fortes.      

En conséquence, le secteur du transport aérien en Afrique opère dans l’un des environnements les plus coûteux au monde. Toutes ces conditions ont un impact négatif sur la capacité des compagnies aériennes africaines à élargir leur part de marché. Elles ne sont pas en mesure d’offrir des tarifs compétitifs aux passagers. Sans la résolution de ces défis, la montée des coûts entravera les perspectives de développement du secteur du transport aérien dans nombre de pays africains.

 

Partenariats et alliances visant à exploiter toutes les potentialités de l’Afrique

Les compagnies aériennes africaines dans leur ensemble ne sont pas rentables. Dans ses prévisions semestrielles, l’Association du transport aérien international (IATA) a fait savoir que, comme en 2018, les compagnies aériennes africaines réaliseront collectivement une perte de 100 millions USD en 2019.

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Cette année, les compagnies aériennes africaines réaliseront collectivement une perte de 100 millions USD.

 

Deux actions combinées peuvent résoudre la non-rentabilité du secteur du transport aérien ; ce sont, la réduction des coûts et la hausse des revenus. Le renforcement de la coopération commerciale entre les compagnies aériennes africaines constitue un  moyen sûr pour réaliser ces deux objectifs.

La coopération commerciale entre les compagnies aériennes africaines entraînera des rendements plus élevés ainsi que des taux d’occupation de sièges plus élevés, ce qui permettrait aux transporteurs africains de réduire les tarifs, d’attirer davantage de passagers, d’accroître les revenus et de regagner des parts de marché sur les transporteurs internationaux qui dominent actuellement le ciel africain.

La coopération commerciale entre les compagnies aériennes africaines entraînera des rendements plus élevés ainsi que des taux d’occupation de sièges plus élevés, ce qui permettrait aux transporteurs africains de réduire les tarifs.

À l’échelle mondiale, les alliances stratégiques ont été bénéfiques au secteur du transport aérien ;  elles ont permis à un certain nombre de compagnies de trouver des solutions communes en travaillant en synergie. Les alliances offrent des économies significatives à leurs membres. Par exemple, une alliance mondiale comprend 27 compagnies aériennes membres desservant plus de 1300 aéroports dans 193 pays tandis qu’une autre alliance réunit 19 transporteurs de 5 continents avec une opération d’alliance de frets aériens englobant 10 transporteurs. La troisième plus importante alliance dessert près de 1000 aéroports dans plus de 158 pays.

 

L’ultime objectif

L’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA) encourage ses membres à prendre l’initiative visant à coopérer et à coordonner leurs efforts sur différents fronts. A cet égard, l’AFRAA coordonne divers groupes de travail en vue de réaliser des objectifs communs comme les questions aéropolitiques, l’achat de carburant, les taxes et redevances, la formation, la distribution, le fret et les opérations techniques.

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L’ultime objectif consiste en la création d’une alliance de compagnies aériennes africaines.

 

L’ultime objectif consiste en la création d’une alliance de compagnies aériennes africaines en tant qu’aboutissement du projet de coordination des réseaux aériens qui a vu la mise en œuvre de 23 ententes interlignes et la signature de 11 accords de partage de codes entre les compagnies aériennes membres.

Le projet d’Alliance des compagnies aériennes africaines aura des effets positifs sur la connectivité, le commerce et le tourisme intra-africains.

Le projet d’Alliance des compagnies aériennes africaines aura des effets positifs sur la connectivité, le commerce et le tourisme intra-africains.

Une alliance permet d’avoir une structure de réseau de partage de coûts entre les compagnies membres et leur permet de travailler en synergie en ce qui concerne l’aspect coût dans des domaines comme les acquisitions conjointes ou les économies au niveau d’installations communes.           

En plus des opérations de passagers, le fret aérien constitue un élément essentiel du transport aérien et du commerce international. Toutefois, la majorité du fret sur le continent africain est transporté par chemin de fer ou par route.  Au travers de la collaboration, les parties prenantes peuvent résoudre les problèmes qui entravent le développement du fret aérien en Afrique pour une coordination et un fonctionnement approprié de cette importante composante du transport aérien. Le Comité de fret de l’AFRAA vise à identifier les domaines dans lesquels les compagnies aériennes africaines pourraient collaborer avec les parties prenantes pertinentes afin de réduire les coûts et augmenter les revenus. En outre, le comité a identifié les domaines où il pourrait faire campagne auprès des autorités pour faciliter le développement de réglementations plus adoptées, la réduction des coûts du secteur, le développement de LTA électronique et l’amélioration des infrastructures du fret aérien. 

Il existe d’autres formes de collaboration et de partage de ressources entre les compagnies aériennes africaines, sur lesquelles l’AFRAA s’est penchée. Ces initiatives englobent la coordination de l’utilisation des centres de formation et des formateurs expérimentés sur le continent, le partage des installations d’entretien et la mise en commun des ressources. Non seulement ces formes de collaboration assureront la survie des compagnies aériennes mais elles permettront également la viabilité et la durabilité du transport aérien.    

Ces initiatives englobent la coordination de l’utilisation des centres de formation et des formateurs expérimentés sur le continent, le partage des installations d’entretien et la mise en commun des ressources.

Si les transporteurs de la région devaient se focaliser sur la coopération commerciale en tant que domaine clé de développement, cela permettrait à davantage de personnes de voyager par avion en raison de tarifs moins élevés, des fréquences accrues sur les routes existantes et de la croissance du trafic sur de nouvelles routes. Tous ces éléments marqueront la fin des itinéraires peu pratiques qui impliquent des connections de vols même sur de courtes distances au sein de la région.

 

«Ensemble, nous vaincrons»

La nécessité de renforcer la collaboration pour une croissance accélérée constitue un des domaines clés sur lesquels l’accent a été mis lors de la 8è Convention des parties prenantes du secteur du transport aérien qui a eu lieu récemment à Maurice en mai 2019 et qui avait réuni plus de 300 délégués d’Afrique et du monde entier. 

L’engagement sans faille dans des collaborations avantageuses pour tous permettra au secteur du transport aérien en Afrique de répondre à la demande future qui est estimée pour doubler dans les 20 prochaines années.

Sur la base des résultats impressionnants observés au niveau d’autres régions du monde, il est évident qu’un niveau d’engagement élevé vis-à-vis d’approches de collaboration produira le type de marché du transport aérien qui sera profitable  aux compagnies aériennes, aux passagers et aux économies locales.

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Ndeye Khady Gueye

 

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