(Agence Ecofin) - Resté sourd aux appels de la communauté internationale pour l’arrêt des hostilités et l’instauration d’un dialogue depuis le début du conflit au Tigré, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, fait désormais face à ses premières pressions économiques.
L'Union européenne va reporter le versement de près de 88,5 millions d'euros d'appui budgétaire à l'Ethiopie, en raison du conflit au Tigré, selon un document interne consulté, mercredi, par l' AFP .
La décision vise à souligner le souhait de l'UE d'une cessation des hostilités et d'une « résolution par des moyens politiques » , et ses préoccupations concernant les restrictions à l'accès humanitaire et aux médias, indique le document.
L’UE souhaite également « un suivi des allégations d’abus des droits humains » au cours du conflit dans le Tigré.
« Le report de ces décaissements ne signifie pas que ces fonds sont perdus pour le gouvernement de l’Ethiopie » , précise toutefois le document.
Sur le montant d’appui budgétaire suspendu par l’UE, 60 millions d’euros étaient destinés à développer les liens logistiques et les connexions entre l’Ethiopie et les pays voisins. Tandis que 17,5 millions d’euros devaient être affectés au secteur de la santé.
Après les nombreuses pressions diplomatiques pour une issue négociée au conflit dans le Tigré, l’Ethiopie fait face désormais face à ses premières pressions économiques.
On #Ethiopia: hostilities and ethnic-targeted violence must stop. Civilians and refugees must be protected. Full access for humanitarian actors must be guaranteed. The only solution is to go back to a peaceful and sustainable settlement of the conflict. #AUEU pic.twitter.com/zBWKiEwxDx
— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) December 8, 2020
En effet, depuis le début de l’offensive militaire qu’il a ordonnée contre le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed est resté sourd aux nombreux appels de la communauté internationale pour une cessation des hostilités et la mise en œuvre de pourparlers.
Traitant les dirigeants de cet Etat régional de « clique criminelle » , le prix Nobel 2019 a privilégié la solution militaire. Estimant au passage que ces appels au dialogue constituaient des cas d’ingérence « inacceptables » dans les affaires intérieures de l’Ethiopie.
Malgré la prise de la capitale du Tigré, Mekelle, le 28 novembre dernier, après environ trois semaines de campagne militaire, la situation humanitaire et sécuritaire dans la région reste toujours préoccupante.
Éthiopie : la situation humanitaire est de plus en plus critique au Tigré (HCR) https://t.co/NRFGoStSRX
— ONU Info (@ONUinfo) December 12, 2020
Malgré un accord passé avec les autorités fédérales, les organisations humanitaires n’ont toujours pas accès à des milliers de réfugiés présents dans la région, en raison de la situation sécuritaire particulièrement volatile qui y règne.
Parallèlement, plus de 50 000 Ethiopiens ont traversé la frontière pour se réfugier au Soudan voisin.
Mardi 15 décembre, la directrice générale de l'UNICEF, Henrietta Fore, a annoncé qu’environ « 2,3 millions d'enfants au Tigré restent coupés de l'aide humanitaire dans un contexte de violence continue depuis le début du mois de novembre » .
2.3 million children in Tigray, Ethiopia, remain cut off from humanitarian assistance amid continuing violence since the beginning of November.@UNICEF calls for urgent, sustained, unconditional and impartial humanitarian access to all families in need. https://t.co/N0da7m8WFd
— Henrietta H. Fore (@unicefchief) December 15, 2020
Borgia Kobri
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