Ethiopie : Abiy Ahmed minimise la capacité du TPLF à monter une guérilla, alors que la situation reste instable au Tigré

(Agence Ecofin) - Malgré l’assurance affichée des autorités fédérales concernant la mise en déroute du TPLF et leur contrôle sur le Tigré, la situation dans la région semble encore loin d’être réellement stabilisée. Un convoi d’humanitaires de l’ONU a en effet été pris pour cible dimanche dans la province.

Les autorités éthiopiennes ont estimé ce lundi que le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) n’est pas en mesure de monter une insurrection, après qu’une équipe des Nations unies qui tentait d’accéder dimanche au camp de réfugiés de Shimelba, l'un des quatre camps de réfugiés érythréens au Tigré, a essuyé des tirs, rapporte Reuters.

« La clique criminelle a lancé un discours manifestement faux selon lequel ses combattants et ses partisans sont aguerris et bien armés, ce qui pose le risque d'une insurrection prolongée dans les montagnes escarpées du Tigré », a déclaré le Premier ministre Abiy Ahmed (photo) dans un communiqué.

« Elle a également affirmé avoir réussi à entreprendre une retraite stratégique avec toutes ses capacités et son appareil gouvernemental régional intact. La réalité est que la clique criminelle est complètement vaincue et en plein désarroi, avec une capacité insignifiante de monter une insurrection prolongée », a poursuivi Abiy Ahmed. Pour le gouvernement fédéral d’Ethiopie, l’heure est à la reconstruction du Tigré et à l’instauration de « l’Etat de droit ».

La situation dans le Tigré est encore loin d’être totalement stabilisée. Le TPLF s’est en effet, engagé à mener le combat jusqu’au bout et à faire de la région un « enfer » pour le gouvernement fédéral. Le 28 novembre dernier, les forces dissidentes régionales avaient affirmé avoir abattu un avion Mig-29 de l'armée fédérale, dans les montagnes, à 60 kilomètres de Mekelle, la capitale du Tigré. La télévision locale contrôlée par le TPLF avait alors montré des images d'un homme présenté comme étant le pilote.

Dans un entretien téléphonique accordé le 4 décembre à CNN, l’ancien ministre éthiopien des Communications et membre du conseil exécutif du TPLF, Getachew Reda, a déclaré que la guerre est loin d'être terminée et que la majeure partie de la région restait toujours aux mains de leurs troupes.

« Nous nous sommes retirés de Mekelle parce que nous ne voulions pas leur donner le prétexte de bombarder […], de détruire sans discernement la ville », a-t-il soutenu. Ajoutant : « les forces d'Abiy se sont concentrées sur la capture des villes, mais la majorité de la population se trouve dans les zones rurales - les plus grandes parties de la région - et c'est là que nous sommes ».

Confiant, Getachew Reda envisage même une possible contre-offensive de la part des troupes du TPLF. « Au moment où nous parlons, il y a des engagements militaires dans la plus grande partie de la région. Nous défendons nos positions […] Il ne faudra pas longtemps avant de faire marche arrière et de lancer une contre-offensive », a-t-il déclaré.

La semaine dernière, le gouvernement fédéral d’Ethiopie a accordé à l’ONU un accès sans restriction, continu et sécurisé du personnel et des services humanitaires aux populations vulnérables dans les régions contrôlées par le gouvernement au Tigré et dans les zones frontalières des régions Amhara et Afar voisines.

Alors qu’environ 600 000 personnes, dont 96 000 réfugiés érythréens vivant dans quatre camps dépendent totalement de l’aide alimentaire pour se nourrir au Tigré [chiffre avant le conflit, Ndlr], deux hauts responsables de l'aide humanitaire ont déclaré à Reuters au cours du week-end que le pillage et l'anarchie faisaient que la région est encore trop dangereuse pour envoyer des convois.

#BREAKING: The UN says fighting has continued "in many parts" of Ethiopia's northern Tigray region, complicating efforts to deliver humanitarian aid despite an agreement granting the UN access to territory under federal control. @AFP

— AFP Africa (@AFPAfrica) December 4, 2020

Borgia Kobri

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