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Ethiopie : la situation humanitaire est de plus en plus critique dans le Tigré, selon le HCR

  • Date de création: 09 décembre 2020 17:07

(Agence Ecofin) - Depuis le 04 novembre dernier, les équipes de l’ONU n’ont plus accès à 600 000 personnes dépendantes de l’aide humanitaire dans le Tigré. Une situation qui n’évolue toujours pas malgré l’accord passé avec le gouvernement fédéral, tant la situation sécuritaire dans la région reste volatile.

Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) s’est inquiété mardi de la dégradation de la situation humanitaire dans le Tigré, un mois après le lancement de l’opération militaire du gouvernement fédéral contre le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

Par la voix d’un de ses porte-parole, Babar Baloch, l’agence onusienne s’est dite particulièrement préoccupée par « la sûreté et la sécurité des civils en général et des réfugiés érythréens qui s’y trouvent ».

« Nous avons reçu des informations selon lesquelles des réfugiés auraient pu se déplacer à l’intérieur du Tigré », a-t-il déclaré. Ajoutant avoir eu des rapports « sur des réfugiés érythréens qui ont atteint un endroit appelé Gondar dans la région (voisine) d’Amhara », tandis que d’autres rapports indiquent qu’« un petit nombre de réfugiés érythréens seraient arrivés au Soudan ».

Avant le début du conflit, environ 600 000 personnes, dont 96 000 réfugiés érythréens vivant dans quatre camps, dépendaient totalement de l’aide alimentaire pour se nourrir au Tigré.

Vendredi dernier, le HCR s’était dit déjà « prêt à reprendre l’ensemble de ses activités d’aide humanitaire dans la région du Tigré dès que la situation le permettra, à la suite de l’accord (entre l’ONU et le gouvernement fédéral) pour lever les restrictions d’accès » afin que les organisations humanitaires puissent fournir une aide aux civils affectés par un mois de conflit.

« Malheureusement, jusqu’à présent, cet accès ne s’est pas concrétisé. Mais sans accès, nous ne pouvons pas les atteindre et vérifier aussi ce qui s’est passé ou ce qui se passe là-bas », a regretté Babar Baloch.

Le Tigré est privé de tout approvisionnement depuis le 4 novembre, début de l’offensive militaire des troupes fédérales contre le TPLF. Le dimanche 06 décembre dernier, un convoi d’humanitaires des Nations unies qui tentait d’accéder au camp de réfugiés de Shimelba, l'un des quatre camps de réfugiés érythréens au Tigré, a dû rebrousser chemin après avoir essuyé des tirs.

Parallèlement, au Soudan voisin, les arrivées de réfugiés éthiopiens continuent et leur nombre total a désormais dépassé les 49 000, dont plus de 1 200 personnes sont arrivées depuis vendredi dernier.

Mardi 08 décembre, le porte-parole du comité sur l'état d'urgence mis en place par le gouvernement fédéral éthiopien, Redwan Hussien, a indiqué que la priorité avait été donnée à la remise en état des infrastructures et à la réhabilitation des personnes et des zones touchées dans la région. Mais aussi, au « désarmement des milices » et à la poursuite des « suspects ».

« Nous sommes maintenant dans notre dernière phase de l’opération qui est sur le point d’appréhender les suspects pour les livrer à la justice et de mettre en place l’administration intérimaire […] qui veillera à ce que les activités sociales et économiques reprennent comme les marchés, les banques, les écoles et les établissements de santé bientôt », a affirmé Redwan Hussien.

Concernant l’aide humanitaire, les autorités fédérales affirment être sur le point de lancer une vaste opération d’approvisionnement des populations de la région.

« Actuellement, nous sommes en mesure d'envoyer des articles non alimentaires et alimentaires à plus de 250 000 personnes dans la région. Nous déployons environ huit équipes de coordination composées de membres du comité national de gestion et de préparation des risques de catastrophe pour coordonner et faciliter la livraison des produits alimentaires et non alimentaires aux nécessiteux », a déclaré le commissaire éthiopien à la gestion des risques de catastrophe, Mitiku Kassa.

La situation sécuritaire dans le Tigré reste encore instable malgré la prise de la capitale, Mekelle, et de plusieurs autres villes stratégiques par les troupes fédérales éthiopiennes.

Pour sa part, le TPLF qui ne s’avoue pas vaincu et qui revendique toujours son contrôle sur certains territoires de la région a promis « l’enfer » au gouvernement fédéral.

Borgia Kobri

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Borgia Kobri
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