(Agence Ecofin) - En 2023, les matières premières tropicales les plus échangées dans le monde ont connu diverses évolutions. Entre les perturbations climatiques, les craintes sur l’offre et la demande ainsi que les décisions politiques, les marchés ont été animés. Explications.
Cacao
Le cacao est l’un des principaux gagnants de la volatilité sur les marchés agricoles en 2023. Le rallye démarré en septembre 2022, s’est confirmé et renforcé tout au long de l’année 2023. Ainsi alors qu’à Londres, la tonne de cacao avait gagné 21 % pour terminer 2022 autour de 2 062 livres, ce gain a été de 70 % pour un tarif de clôture à 3 506 livres durant l’année écoulée.
À New York, la matière première aura gagné au total, 61 % d’une année sur l’autre pour terminer à 4 196 $ la tonne contre seulement 3 % l’année précédente. À l’origine de cette année faste pour les cours, les inquiétudes relatives à l’approvisionnement mondial. Alors qu’au Ghana, la récolte 2022/2023 a chuté à son plus bas depuis 13 ans (650 000 tonnes), la Côte d’Ivoire anticipe une récolte inférieure aux années précédentes en 2023/2024 (1,75 million de tonnes) en raison du développement de la maladie virale du cacaoyer (Swollen Shoot).
Dans un tel contexte de tensions sur l’offre, les marchés anticipent une 3ème année consécutive de déficit durant l’année cacaoyère 2023/2024 devant s’achever d’ici septembre prochain.
Café
Dans le secteur du café, c’est le robusta qui a tiré son épingle du jeu. Cette variété a vu son cours grimpé de 58 % en 2023 avec une clôture en fin d’année à 2 841 $ la tonne à Londres. Les cours ont notamment atteint le 9 juin dernier, 2 790 $ la tonne, le plus haut niveau enregistré depuis le début du contrat en 2008.
Sur les marchés, le retour du phénomène climatique El Niño et son impact sur les récoltes notamment au Vietnam et en Indonésie (50 % de l’offre mondiale) ont apporté un certain soutien aux cours dans un contexte de forte demande de la part des torréfacteurs.
Du côté de l’arabica, les cours se sont appréciés de 12,6 % à 1,88 $ la livre. Si les marchés se sont inquiétés de la chute des stocks certifiés à leur plus bas niveau depuis 24 ans à l’Intercontinental Exchange (ICE) à New York, le principal contrat à terme américain, l’amélioration des perspectives de la récolte brésilienne en 2023/2024 avec des pluies abondantes ont relativement apaisé les craintes.
Plus globalement, dans un rapport paru en septembre dernier, l’Organisation internationale du café (OIC) indique que le marché mondial devrait connaître une nouvelle année de déficit en 2022/2023. La consommation globale devrait grimper de 1,7 % pour atteindre 178,5 millions de sacs au cours de l’année caféière 2022/23 alors que la production globale est attendue à 171,3 millions de sacs.
Sucre
En 2023, les cours du sucre ont moins progressé d’une année sur l’autre. Au total, le sucre blanc a gagné 7,5 % alors que le sucre brut a gagné seulement 3 % finissant à 20,58 cents la livre. En 2022, les deux matières premières avaient progressé respectivement 11,5 % et 6,1 %.
Si les mauvaises récoltes attendues en Inde et en Thaïlande en raison de l’impact d’El Niño ont fait grimper les cours du sucre brut pour livraison en mars prochain à 28 cents, soit son plus haut depuis 12 ans, les inquiétudes ont été apaisées vers la fin de l’année. Du côté du Brésil, le broyage de la canne à sucre a connu un rythme de croissance important notamment dans le centre-sud, ce qui laisse présager une offre importante pour 2023/2024.
Du côté de l’Inde, si certains observateurs craignent toujours que le pays importe du sucre pour la première fois depuis 2017 avec la baisse des rendements, les craintes sur l’offre se sont atténuées avec la modification par l’Inde de sa politique en matière d’éthanol afin de mettre davantage de sucre à la disposition du marché. Selon les analyses de la Société Générale relayés par Reuters, la priorité accordée désormais à la production de sucre au détriment du biocarburant devrait permettre d’ajouter 2 millions de tonnes de sucre aux réserves du pays.
Huile de palme
En 2023, les prix de l’huile de palme brute (CPO) ont enchaîné une seconde année consécutive de baisse sur le Bursa Malaysia Derivatives Exchange. La tonne de l’huile végétale a ainsi baissé de 10 % sur ladite année finissant à 3 744 ringgits.
Durant l’année écoulée, les cours ont été affectés par les mouvements de prix des huiles connexes comme l’huile de soja qui fait concurrence à l’huile de palme. La faiblesse des cours de l’huile de soja durant l’année, l’a ainsi rendue plus compétitive et a miné la demande d’huile de palme de la part des négociants et spéculateurs.
Par ailleurs, le repli des prix du pétrole entraîne une réduction de la demande d’huile de palme de la part de l’industrie domestique du biodiesel. Si en 2023, El Niño n’a pas vraiment eu un impact important sur les cours, les analystes estiment qu’il devrait jouer un rôle plus marqué en 2024.
Coton
En 2023, le coton a baissé de 3 % à 81 cents. Ce recul est moins prononcé que la forte contraction de 26 % en 2022. La matière première étant cotée à l’ICE, le renforcement du dollar soutenu par les rendements élevés du Trésor américain a rendu la fibre américaine moins attractive pour les importateurs. À cela s’ajoute la faiblesse de la demande mondiale du fait de la conjoncture économique peu défavorable et la perspective d’un dépassement des exportations des USA par ceux du Brésil durant la campagne 2023/2024, ce qui serait un scénario inédit.
Espoir Olodo
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