(Agence Ecofin) - Annoncé depuis plusieurs années, le boom des voitures électriques se confirme dans le monde. Cela se traduit par une forte demande pour le nickel, le cobalt ou encore le lithium, autant de métaux utilisés dans la production de ces véhicules considérés comme essentiels à la transition énergétique.
En 2021, les constructeurs automobiles ont vendu 6,6 millions de voitures électriques, contre 3 millions l’année précédente. C’est ce qu’a révélé l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un billet de blog publié fin janvier. La Chine domine avec environ 40 % des achats de voitures neuves et la tendance devrait se poursuivre en 2022.
La hausse de 120 % en glissement annuel des ventes de véhicules électriques, qui confirme le boom tant annoncé, a des conséquences importantes sur le marché de plusieurs métaux, aussi bien au niveau des prix que de la demande. Nickel, cobalt et lithium, pour ne citer que ceux-là, sont en effet indispensables à la production des batteries des véhicules de demain et leur consommation évolue donc dans le même sillage que celle des VE.
Terres rares
Le prix de l’alliage praséodyme-néodyme utilisé dans les aimants des moteurs des véhicules électriques a doublé en 2021 sur le marché chinois et est déjà en hausse de 10 % depuis le début de l’année. Le rythme soutenu de production des véhicules électriques explique cette flambée du prix qui préoccupe les autorités chinoises. Alors que Pékin domine l’approvisionnement mondial en terres rares, rappelons que l’empire du Milieu est en passe de renforcer son emprise en 2022, avec la création d’un nouveau géant national du secteur en fin d’année dernière.
Lithium
Le métal phare des batteries électriques a enregistré une hausse de plus de 400 % en glissement annuel, selon l’index des prix du lithium de Benchmark Mineral Intelligence (BMI). Il profite certes d’une forte demande, mais aussi d’une offre insuffisante liée à l’insuffisance des investissements dans la production ces dernières années. Si 2021 a été marquée par un accroissement de ces dépenses, il faudra néanmoins attendre encore un peu pour en voir les effets sur l’approvisionnement.
Benchmark Lithium Carbonate Prices, EXW China* ($/t), Battery Grade
— Simon Moores (@sdmoores) February 6, 2022
Feb 2018: $24,500
Feb 2019: $11,900
Feb 2020: $7,025
Feb 2021: $11,250
Feb 2022: $54,725@benchmarkmin
*Always most volatile and extreme end of the market
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« L’offre a du mal à suivre la demande, étant donné les longs délais de mise sur le marché de la première production des ressources en lithium », confirme George Miller, analyste de BMI cité par Reuters.
Alors que les ventes de véhicules électriques devraient encore fortement progresser cette année, particulièrement en Chine où les subventions sur les achats de VE vont cesser le 31 décembre, le déficit va logiquement persister.
Cobalt
En 2021, les problèmes de logistique ont freiné l’approvisionnement de la Chine (premier consommateur mondial) en provenance de RDC, premier fournisseur au monde avec 70 % de l’offre. « Les importations chinoises d’hydroxyde de cobalt n’ont augmenté que de 2,5 %, passant à 82 100 t, entre 2020 et l’an dernier, ce qui signifie que les stocks nationaux ont été considérablement réduits », confie l’analyste Caspar Rawles de BMI.
L’empire du Milieu pourrait donc vouloir reconstituer ses stocks cette année, entrainant une demande plus importante qu’en 2021. Cependant l’évolution du prix du métal, qui a plus que doublé depuis février 2018 pour atteindre plus de 70 000 $ la tonne sur la LME, divise les analystes. Dans leurs prévisions en fin d’année dernière, les cabinets Fastmarkets et Fitch Solutions s’attendaient à des prix élevés cette année, alors que S&P Global estime que les prix vont chuter de plus de 8 %.
Nickel
Selon le cabinet Wood Mackenzie, la fabrication des batteries électriques a consommé 11 % du nickel produit l’année dernière, contre 7 % en 2020. Alors que cette proportion devrait encore augmenter pour atteindre 13 % cette année, notons que le prix du métal évolue aussi à la hausse sur le London Metal Exchange (LME), dépassant 24 000 $ la tonne pour établir sa meilleure performance depuis août 2011.
Si les pénuries ont diminué de 65 % depuis avril, le niveau des stocks physiques dans les entrepôts affiliés au LME contribuera à augmenter les prix tandis que l’offre devrait être supérieure à la demande cette année, entrainant un excédent de 43 000 t, d’après l’australien Macquarie.
Emiliano Tossou
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