(Agence Ecofin) - En 2015 éclatait ce qui demeure aujourd’hui le plus gros scandale de l’histoire de l’industrie automobile : le « Dieselgate ». Le géant allemand Volkswagen était épinglé par l’agence américaine de l’environnement pour avoir contourné la réglementation antipollution sur les véhicules à moteur Diesel grâce à un logiciel de trucage. Les conséquences de cette affaire ont favorisé le boom du secteur des véhicules électriques, où l’utilisation de certains minéraux comme le cobalt ou le lithium est indispensable.
Lorsque l’affaire Volkswagen éclate en septembre 2015, c’est tout un château de cartes qui s’écroule en Occident. Si la « voiture du peuple » est la première en cause, des fraudes similaires sont progressivement mises à jour auprès d’autres sociétés allemandes comme BMW et Daimler. Les soupçons se portent aussi sur les Français Renault et PSA, et l’instruction judiciaire à ce propos est d’ailleurs toujours en cours. Des millions de voitures sont rappelées à travers le monde, et les consommateurs, indignés, lancent des recours collectifs pour réclamer des dédommagements.
Au-delà de l’image largement entachée de ces grands groupes, le scandale coûte beaucoup financièrement. Volkswagen, qui a enregistré en 2016 sa première perte annuelle en 20 ans, a ainsi versé, depuis le début de l’affaire, plus de 35 milliards $ selon France Inter. Ce montant a notamment servi à régler plusieurs amendes et mis fin à des poursuites judiciaires en Europe et aux Etats-Unis.
Volkswagen, qui a enregistré en 2016 sa première perte annuelle en 20 ans, a ainsi versé, depuis le début de l’affaire, plus de 35 milliards $ selon France Inter. Ce montant a notamment servi à régler plusieurs amendes et mis fin à des poursuites judiciaires en Europe et aux Etats-Unis.
Le spécialiste des moteurs Diesel, l’Allemand Bosch, a déboursé notamment 300 millions de dollars en dédommagement aux États-Unis, tandis que BMW a conclu un accord en septembre dernier avec les autorités américaines pour verser 2,2 milliards $.
Après le durcissement du contrôle antipollution de ces véhicules au Diesel, l’idée de les éradiquer définitivement de la circulation a fait son chemin dans de nombreux pays. Cinq ans après l’affaire, l’Etat de Californie décide en 2020 d’interdire les véhicules à moteur essence et Diesel à partir de 2035. Alors qu’elle était prévue pour 2040, cette mesure est ramenée aussi à 2035 au Royaume-Uni. En France, le plan Climat élaboré en 2017 prévoit la fin des ventes de véhicules diesel et essence en 2040.
L’essor des véhicules électriques en réponse
Les groupes écologiques ont favorisé une certaine prise de conscience des effets néfastes de la pollution automobile sur le climat, entrainant un mouvement vers les véhicules électriques (VE) dans le monde.
Pour répondre à la demande en hausse, les géants du secteur de l’automobile ont lancé des investissements massifs dans la production de VE et l’environnement qui l’accompagne, les bornes de recharge notamment. Volkswagen projette ainsi 60 milliards d’euros pour développer le secteur du véhicule du futur, avec environ 33 milliards consacrés à la voiture électrique. En plus du géant allemand, d’autres grandes compagnies s’activent sur cette voie, à telle enseigne que le boom des VE est devenu imminent.
Suite à l’entrée en vigueur des normes d’émission de CO₂ 2020/21 de l’Union européenne, les ventes de voitures électriques (électriques à batterie, et hybrides électriques rechargeables) ont explosé au cours du premier semestre 2020.
Selon une étude de Transport & Environment (T&E) parue en octobre dernier, elles ont atteint une part de marché de 8 % dans l’Espace économique européen. Cette part est plus de trois fois supérieure à celle du premier semestre 2019, les ventes de VE atteignant de nouveaux sommets avec Volvo à 23 %, BMW à 13 %, Hyundai-Kia à 11 % et Renault à 8 %.
Les ventes ont continué à augmenter depuis janvier 2020, donc avant la crise sanitaire, résistant mieux à la pandémie que les voitures diesel ou essence. Malgré la crise de la Covid-19, le nombre total de voitures électriques vendues en Europe devrait doubler, passant d’un demi-million en 2019 à un million en 2020, pour atteindre 1,8 million en 2021.
Malgré la crise de la Covid-19, le nombre total de voitures électriques vendues en Europe devrait doubler, passant d’un demi-million en 2019 à un million en 2020, pour atteindre 1,8 million en 2021.
Cependant, il existerait un risque réel que l’offre de voitures électriques stagne tout au long des années 2020, alors que la technologie arrivera à maturité et que la demande du marché augmentera.
Répercussions sur le secteur minier
« Nous allons voir des véhicules électriques de bonne qualité et abordables dans un an ou deux, et non pas dix, et c’est une excellente nouvelle pour les consommateurs […] ». La prédiction il y a 2 ans de l’experte Julia Poliscanova, directrice VE chez Transport & Environment, semble se réaliser. Plus le marché des VE croit, plus certaines matières premières gagneront en importance.
Au nombre des minéraux impliqués dans la fabrication et l’utilisation des véhicules électriques, on peut citer le cobalt et le lithium, mais aussi le graphite et les terres rares.
Au nombre des minéraux impliqués dans la fabrication et l’utilisation des véhicules électriques, on peut citer le cobalt et le lithium, mais aussi le graphite et les terres rares.
La demande pour ces minéraux va sans doute croître dans la prochaine décennie. A titre d’illustration, pour le lithium nécessaire aux batteries électriques, l’agence chilienne Cochilco s’attend à une demande d’environ 1,4 million de tonnes d’ici 2030 pour le secteur automobile uniquement, soit environ les deux tiers de la demande globale. Qu’il s’agisse de la RDC pour le cobalt (70 % de la production mondiale), du Mali, du Zimbabwe et encore de la RDC pour le lithium, le Burundi et l’Angola pour les terres rares ou le Mozambique, la Tanzanie et Madagascar qui produisent du graphite, plusieurs pays africains devraient profiter de ces opportunités.
Louis-Nino Kansoun & Emiliano Tossou
Accra, Ghana