(Agence Ecofin) - Le conseiller à la sécurité du président du Nigeria a annoncé, le 9 février, que les élections présidentielle et parlementaires au Nigeria ne seront pas reportées au-delà du 28 mars. La date des scrutins, initialement prévue le 14 février et reportée au 28 mars, «ne sera pas changée à nouveau», a déclaré Sambo Dasuki, conseiller national à la sécurité qui avait été le premier à appeler dès le 22 janvier au report des élections pour garantir la sécurité de vote et une distribution complète des cartes d'électeurs.
La Commission électorale nationale indépendante nigériane (INEC) avait annoncé, dans la soirée du samedi 7 février, un report de six semaines des élections présidentielle et parlementaires, évoquant des difficultés logistiques et des craintes pour la sécurité liées des attaques du groupe islamiste armé Boko Haram.
Le président de l’INEC, Attahiru Jega, a expliqué avoir donné suite à une demande des responsables de la sécurité, qui ont jugé «déraisonnable» de maintenir la date des scrutins au 14 février alors que les forces de défense engagées dans des opérations militaires Boko Haram ne seraient pas disponibles pour assurer la sécurité du vote sur l'ensemble du territoire.
Cet argument a été, cependant, très contesté, vu que l'armée n'est pas supposée être garante de la sécurité des élections au Nigeria. Les soldats ne sont censés intervenir qu'en renfort de la police en cas de débordements. La décision de l'INEC de reporter le scrutin a été très critiquée par l’opposition et par des pays occidentaux, dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada.
Estimant que l'INEC a remis en cause son indépendance en prenant cette décision, le Congrès progressiste (APC), le principal parti d’opposition nigérian, a dénoncé le lobbying «frauduleux» de M. Dasuki visant à servir les intérêts politiciens du président Goodluck Jonathan, candidat à sa réélection.
Bien que quatorze candidats soient en lice, la présidentielle nigériane devrait se jouer entre le président sortant Goodluk Jonathan, qui est le candidat du Parti Démocratique Populaire (PDP), et l’ancien président Muhammadu Buhari (1983 et 1985), qui est soutenu par l’APC.
Le PDP a toujours remporté la présidentielle depuis le retour au pouvoir des civils en 1999. Selon les analystes, l'issue du scrutin paraît-cette fois-ci incertaine. La volonté de l’actuel président Goodluck Jonathan, un chrétien originaire du sud, de se représenter en 2015 a provoqué une crise majeure au sein du PDP qui s’est matérialisée par la défection de plusieurs députés et hauts dirigeants du parti.
La candidature de M. Jonathan pour un nouveau mandat remet en cause un accord tacite au sein du PDP qui remonte à 1999 et selon lequel le pouvoir suprême doit alterner tous les huit ans entre chrétiens et musulmans.
Parallèlement, l'APC s'est considérablement renforcé cette année grâce notamment à l’arrivée de plusieurs gouverneurs d'Etat et de parlementaires, venant notamment du nord du pays, majoritairement musulman.
Lire aussi
08/02/2015 - Le Nigeria sous haute tension après l’annonce du report des élections au 28 mars
06/02/2015 - Nigeria: la présidentielle se tiendra le 14 février, comme prévu
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.