(Agence Ecofin) - L'assemblée intérimaire du Burkina Faso a adopté le 7 avril un nouveau code électoral controversé interdisant aux partisans du président déchu Blaise Compaoré de se présenter aux élections législatives et présidentielle prévues en octobre prochain.
Le projet de loi a été adopté par 75 voix pour, 10 contre et 3 abstentions. Avec 55 sièges sur un total de 90, l'opposition et la société civile sont majoritaires à l'assemblée nationale intérimaire. En outre, le groupe parlementaire représentant les forces de sécurité burkinabè (25 députés) avait appelé à soutenir le texte, signe d'un aval tacite de l'exécutif.
« L'histoire est en marche ! », s'est réjoui Chérif Sy, le président du Conseil national de transition (CNT), l'assemblée intérimaire. « Notre peuple continue à s'exprimer pour conduire notre pays vers la renaissance démocratique », a-t-il ajouté.
Le projet de loi rend « inéligibles » les personnes ayant « soutenu un changement inconstitutionnel portant atteinte au principe de l'alternance démocratique », en référence à la tentative de révision de l’article 37 de la Constitution, qui fixe à deux le nombre de mandats présidentiel. L’attachement de Blaise Compaoré à modifier cet article contre vents et marées avait engendré une révolte populaire qui l'avait contraint à démissionner après 27 ans de règne.
Le texte doit encore être validé par le Conseil constitutionnel puis promulgué par le président Michel Kafando.
« Comme nous sommes dans un Etat de droit, le Conseil constitutionnel dira le droit », a réagi Boubacar Bouda, député du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l'ex-parti présidentiel, dénonçant l'illégalité du nouveau code électoral.
L'ancienne majorité, très minoritaire à l'assemblée avec seulement 10 sièges, n'avait aucune chance d'inverser la tendance.
Par ailleurs, les autorités de transition ont resserré l’étau autour des proches du président déchu. Ainsi, sept cadres de l'ancien régime, dont trois ministres, ont été arrêtés pour des « malversations présumées », selon un communiqué des autorités. Une huitième personne, soutien de Djibrill Bassolé, l'ex-chef de la diplomatie de Blaise Compaoré, candidat vraisemblable et postulant sérieux à la présidentielle d'octobre, a été écrouée pour « activités politiques illégales » et « incitation à des troubles à l’ordre public », selon la même source.
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