(Agence Ecofin) - De nombreux députés burkinabè souhaitent inscrire dans le nouveau code électoral une disposition interdisant aux anciens collaborateurs du président déchu Blaise Compaoré de se présenter aux prochaines élections nationales.
La rédaction de ce nouveau code électoral encadrant la présidentielle et les législatives prévues le 11 octobre, suscite des débats enflammés entre l'ex-opposition à l’ex président Blaise Compaoré, qui a été chassé par la rue fin octobre après 27 ans de règne, et son ancienne majorité.
Le nouveau code doit impérativement être adopté avant le 11 avril, les textes de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (CEDEAO), dont le Burkina est membre, n'autorisant la modification d'une loi électorale que jusqu'à six mois avant la date d'un scrutin.
Les députés issus de la société civile et de l'ex-opposition ont proposé un amendement pour «exclure de toutes les élections tous les membres du dernier gouvernement du président Compaoré et toute personne qui a soutenu ouvertement ou publiquement la modification de l'article 37 de la Constitution», qui fixe à deux le nombre de mandats présidentiels. L’attachement de Blaise Compaoré à modifier cet article contre vents et marées avait engendré une révolte populaire qui l'avait contraint à démissionner.
«Si j'étais de ceux qui ont la prétention de se présenter en ayant assumé les charges jusqu'à la chute de Blaise Compaoré, je prendrais un peu de recul. Il ne faut pas forcer le destin», a conseillé l'ancien opposant Ablassé Ouédraogo. «Les braises de la révolution burkinabè sont encore en train de couver et tout peut arriver dans notre pays», a-t-il mis en garde. La «charte de la transition», sorte de Constitution intérimaire régissant la vie politique au Burkina jusqu'aux élections d'octobre, prévoit cependant un processus électoral «inclusif», qui ne peut donc exclure aucune tendance.
Les députés de l'ex-opposition et de la société civile veulent également introduire dans le nouveau code militaire une disposition stipulant que, pour faire acte de candidature à une élection, un membre de l'armée devra en avoir démissionné cinq ans auparavant. Cette disposition cible notamment le général Djibrill Bassolé, ex-chef de la diplomatie du président déchu Blaise Compaoré et un des favoris du scrutin. M. Bassolé avait annoncé le 21 février dernier son intention de briguer la magistrature suprême. Bien qu’il ait été l’un des piliers du régime Compaoré, M. Bassolé jouit encore d’une forte popularité. Quelque 3000 jeunes s'étaient rassemblés mi-janvier pour lui demander d'être candidat. Un parti politique, dénommé Nouvelle alliance du Faso (Nafa), a été créé fin janvier pour soutenir sa candidature.
Avec 55 sièges sur un total de 90, l'opposition et la société civile sont majoritaires à l'assemblée nationale intérimaire.
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