(Agence Ecofin) - VTB Bank, le deuxième groupe bancaire de Russie, qui est impliqué dans l'affaire des dettes cachées du Mozambique, s'est dit prêt à discuter des termes d'une restructuration de ces emprunts qui totalisent 2 milliards $, apprend-on de sources concordantes.
L’établissement russe indique aussi avoir contribué entièrement dans le cadre de l'audit mené sur la question, par le cabinet américain Kroll. « Nous avons donné toutes les informations requises, mais ne sommes toujours pas au courant des conclusions (du rapport). Comme nous le savons, l'information a été transmise au procureur général du Mozambique et à l'ambassade de Suède au Mozambique. Nous sommes prêts à dialoguer sur une restructuration », a déclaré un responsable de la banque russe, selon des propos par Reuters.
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Cette information est donnée alors que tout le monde attend la publication de la synthèse du rapport d'audit de ces deux dettes, dont l'une accordée à la société de gestion d’actifs du Mozambique, et l'autre à une société de pêche créée par le ministère de la défense. Le Fonds Monétaire International en a fait une condition de reprise de son assistance économique, d’une part. D’autre part, une majorité des créanciers de cette dette, disent attendre la formulation d'un programme économique clair, avec le FMI, pour envisager une discussion sur sa restructuration.
La situation de blocage se poursuit donc. Le gouvernement et les officiels connexes continuent de dire qu’en l’état, le Mozambique ne paiera pas pour ces deux dettes. Le 26 mai 2017, Rogerio Zandamela, le gouverneur de la banque centrale du Mozambique l'a rappelé en marge d'un événement au Portugal. « Nous allons continuer de payer nos dettes bilatérales, et multilatérale, mais pour les dettes cachées, les créanciers seront obligés d'accepter une restructuration », a-t-il fait savoir.
La publication du rapport d'audit ne semble pas chose facile. En leur possession depuis le 13 mai, les autorités mozambicaines semblent ne pas être pressées de le diffuser. Des analystes estiment qu'au-delà de révéler les contours d'un scandale financier, c'est toute la classe politique mozambicaine qui risque d'être éclaboussée dans cette affaire.
Au sein du parti au pouvoir, des tractations sont en cours pour le choix du candidat à l'élection présidentielle de 2019, l'actuel président Felipe Nyusi ne disposant pas des coudées franches. Les recherches des auditeurs les ont conduits dans les comptes bancaires du précédent président de la république, Armando Guebuza. Or, l'actuel en poste depuis 2015, était le ministre de la défense, au moment de la contraction des emprunts, et donc la tutelle d'Ematum, une des structures impliquée dans le scandale.
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Dans cette lutte de tranchées pour préserver divers intérêts, les populations mozambicaines, dont une majorité vit en dessous du seuil de pauvreté, sont les premières victimes. La baisse des prix du gaz sur le marché mondial a affecté les recettes du pays, et vient s'ajouter à la crise de la dette. Même si elle est en baisse l'inflation demeure importante à 21,8% à la fin avril 2017.
Le Metica, la monnaie locale, se reprend peu à peu et les investisseurs étrangers reviennent, mais le gaz et le pétrole absorbent l’essentiel de ces flux de capitaux excluant des millions de personnes. Selon un récent rapport de la Banque mondiale, la dette publique du pays atteint désormais 120% de son produit intérieur brut.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.