(Agence Ecofin) - Sans surprise, le gouvernement mozambicain a manqué mardi 23 mai 2017 de régler des intérêts de 113 millions $, dus sur des obligations internationales d’un montant global de 726,5 millions $. C’est la deuxième fois cette année après le défaut de paiement de 60 millions $ concédé en janvier, que le pays n’honore pas ses engagements.
Le marché n’a pas particulièrement réagi à cette nouvelle annonce, car le Mozambique a prévenu depuis octobre 2016, que la situation de sa dette ne lui permettait pas de régler ses intérêts en 2017. En avril 2016, le pays avait obtenu une restructuration d’une partie de sa dette internationale, en réajustant à la hausse les maturités et les intérêts.
Par la suite, ses créanciers avaient découvert l’existence de dettes souveraines cachées, de près de 2 milliards $, contractées par des sociétés parapubliques. Cette situation avait conduit le FMI à suspendre le programme économique en cours de réalisation avec le pays, jusqu’à ce que la clarté soit apportée sur ces obligations non divulgués.
Pour répondre à cette exigence, le gouvernement a requis l’expertise de la firme d’audit internationale Kroll. Une mesure saluée par le FMI et une partie des créanciers. Mais les résultats de ces travaux tardent à être publiés. Une nouvelle date de publication a été donnée pour la fin du mois de mai 2017, pour la synthèse, le rapport complet étant attendu plus tard.
La situation est à un stade de statut quo. Les créanciers refusent de discuter directement de la restructuration, tant qu’un plan clair n’a pas été arrêté avec le FMI. Ce dernier impose comme condition le rapport et une consolidation budgétaire. Et au sein du gouvernement se propage de plus en plus l’idée selon laquelle la responsabilité de la dette querellée incombe aux sociétés qui les ont contractées.
Sur le marché secondaire international, les eurobonds du Mozambique sont toujours les plus mal côtés des titres souverains africains, juste avant ceux de la République du Congo qui lui aussi a été en défaut en 2016, avant de se rattraper. Vendredi 19 mai 2017, ils se négociaient à 75% de leur valeur nominal, pour un rendement de 19%. Cela represente 9 points au-dessus du taux d’intérêt à payer sur chaque titre, qui est de 10,5%. Notons toutefois ce niveau est une amélioration, lorsqu’on le compare à celui du 28 avril 2017, lorsque les obligations souveraines mozambicaines se négociaient à 72% de leur valeurs pour un rendement de 20%.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d’Ivoire : « Private equity et venture capital, quels modèles de création de valeur pour les investisseurs, les entreprises et les Etats africains ? »