Le cabinet Digital TV Research prédit 13,64 millions d’abonnés africains à la SVoD à l’horizon 2027

(Agence Ecofin) - Avec l’arrivée sur le continent des grandes firmes internationales de la vidéo à la demande, le marché africain est de plus en plus observé. De nombreux experts essaient d’estimer la taille qu’il pourrait atteindre dans les prochaines années et les revenus qui pourraient y être générés.

En Afrique, selon le cabinet américain Digital TV Research, le nombre d’abonnés à la vidéo à la demande payante (SVoD) sera de 13,64 millions à l’horizon 2027. L’information a été communiquée par le rapport « Africa SVOD Forecasts » publié le 18 aout 2022. L’étude vient confirmer la difficulté pour les experts d’avoir des chiffres précis sur la SVoD africaine. Par exemple, le nombre d’abonnés prédit par Digital TV Research pour 2027 est inférieur aux 15 millions d’abonnés prédits par le français Dataxis à l’horizon 2026. La situation n’est pas étonnante quand on connait les efforts des services étrangers pour cacher leurs nombres d’abonnés dans une région de plus en plus concurrentielle.

Un secteur tendance mais encore peu dynamique sur le continent

Selon l’étude Africa SVoD Forecasts, le nombre d’abonnés à la vidéo à la demande payante en Afrique était de 4,9 millions à la fin de l’année 2021. Sur les 859 millions d’internautes dénombrés sur le continent, par l’étude Digital 2022 de Hootsuite et We Are Social, seulement 0,57% paient pour un service de streaming vidéo. Le chiffre parait faible quand on considère que les premiers acteurs africains du secteur, tels que iROKOtv, se sont lancé dès 2011, il y a maintenant 12 ans. De nombreux acteurs incriminent la connexion internet, le coût de la data et la régulation des différents pays qui ralentissent la croissance du secteur. Selon le rapport de Digital TV Research, même en 2027, seuls 6,6 % des foyers africains paieront au moins un abonnement d'ici 2027, contre 3,9 % à la fin de l'année 2021. Ces chiffres à eux seuls peuvent faire l’effet d’une douche froide pour l’enthousiasme des jeunes entreprises continentales voulant se lancer sur un marché africain de la SVoD où les acteurs étrangers se livrent déjà une très forte concurrence.

Un petit marché que se partagent déjà les principaux services étrangers

Selon Digital TV Research, Netflix sera, en 2027, le leader du marché avec 6,41 millions d'abonnés. Disney+ ne comptera qu'un million d'abonnements. Le cabinet voit Amazon Prime atteindre les 2,63 millions d'abonnés à cet horizon, pendant que le sud-africain, Showmax, considéré par le français Dataxis comme le leader du marché continental, devrait compter 2,069 millions. Ces estimations montrent encore une fois la difficulté pour les experts d’avoir des mesures justes sur le secteur. En effet, selon Dataxis, Showmax a déjà atteint les 2 millions d’abonnés. MultiChoice, la maison mère du service a publié des chiffres similaires dans ses récents rapports d’activité. Du côté des services étrangers, le nombre d’abonnés africains est gardé secret. La raison : le marché continental est désormais un vaste champ de bataille. Showmax résiste tant bien que mal à la concurrence de Netflix. Le service sud-africain doit maintenant faire pareil face à Amazon Prime Vidéo et Disney+ mais bientôt face à HBO+ et Paramount+ qui devraient se lancer en Afrique dans les prochains mois. Ces services visent principalement des pays comme le Nigeria et l’Afrique du Sud où la concurrence sur le marché de la SVoD est particulièrement rude. Au Nigeria par exemple, Amazon Prime Video a débauché chez ses concurrents pour former son équipe présente dans la république fédérale.

Sur un marché aussi concurrentiel, les services de SVoD africains ont des problèmes pour rentabiliser leur activité alors même que le contenu africain est de plus en plus demandé partout dans le monde. Par exemple, le nigérian iROKOtv a choisi de réduire ses investissements en Afrique pour se tourner vers le marché international. Afrostream, surnommé le Netflix africain,  a mis la clé sous le paillasson en 2017. Avec leurs importants moyens, les services étrangers coproduisent de nombreux films et séries africaines et pourraient devenir les principaux vendeurs de ce contenu de plus en plus demandé qui génèrera alors d’importants revenus loin du continent.

Servan Ahougnon