(Agence Ecofin) - La Libye a récemment réalisé des prouesses dans son secteur pétrolier. Ces résultats encourageants pourraient être freinés par le spectre d’un énième arrêt des opérations sur l’un de ses plus importants périmètres producteurs.
En Libye, des membres de Petroleum Facilities Guard (PFG) ont menacé d’interrompre les exportations de pétrole de Sharara, le plus grand champ pétrolier du pays qui a une capacité de production actuelle de 280 000 barils par jour. Selon les informations fournies par le média Argus le 8 avril, la milice armée explique cette décision par le non-versement de salaires liés à la fourniture de services de sécurité sur plusieurs champs du croissant pétrolier.
The Sharara oilfield was pumping crude oil near its capacity, at a rate of 280,000 bpd as of the middle of March, according to internal memos of the Akakus Oil joint venture operating the oilfield seen by Argus. https://t.co/75UMUOqEYJ
— Nino Brodin (@Orgetorix) April 9, 2021
En février 2021, un pétrolier a dû quitter le terminal d'exportation de Hariga en Libye sans pétrole, après que des membres du PFG ont empêché le navire de charger du brut, toujours dans le cadre d'une grève pour retard de paiement des salaires.
Notons que les menaces de perturbation des exportations de l’or noir par le PFG pour cause de salaires ou autres indemnités impayés ne sont pas nouvelles dans l'industrie pétrolière libyenne.
El Sharara est exploité par Akakus Oil, une joint-venture entre la NOC, l'espagnol Repsol, l'autrichien OMV, le norvégien Equinor et le français Total. Pour le moment, ni la NOC, ni ses partenaires exploitant le champ n’ont encore réagi face au lancement de l’ultimatum du groupe armé concernant leurs rémunérations.
La Libye produit actuellement plus de 1,3 million de barils par jour et pourrait atteindre les niveaux d’avant-guerre qui étaient de 1,6 million de barils par jour. Mais la possibilité de voir les activités suspendues sur le champ Sharara qui compte pour environ 1/3 de la production totale du pays pourrait chambouler les prévisions encourageantes du pays. Ce, d’autant plus que ce champ est considéré comme un joker dans les prévisions des prix mondiaux du pétrole.
Par ailleurs, la Libye qui souffrait du manque de financements pour moderniser les infrastructures du secteur énergétique n’est plus dans cette impasse, car Mohamed Aoun, le ministre libyen du Pétrole, a déclaré en mars 2021 qu’il y avait désormais suffisamment de fonds pour réaliser cet objectif. Cela a été rendu possible grâce à la stabilité politique naissante suite à la mise en place récente d’un gouvernement intérimaire d’unité nationale.
Lorianne Biaou
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