(Agence Ecofin) - Le boom longtemps attendu des véhicules électriques est effectif depuis plusieurs mois. Presque tous les grands constructeurs automobiles sont désormais engagés dans la transition vers la production de ce type de voitures. Mieux, la plupart d’entre eux ambitionnent de passer au tout électrique d’ici 2030. Si on ne peut pas encore dire si cette échéance sera respectée, on sait au moins qu’elle aura de grandes répercussions sur la demande de plusieurs minéraux produits en Afrique.
Objectif 2030
En 2020, 1 365 000 véhicules électriques (VE) ont été vendus en Europe, soit 10,5 % des ventes totales de véhicules. Selon les données de l’ONG Transport & Environnement, c’est une évolution par rapport à 2019 où la part de marché des VE n’était que de 3 %. Ces chiffres ne prennent pas en compte les marchés chinois et américains où les VE sont en plein essor. Avec la pression des investisseurs et les incitations des autorités gouvernementales des grandes puissances pour la transition énergétique, la hausse s’est un peu plus accentuée en 2021 et la plupart des constructeurs automobiles multiplient les annonces de nouveaux modèles de VE, veulent arrêter d’ici 2030 de produire des voitures traditionnelles et tout miser sur l’électrique.
En février 2021, le géant américain Ford a par exemple annoncé un investissement d’un milliard $ dans son usine allemande de Cologne pour accélérer sa transition vers le tout-électrique. « Ford s’engage à ce que d’ici mi-2026, 100 % de son offre de voitures en Europe soit électrique — hybride ou tout-électrique — et entièrement électrique d’ici 2030 », a-t-il indiqué. En mars, Volvo, qui estime qu’il n’y a « pas d’avenir à long terme pour les voitures équipées d’un moteur à combustion », a indiqué vouloir électrifier 100 % de sa flotte d’ici 2030. Pour Audi, la stratégie consiste à ne produire que des véhicules 100 % électriques à partir de 2026. Elle continuera de vendre ses derniers modèles thermiques jusqu’en 2033, année où elle va complètement arrêter d’en produire et d’en commercialiser. Chez Mercedes-Benz, tous les véhicules lancés à partir de 2025 seront électriques et le tout électrique est prévu pour 2030 avec un plan d’investissement de 40 milliards $. Citons également parmi les autres marques qui accélèrent sur la transition des géants comme Tesla, Renault, Nissan, Volkswagen ou encore Hyundai-Kia.
Impact sur la demande de plusieurs minéraux
S’il faut prendre du recul face à ces différentes annonces (le boom des VE a pris plusieurs années de retard avant de commencer), il faut souligner qu’elles ont un impact direct sur le marché des batteries électriques. Ces dernières sont un enjeu stratégique pour l’industrie automobile, car elles représentent 30 à 40 % du prix d’un VE. Selon les prévisions actuelles, la demande mondiale en batteries en GWh devrait être décuplée de 2020 à 2030. Cela devrait se traduire par une hausse de la demande de plusieurs minéraux comme le cobalt, le lithium, le manganèse ou encore le graphite. La rareté de ces minéraux que plusieurs pays africains possèdent dans leurs sous-sols, fait que les géants de l’automobile se battent pour garantir un niveau d’approvisionnement qui leur permettra d’atteindre leurs objectifs.
Alors que les prix de ces matières premières sont appelés à augmenter davantage dans les prochaines années, quelle stratégie les Etats africains mettent-ils en place pour profiter de cette opportunité ? Jusqu’à quand la RDC, le Mali, le Zimbabwe, le Botswana, le Burundi, l’Angola, le Mozambique, la Tanzanie ou encore Madagascar vont-ils se cantonner au simple rôle de producteur de ces minéraux essentiels pour le monde de demain ?
Louis-Nino Kansoun
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