(Agence Ecofin) - Selon la BAD, l’Afrique ne captera que 55 milliards $ de gains sur un marché des batteries et véhicules électriques estimé à 8 800 milliards $ d’ici 2025. En cause, son rôle d’exportateur de minerais bruts, quand des hubs de transformation se développent en Chine, aux États-Unis ou en Australie.
En Australie, le gouvernement fédéral a annoncé le 18 mai l’octroi de subventions en faveur de plusieurs sociétés actives sur des métaux critiques, dont un financement de 2,9 millions de dollars australiens (1,92 million $) pour EcoGraf. Cette subvention devrait couvrir près de 50 % des coûts de construction d’une installation test pour la future usine de transformation du graphite extrait à Epanko (Tanzanie) en anodes de batteries pour véhicules électriques (VE).
EcoGraf Receives Australian Government Grant
— EcoGraf (@EcoGraf) May 18, 2023
for Product Qualification Facility.
Read More > https://t.co/9NsbO79KxD
ASX: $EGR FSE: $FMK OTCQX: $ECGFF
Extract. Upgrade. Recycle.#CriticalMinerals #LowerEmissions #NetZero #LiBattery #EV #SupplyChain #HFfree #CleanEnergy pic.twitter.com/7HT0lWzNip
Pour EcoGraf, ce financement marque une étape supplémentaire dans sa stratégie visant à devenir un fournisseur direct du marché des batteries et des véhicules électriques, dont la taille devrait atteindre 8 800 milliards de dollars d’ici 2025. La nouvelle installation devrait en effet entrer en service l’année prochaine, permettant à la compagnie de sceller des accords d’achats pour sa future production. Cela devrait favoriser, in fine, le lancement rapide de la construction de la mine d’Epanko en Tanzanie, dans le but d’alimenter la future usine australienne.
La Tanzanie ne captera qu’une part minimale des profits
Malgré son montant relativement faible, la subvention fédérale obtenue par EcoGraf pour son projet de production d’anode de batteries pour VE n’est pas anecdotique. Elle constitue plutôt une illustration de l’engagement stratégique de l’Australie à devenir une « superpuissance de l’énergie propre », selon les mots de Madeleine King, ministre fédérale des Ressources.
« L’Australie dispose d’un potentiel remarquable pour répondre à la demande mondiale croissante de minerais essentiels aux technologies énergétiques propres, telles que les véhicules électriques et les batteries, alors que le monde s’oriente vers la décarbonisation », assure-t-elle.
Cette stratégie, qui rejoint celle des superpuissances que sont la Chine et les États-Unis, est cependant menée parfois au détriment d’autres pays, africains notamment, où les compagnies étrangères extraient le minerai brut qu’elles transforment ailleurs. Or, l’extraction ne représente qu’une part minimale, voire marginale, des profits générés par l’industrie des VE. D’après un rapport de la Banque africaine de développement paru en avril 2023, l’Afrique ne devrait ainsi capter que 55 milliards de dollars d’ici 2025, sur le montant de 8 800 milliards de dollars mentionné plus haut, en raison de son rôle de pourvoyeur d’usines étrangères.
L’institution panafricaine invite donc les pays africains à nouer des partenariats avec les pays consommateurs de ces minerais critiques (cobalt, terres rares, graphite, lithium, etc.) dont le sous-sol du continent regorge. L’objectif est de développer localement une industrie, d’abord centré sur des matériaux pour batteries comme les anodes ou les cathodes, avant de passer à l’étape de la production des batteries elles-mêmes. Outre l’empreinte écologique plus faible qui en résulterait, cette méthode serait même moins coûteuse, selon une étude de BloombergNEF.
Quelques initiatives sont déjà en marche en vue de concrétiser cette ambition, notamment un partenariat entre la Zambie et la RDC, soutenu par les États-Unis, des négociations entre la RDC et l’Union européenne, ou plus récemment une alliance entre différents futurs producteurs de terres rares en Namibie.
Emiliano Tossou
Lire aussi:
Sofitel Manhattan, NY, USA