«Il est temps pour l’industrie minière de poser des actes concrets dans la lutte contre le réchauffement climatique», PwC

(Ecofin Hebdo) - En 2018, le top 40 des plus grandes compagnies minières au monde a surfé sur la vague des «remarquables» succès enregistrés en 2017. Ces géants ont globalement augmenté production, flux de trésorerie, réduit leurs dettes et généré des dividendes presque record à leurs actionnaires. Toutefois, selon le rapport annuel de PwC sur l’industrie, paru le mois passé, ces performances n’impressionnent pas les investisseurs. Ces derniers s'inquiètent plutôt de l’incapacité de l'industrie à faire face aux risques et aux incertitudes d'un monde en mutation, avec en pole position la question du changement climatique.

 

Des performances de géants… 

Dans l’édition 2019 de son rapport sur l’industrie minière, intitulée «Resourcing the future», PwC a rapporté une augmentation en 2018 de 8%, à 683 milliards $, des revenus du Top 40 des plus grandes compagnies minières par la capitalisation boursière. Ce bond a été porté par des prix de matières premières en hausse et une croissance de 2% de la production. 

Le groupe dont il dresse un classement chaque année a remboursé 15,5 milliards $ d’emprunts nets, ce qui a fait chuter le niveau d’endettement en dessous de la moyenne décennale. En outre, elles ont enregistré une hausse de 4% à 165 milliards $ de leur bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (EBITDA). «Tous les ratios de liquidité et de solvabilité se sont améliorés au cours de l'année, laissant les plus grands mineurs du monde avec des bilans et des flux de trésorerie solides», peut-on lire dans le document.  

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La performance des 40 géants a atteint en 2018 des sommets inédits. 

 

Déjà «remarquable» en 2017, la performance des 40 géants a atteint en 2018 des sommets inédits.  La crise mondiale vécue en 2015 et l’ «agonie» traversée par l’industrie minière sont déjà bien loin.  

Déjà «remarquable» en 2017, la performance des 40 géants a atteint en 2018 des sommets inédits.  La crise mondiale vécue en 2015 et l’ «agonie» traversée par l’industrie minière sont déjà bien loin. 

Pour la première fois en cinq ans, les dépenses en capital ont augmenté en glissement annuel (+13%) pour atteindre 57 milliards $. Les experts de PwC en ont conclu que les mineurs continuent d’avancer prudemment, puisque la moitié des dépenses a été consacrée à des projets en cours. 

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En dépit des performances, les mineurs continuent d’avancer prudemment 

 

Ces succès financiers ont profité aux actionnaires, aux gouvernements et aux autres parties prenantes y compris les employés. Les 40 géants ont payé un total record de 43 milliards $ de dividendes aux actionnaires en 2018 selon PwC. En outre, la part de la valeur distribuée aux gouvernements sous forme de redevances et d’impôts directs a augmenté de 19 à 21%. 

 

Des résultats qui n’impressionnent pas les investisseurs… 

Malgré les chiffres positifs susmentionnés, les analystes de PwC ont révélé que la performance des 40 plus grandes compagnies minières a relativement peu impressionné les investisseurs. Ils avancent comme preuve la baisse de 18% à 757 milliards $ de la capitalisation boursière cumulée des entreprises du Top 40 en 2018. Si ce montant a augmenté au premier trimestre de 2019, il demeure inférieur de 8% au niveau de fin 2017.  

«Sur les 15 dernières années, le niveau de rendement offert aux actionnaires dans le secteur minier a été inférieur à celui du marché dans son ensemble, en comparant avec des industries comme le pétrole et le gaz», indique le rapport.  

«Les géants des mines ont encore beaucoup à améliorer pour que l’exploitation minière continue à créer de la valeur de manière durable».  

Selon Michal Kotzé,  le chef de l’industrie minière et de l’énergie de la branche sud-africaine de PwC, malgré leurs bonnes performances opérationnelles, «les géants des mines ont encore beaucoup à améliorer pour que l’exploitation minière continue à créer de la valeur de manière durable».  

 

La question du changement climatique au cœur des inquiétudes… 

Les investisseurs et les autres parties prenantes s'inquiètent de la capacité de l'industrie minière gérer les risques et incertitudes du monde actuel, en pleine mutation.  

«À l'échelle mondiale, les parties prenantes s'inquiètent du fait que l'industrie minière soit à la traîne en ce qui concerne un certain nombre de facteurs qui n'ont pas toujours été au cœur de ses préoccupations», a déclaré M. Kotzé.  

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« Un certain nombre de facteurs qui n'ont pas toujours été au cœur des préoccupations de l’industrie minière ». 

  

Ces facteurs comprendraient notamment la lutte contre les émissions, l’investissement dans la différenciation technologique et la numérisation. On retrouve également un engagement plus proactif auprès des consommateurs et le développement d’une « marque », autant de questions qui pèsent sur les valorisations boursières.  

Selon PwC, les investisseurs s'inquiètent de la légèreté des réactions des sociétés minières face au changement climatique et à la fréquence croissante des phénomènes météorologiques extrêmes. Si certaines entreprises ont adopté des stratégies de lutte contre le changement climatique, d'autres semblent indifférentes. Et il faudra que cela change surtout que le secteur se retrouve constamment sous le feu des projecteurs dans les débats sur la réduction des émissions de carbone.   

Selon PwC, les investisseurs s'inquiètent de la légèreté des réactions des sociétés minières face au changement climatique et à la fréquence croissante des phénomènes météorologiques extrêmes. 

Pour rétablir la confiance en l’industrie minière, les grandes compagnies du Top 40 doivent prouver qu’elles suivent le rythme du changement en transformant leur réputation de «transformateurs de saletés» en «constructeurs éminents de capital économique et social». À en croire les experts de PwC, cela passera par la priorisation des stratégies vertes.  

«Au-delà de la réduction de la consommation d'eau souterraine et des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre […] les investisseurs semblent vouloir que les géants miniers investissent dans les technologies vertes et dans des solutions plus écologiques pour leurs utilisations finales respectives», estime le cabinet.  

 

Les 40 plus grosses capitalisations boursières du secteur minier selon PwC 

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Louis-Nino Kansoun 

Louis Nino Kansoun

Ndeye Khady Gueye

 

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