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Tchad : le ministre du Pétrole livre les raisons de la nationalisation des actifs pétroliers détenus par ExxonMobil

  • Date de création: 31 mai 2023 16:59

(Agence Ecofin) - En décembre 2022, ExxonMobil avait engagé la cession de ses actifs pétroliers tchadiens à Savannah Energy. L’opération n’a pas abouti, bloquée par le gouvernement du Tchad qui estimait le deal illicite.

Dans une interview qu’il a accordée mardi 30 mai, Djerassem Le Bemadjiel (photo), le ministre tchadien du Pétrole et de l’Énergie s’est exprimé sur le contentieux entre le Tchad et les compagnies pétrolières ExxonMobil et Savannah Energy au sujet du champ pétrolifère de Doba.

Il y a quelques mois, le pays d’Afrique centrale avait unilatéralement bloqué un processus de cession à Savannah Energy, des 40 % de participation que la société américaine ExxonMobil détenait dans l’exploitation de ce gisement pétrolier et dans le pipeline Tchad-Cameroun.

À l’époque, les autorités tchadiennes avaient évoqué la violation du droit de préemption normalement reconnu à la société publique du pétrole du Tchad (SHT). Cette raison n’est vraisemblablement pas la seule.

Le ministre a signalé d’autres griefs faits aux partenaires dans le cadre de cette transaction. Le premier, souligne le responsable, c’est que ExxonMobil aurait été « irrespectueuse » des intérêts du Tchad dans le processus. Sans compter que la société n’aurait pas honoré ses engagements environnementaux.

La deuxième raison évoquée par Djerassem Le Bemadjiel, c’est l’inéligibilité de Savannah Energy à reprendre et gérer efficacement les intérêts qu’elle s’apprêtait à acquérir. Particulièrement, c’est l’expérience de la compagnie britannique qui est remise en cause.

« Avoir un partenaire sérieux à la place d’ExxonMobil est essentiel non seulement pour le projet Doba, mais aussi pour l’ensemble du secteur pétrolier. En termes d’expérience sur le terrain d’exploitation d’un grand champ comme celui de Kome ou d’un oléoduc [Savannah, Ndlr] ne l’a pas », a déclaré le ministre. Et d’ajouter : « La loi tchadienne est claire : toute ressource naturelle souterraine appartient à l’État, vous ne pouvez pas la vendre à qui que ce soit sans l’approbation du gouvernement ».

C’est donc dans ce contexte que le Tchad a procédé à la nationalisation des intérêts d’ExxonMobil dans la réserve pétrolière de Doba et le pipeline Tchad-Cameroun, à défaut d’en autoriser la monétisation par un autre partenaire. Décision contestée par Savannah, parce que contraire, selon elle, aux « conventions auxquelles Savannah et la République du Tchad sont, entre autres, parties ».

Pour l’heure, l’affaire qui a d’ailleurs affecté les relations diplomatiques entre le Tchad et le Cameroun, est désormais pendante devant la Chambre de commerce internationale (CCI) située à Paris, pour arbitrage.

Abdel-Latif Boureima

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