(Agence Ecofin) - Principal émetteur de gaz à effet de serre sur le continent, à cause de sa dépendance au charbon, l’Afrique du Sud est pressée de toutes parts pour arrêter l’utilisation du combustible fossile. Mais cela pose d’autres défis au pays, en matière d’approvisionnement énergétique et d’emplois.
Eskom, la compagnie nationale d’électricité sud-africaine, pourrait réduire « immédiatement » sa capacité de production de 16 000 MW, à cause des règles antipollution en vigueur dans le pays. C’est ce que l’entreprise a annoncé cette semaine, après que le ministère de l’Environnement lui a refusé les exemptions nécessaires pour certaines de ses centrales électriques au charbon.
Si cette décision est appliquée, c’est le tiers de la capacité de production nationale de l’Afrique du Sud, dépendante à 80% du charbon, qui est en danger. Très endettée, l’Eskom a fait part en effet de son incapacité à mobiliser 300 milliards de rands (plus de 18 milliards $) afin de se mettre aux normes antipollution avec l’installation de purificateurs d’air.
Il faut souligner que ce problème, qui rappelle la dépendance de l’Afrique du Sud à l’égard du charbon, intervient alors que le gouvernement cherche à arrêter le recours au combustible fossile le plus polluant au monde. Eskom doit ainsi réduire de moitié sa capacité de production nominale d’ici 2035, en fermant plusieurs centrales à charbon.
Pour y arriver, la compagnie discute avec les bailleurs de fonds pour passer à la production d’énergie de sources renouvelables. Alors que plusieurs pays occidentaux ont annoncé, en marge de la COP 26, une enveloppe de 8,5 milliards pour soutenir le passage de l’Afrique du Sud aux énergies propres, Eskom estime qu’il s’agit d’une meilleure alternative à des investissements destinés à réduire la pollution des centrales à charbon.
Rappelons toutefois que la sortie du charbon fait débat en Afrique du Sud, à cause notamment des risques économiques qu’elle pose. Le pays dispose en effet d’immenses réserves qui lui rapportent des devises étrangères grâce aux exportations. De plus, l’emploi des travailleurs des mines et centrales est menacé puisque la transition énergétique n’absorbera pas toute cette main-d’œuvre.
Emiliano Tossou
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