(Agence Ecofin) - A la Cop 26, plusieurs pays occidentaux ont annoncé une initiative visant à mobiliser 8,5 milliards $ pour aider l’Afrique du Sud à accélérer son passage à des sources d’énergies plus propres. Le 12ème plus grand émetteur de gaz à effet de serre fait face aux pressions externes comme internes.
En Afrique du Sud, le gouvernement devra comparaître devant la Haute cour pour répondre à des accusations selon lesquelles il « menace le droit de la population à un environnement non nuisible à la santé » par ses plans de construction de nouvelles centrales électriques fonctionnant au charbon.
Le ministre de l’Energie Gwede Mantashe et l’Autorité de régulation de l’énergie (Nersa) ont été assignés en justice par trois organisations de la société civile, en l’occurrence groundWork, African Climate Alliance et Vukani Environmental Justice Movement in Action.
Selon les détails relayés par plusieurs médias internationaux, les plaignants ont d’abord envoyé au ministre et à la Nersa une lettre pour leur demander l’abandon du plan de l’Etat prévoyant la construction de 1 500 MW de nouvelles centrales alimentées au charbon.
Le plan présenté en 2019 porte en effet sur la constitution et l’évolution du mix énergétique de la nation arc-en-ciel jusqu’en 2030. Il vise à réduire à moins de 60 % la part du charbon dans le mix (actuellement à environ 80 % selon les données officielles), tout en augmentant la part des énergies renouvelables.
« Les nouvelles centrales au charbon vont à l’encontre de notre droit constitutionnel à un environnement non nuisible à la santé et au bien-être, non seulement pour les générations actuelles, mais aussi pour les générations futures », déclare Nicole Loser, du Centre for Environmental Rights, qui représente les trois organisations.
Selon elle, il n’y a aucune base justifiable pour la limitation des droits constitutionnels, « car l’énergie renouvelable, plus propre et moins nocive, est à la fois une alternative réalisable et moins chère face aux nouvelles centrales au charbon ».
Débat autour de la sortie du charbon
Cette action en justice intervient alors que l’abandon du charbon continue de diviser en Afrique du Sud. Alors que certains militent pour un arrêt immédiat de la construction de nouvelles centrales au charbon, d’autres penchent plutôt pour une sortie douce.
Pour le ministre Mantashe par exemple, le pays ne doit pas précipiter son passage aux énergies renouvelables au risque de vivre une crise énergétique comme celle actuelle en Chine. « Je ne dis pas le charbon pour toujours […]. Je dis que nous devons gérer notre transition étape par étape plutôt que d’être émotif. Nous ne sommes pas une économie développée, nous ne disposons pas de toutes les sources alternatives », a-t-il déclaré en octobre dernier.
A la Cop26 où plus de 40 pays ont signé un engagement visant à abandonner le charbon au profit des énergies propres, la question a évidemment été discutée. Si tout le monde semble s’accorder sur la nécessité de l’abandon du charbon, les échéances sont encore loin de faire l’unanimité surtout chez les pays africains riches en ressources charbonnières.
Le Botswana a par exemple renoncé à une clause appelant à cesser de délivrer de nouveaux permis pour des projets d’exploitation de charbon. Alors que le lobbying des militants écologiques ne cesse de s’intensifier, les implications de la transition énergétique et les actions qu’elle exigera des Etats africains n’ont pas fini de faire couler de l’encre.
Louis-Nino Kansoun
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