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Enjeux et impacts de la réduction par Barclays de sa présence en Afrique

Sur le Johannesburg Stock Exchange, la tempête qui s’annonçait sur Barclays Africa Goup Limited semble se transformer en petite brise, depuis que Barclays Group Plc, son principal actionnaire avec 62,3% du capital a donné sa position finale quant à ses perspectives en Afrique. Les bons résultats en Rand sud-africain ont été suffisamment satisfaisants pour stimuler l’engouement des investisseurs. Après avoir chuté de 6% lundi 29 février 2016, le titre a d’abord gagné 4,8% le mardi suivant et a terminé la journée de mercredi sur une progression de 3,9%, avec une amélioration des ordres d’achat. Ce revirement des investisseurs n’a pas de quoi surprendre. Les résultats financiers du groupe sont plutôt bons. Peu de gens en ont parlé parce que concentrés sur l’annonce du repli du groupe parent. Pourtant, Barclays Africa qui regroupe 12 pays en Afrique, hormis l’Egypte et le Zimbabwe,  est resté assez solide sur ses marchés. Son bénéfice d’exploitation a été de 14,3 milliards de rand, en progression de 10%. Les rendements sur capitaux propres progressent à 17,4% (contre 16,1% en 2014), un indicateur meilleur que le coefficient des charges sur fonds propres qui se limite à 13,4% sur la période de référence. A l’échelle du groupe Barclays, le ratio des rendements sur capitaux propres des activités africaines a été de 8%  en 2015. A taux de change constant, c’est-à-dire lorsqu’on ne tient pas compte de la dépréciation des monnaies des filiales africaines (Rand et Livre Egyptienne) le résultat net de ce segment affiche une progression de 7% en Livres Sterling.

 

Pourquoi Barclays réduit sa présence en Afrique

Certain médias n’ont pas manqué d’y voir une réaction aux changements des fondamentaux sur les marchés africains qui, par principe offrent moins de garanties que le marché bancaire britannique. D’ailleurs John Mcfarlan, le président du conseil d’administration de Barclays l’a bien fait savoir, même si les résultats de la filiale africaine ont été solides en monnaie locale, « la dépréciation du rand (monnaie sud-africaine) a contribué à plomber  son bénéfice net en livres sterlings ».  En plus le marché africain tout entier, continue d’être impacté par la baisse des prix des matières premières et le repli de la plupart des devises des pays de la région. Mais la grande raison qui pousse Barclays à réduire le volume  de ses actifs en Afrique trouve son origine dans la règlementation fiscale en Grande Bretagne. En 2011, le trésor public britannique (qui disait mettre en application des recommandations du G20 contre des pratiques financières internationales à risque) a introduit une taxe pesant sur le passif des grands groupes bancaires basés en Angleterre et ayant des opérations internationales. Fondamentalement, les banques octroient des prêts sur la base des dépôts de la clientèle. La différence entre les revenus d’intérêts et les charges d’intérêts  constituant le produit d’exploitation bancaire. Au niveau international, les grands groupes bancaires avaient trouvé un moyen de mobiliser des ressources financières (très importantes et avec des maturités de court terme), pour réaliser certaines opérations de prêts. Le gouvernement britannique a donc décidé de s’opposer à ces pratiques, qui de l’avis de certains experts, ont été des facteurs à la crise financière internationale de 2008. Cette taxe (Levy) sur le passif global des grands groupes bancaire basées en Angleterre avait été fixé à 0,07% et a progressé continuellement jusqu’en 2015. Barclays Group paye ainsi  100% du « Levy » relatif à Barclays Africa, alors qu’elle ne possédait que 62,4% de son capital. Dans l’ensemble, les activités bancaires de l’Afrique ont généré une charge fiscale sur la dette de 52 millions de livres sterling, soit environ 73 millions $ (5,7% environ de son bénéfice net). D’ailleurs Barclays pour les mêmes raisons compte se désengager de plusieurs de ses opérations à l’international (Monaco, Genève), ce qui lui permettra de renforcer son ratio de capital de Tier 1 qui est encore en dessous des normes britanniques. Rappelons par ailleurs que le gouvernement britannique a décidé de retirer progressivement cette taxe sur le passif au cours des 4 prochaines années. Mais il a proposé d’accroitre de 8% l’impôt sur le bénéfice des banques. Une mesure actuellement en discussion.

 

Que quitte Barclays en Afrique ?

Le groupe a  annoncé qu’il va réduire sa participation au sein de Barclays Africa, sa plus grosse filiale africaine, jusqu’à un niveau de déconsolidation comptable et d’un point de vue règlementaire. Donc le groupe britannique ne compte pas sortir complètement du marché africain, il ne veut simplement plus que Barclays Africa soit consolidé dans son capital, un statut qui lui coûte cher sur le plan fiscal et n’apporte qu’une contribution moyenne sur les bénéfices. L’information n’a pas été particulièrement commentée parce que tout le monde était focalisé sur Barclays Africa, mais Jes Staley dans sa note aux investisseurs, a indiqué que son plan de restructuration prévoit de quitter entre autres lieux des opérations, l’Egypte, et le Zimbabwe. La volonté de Barclays de quitter le marché égyptien n’est pas nouvelle. Une tentative de fusionner cette filiale avec Barclays Africa a échoué en fin décembre 2015. Ce qu’on ignore par contre, c’est si Barclays lâchera prise sur le marché des arrangements obligataires en Afrique. Selon des données fournies par Dealogic, le groupe est un acteur majeur de ce segment des activités financières sur le continent et depuis 2008, a toujours été parmi les 5 premiers. En 2015, Barclays a terminé deuxième avec des arrangements d’obligations internationales au profit des organisations africaines pour une valeur de 2,1 milliards $. En 2014, il avait terminé premier avec des arrangements pour 3,2 milliards $.

 

Qui pour reprendre Barclays ?

Les repreneurs potentiels des actifs de Barclays ne sont pas très visibles, et pourtant les spéculations vont bon train. Un qui a été cité très récemment, est la firme Atlas Mara qui, bien que basée en Grande Bretagne, n’est pas vraiment une banque. Elle a donc plus de marge d’action Son co-fondateur et président, Bob Diamond a été un des anciens directeurs généraux de Barclays et, à son époque, il a conduit le groupe sur son offensive africaine. John Vitalo, l’actuel directeur général d’Atlas Mara, est lui aussi un ancien du groupe Barclays. Il a dirigé pendant un certain temps, la branche investissement d’ABSA, la filiale sud-africaine du groupe Barclays Africa. Il connait donc la maison. On retrouve aussi chez Atlas Mara, Arnold Ekpe, l’ancien directeur général du groupe bancaire panafricain Ecobank Transnational Incorporated. Son expérience des régulations et environnements africains peut être fondamentale dans un tel contexte. Approché sur le sujet par la chaine CNBC Africa, Ashish Thakkar Mara, l’autre fondateur de la firme Atlas Mara, a indiqué simplement, que : « Notre message est clair, nous voulons bâtir un groupe bancaire influent en Afrique. Dans ce contexte, nous somme approchés avec plusieurs propositions, mais dans nos règles de gouvernance, nous nous interdisons de parler des situations spécifiques ». Mais de l’avis de certains analystes Barclays Africa serait trop gros pour la firme. Tout au plus, elle pourrait acquérir certains actifs notamment la filiale zimbabwéenne ou des branches précises d’activités. Atlas Mara mis de côté, les repreneurs ne manquent pas. Le groupe sud-africain Nedbank, actionnaire majoritaire d’Ecobank serait aussi ravi de pouvoir limiter la concurrence dans son projet panafricaniste, déblayant ainsi le chemin pour Old Mutual, son actionnaire de référence, qui affiche clairement son ambition d’inonder la région. La saga africaine du groupe Barclays en Afrique est encore en train de s’écrire. Elle promet des rebondissements intéressants dans les 3 prochaines années.

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