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Nigéria: le rêve serait-il en train de virer au cauchemar pour les investisseurs?

Elle peut sembler désormais loin, l'année 2014 au cours de laquelle une redéfinition de la base de calcul de son produit intérieur brut (PIB), a hissé le Nigéria au rang de première économie d'Afrique. Le pays avait de quoi séduire avec un marché de près de 175 millions de consommateurs potentiels, un PIB en hausse de 6,7% à 540 milliards $, un dynamisme effectif du marché des capitaux notamment du Nigerian Stock Exchange et surtout un prix du pétrole à des niveaux jamais atteint (+ de 120 $/baril).

Les dernières nouvelles sur le pays sont désormais moins excitantes. Le Fonds Monétaire International (FMI) dans sa récente note d'analyse sur le pays, a indiqué que la croissance en 2015 a été de seulement 2,7%. Une situation qui, selon l’institution, a, au-delà de la situation macroéconomique, affecté les performances des entreprises, diminué la résilience du système bancaire et éloigné les espoirs de réduction du chômage et de la pauvreté (des facteurs négatifs pour la consommation et donc pour la croissance des entreprises). A ces défis structurels s'ajoutent des questions de régulation extrêmement rigides.

Les déboires du premier producteur de pétrole en Afrique coïncident avec la baisse de près de 60% des prix de l'or noir sur le marché international ayant débuté au quatrième trimestre 2014. La ressource compte pour seulement 8% dans le PIB du pays, mais reste la principale source de devises étrangères dans ce pays (90% selon le FMI) qui, comme beaucoup d'autres en Afrique subsaharienne, a une forte dépendance aux importations. Une situation très vorace en dollars US, alors que les réserves du pays en dollars se sont bien réduites.

Dans ces conditions, le rêve nigérian semble se transformer en cauchemars pour des investisseurs notamment étrangers, qui ont commencé à partir. Sur la bourse de Lagos, les indicateurs récent révèlent que les désengagements des étrangers sur ce marché ont atteint 58,2 milliards de nairas entre le début de l'année 2016 et la fin du mois de février. Déjà en 2015 les transactions des investisseurs étrangers sur ce marché ont été de 1025 milliards de nairas, en baisse de 50% comparé au volume record de 1539 milliards de nairas atteint en 2014.

Dans une perspective plus concrète, certaines entreprises révisent leurs positions sur le Nigéria, lorsqu'elles ne sont pas simplement en train de plier bagage. En novembre 2015, le groupe sud-africain Tiger Brands a mis fin à sa romance avec Dangote Flour Mills après deux ans d'exploitations déficitaires. Plus récemment, c'est Truthworths, un autre groupe sud-africain, spécialisé dans la vente de vêtements, qui a fermé sa dernière boutique pointant du doigt la restriction d'accès au change qui perturbait les opérations.

Le désintérêt ne concerne pas que les entreprises, même les fonds d'investissement ou les gestionnaires d'actifs sont entrés dans la danse. Ainsi, un regard sur l'évolution des portefeuilles d'Ashmore Groupe ou d'Aberdeen Asset Management indique clairement une réduction de leurs expositions aux actifs nigérians. Au mois de février, la deuxième édition du rapport qui classe des pays d'Afrique subsaharienne selon la perception des investisseurs, a relégué le Nigéria à la quatrième place, derrière la Côte d'Ivoire (premier), le Kenya et la Tanzanie.

A côté de ces défis purement structurels, certaines autres entreprises doivent faire face aux décisions de gestion publique. MTN Group, le leader africain du secteur de la téléphonie mobile par le nombre des abonnées, doit encore se battre pour gérer une amende record de 5,1 milliards $ qui a été ramené à 3,9 milliards $. Il y a quelque peu, c'est Ecobank qui émettait un profit warning sur son exercice 2015, évoquant en grande partie les défis qu'il rencontre au Nigéria, son principal marché.

Aussi bien Muhamadu Buhari, le nouveau président de la République que Godwin Emefiele, son nouveau gouverneur de la banque centrale, ont reconnu l'ampleur des difficultés, notamment en rapport avec la gestion de la politique monétaire. Mais même à Christine Lagarde qui a visité le pays en tout début d'année, les responsables du FMI ont expliqué qu'une dévaluation du naira serait difficilement gérable, et augmenterait une inflation qui a déjà atteint les 11,4% à la fin du mois de février 2016, selon des données de la banque centrale.

Mais il ne faut pas se tromper, si le Nigéria traverse des moments difficiles, cela n'en fait pas une destination à éviter. D'ailleurs certains investisseurs préfèrent voir le bon côté des choses, notamment la possibilité d'acquérir des actifs à des prix  accessibles, dans un marché qui n'a pas perdu complètement ses fondamentaux.

Sur le Nigerian Stock Exchange, on peut noter, que les transactions ont connu une progression positive entre janvier et février 2016, passant de 84,1 milliards de nairas, à 117,2 milliards de nairas avec un positionnement à 63,2% des investisseurs locaux, contre seulement 25% en 2015 à la même période. Par ailleurs, Coca Cola a investi début janvier, l'équivalent de 240 millions $ pour acquérir 40% de Chi Limited, une entreprise basé à Lagos et qui fait dans les boissons. Au mois de février, Boston Consuting Group a ouvert son premier bureau de représentation au Nigéria.

Aussi, le Koweïtien Agility Public Warehousing Co voit en le Nigéria une énorme opportunité, et a décidé d'y investir des centaines de millions $ pour la construction d'entrepôts dans les villes de Lagos et d'Abuja via sa division Afrique. Enfin, à côté des désinvestissements sur le marché financier de Lagos, il est aussi important de relever que les injections de capitaux étrangers y ont atteint 27 milliards de nairas entre janvier et février.

Cauchemars pour certains, nouveau rêve pour d’autre, le Nigéria aura encore de belles aventures à offrir aux investisseurs dans les prochaines années.

Idriss Linge

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