Baisse du prix du cuivre : l’Afrique a-t-elle des raisons de s’inquiéter ?

(Agence Ecofin) - En mars dernier, le prix du cuivre a établi un record historique à plus de 10 800 dollars la tonne. Cette hausse avait de quoi enthousiasmer les principaux producteurs africains parce qu’elle était synonyme de plus de profits à tirer du secteur. Quelques mois après, la donne a changé.

Le vendredi 24 juin dernier sur le London Metal Exchange (LME), le cuivre s’est négocié à 8 367 dollars la tonne, soit une baisse de 25 % par rapport à son record historique à plus de 10 800 dollars/tonne établi en mars dernier, et son plus bas niveau depuis février 2021. La tendance baissière du cours du métal rouge, entamée depuis plusieurs semaines déjà, continue donc et les producteurs commencent à s’alarmer. En Afrique, les principaux pays concernés sont la RDC et la Zambie.

Depuis mai, le cuivre est en difficulté à cause du recul des activités sur d’importants marchés. Les investisseurs craignent qu’un ralentissement de l’économie mondiale affecte la demande du cuivre à court et à moyen terme. Leurs inquiétudes se sont renforcées à cause des efforts que déploient les banques centrales pour contenir l’inflation, efforts qui pourraient ralentir la croissance économique et agir négativement sur la demande de cuivre.

Quid des perspectives ?

Alors que plusieurs acteurs du marché se demandent quelle sera la durée de ce momentum baissier, les divers avis d’analystes peuvent aider à se faire une idée des perspectives. Dans une note publiée récemment, Fitch a prédit une augmentation de la demande mondiale de cuivre au deuxième semestre 2022, et en conséquence revu à la hausse ses prévisions de prix pour le métal rouge. Plus tôt ce mois, RBC Capital Markets indiquait qu’il devrait y avoir un « léger » excédent sur le marché du cuivre en 2023 et en 2024, tablant sur un prix du cuivre à 3,75 $ la livre (environ 8 200 $ la tonne) au cours des deux prochaines années.

Si les prévisions à court et moyen terme restent donc plus ou moins incertaines, la donne serait néanmoins différente pour le long terme. Selon Máximo Pacheco, le président du Conseil d’administration de la compagnie minière chilienne Codelco (premier producteur mondial de cuivre) cité par Reuters, les perspectives du marché sur le long terme restent solides malgré la forte baisse actuelle.

« Nous sommes peut-être dans des turbulences temporaires à court terme, mais ce qui est important ici, ce sont les fondamentaux […]. Dans un monde où le cuivre est le conducteur par excellence et où il n’y a pas beaucoup de nouveaux gisements non plus, le prix du cuivre semble très ferme parce que l’avenir semble très électrique », a-t-il expliqué.

Cette sortie ne manque pas de pertinence quand on prend en compte le contexte actuel de transition énergétique. Le cuivre fait en effet partie des métaux stratégiques nécessaires aux changements en cours, surtout dans l’industrie automobile où les plans d’électrification des parcs se multiplient à travers le monde.

D’après un rapport du CRU Group publié l’année dernière, la demande mondiale de cuivre pour alimenter les véhicules électriques devrait être multipliée par 13 pour atteindre 4 millions de tonnes par an en 2040, contre seulement 300 000 tonnes en 2020.

Louis-Nino Kansoun

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22/06/2021 - La consommation de cuivre dans les véhicules électriques augmentera de 1200 % d’ici 2040 (CRU Group)