(Agence Ecofin) - Alors que cette actualité ne fait pas le buzz dans des médias africains, la décision de Rand Merchant Bank Holdings et Remgro de sortir du capital de FirstRand Bank via la distribution de leurs participations à leurs propriétaires, continue de faire couler de l'encre en Afrique du Sud. La question en filigrane est celle de savoir si l'option d'une cession de ces parts à un autre investisseur pour créer plus de valeurs au profit de leurs actionnaires n'était pas possible.
FirstRand a beau être la deuxième société la plus valorisée des marchés financiers africains, l'intention de ses gros actionnaires de vouloir se désengager ne semble pas avoir attiré l'attention de gros investisseurs. L'institution financière a pourtant de quoi séduire. Sur la base de ses indicateurs de 2018, il en ressort que sa marge de rentabilité sur les fonds propres est de 39,15%, contre 34,6% de moyenne pour l'ensemble du secteur. La banque affiche aussi la meilleure moyenne de marge de bénéfice net sur les cinq dernières années (28,6%), contre 24,5% pour le secteur bancaire sud-africain.
Mais ces solides performances cachent quelques faiblesses. Bien que rentable, FirstRand semble ne pas générer suffisamment de cash. Divisée par le nombre de ses actions, sa trésorerie représente 15% de sa capitalisation boursière, contre 40% pour le secteur bancaire sud-africain. Aussi, le revenu par action est de seulement 18,3 rands, contre plus de 50 rands pour l'ensemble du secteur. Ces deux derniers points permettent de comprendre que d'une certaine manière la valeur boursière de FirstRand est surévaluée en comparaison à sa capacité de générer du cash.
A côté de ces facteurs contraignants propres à la banque elle-même, il y a que peu de banques internationales souhaiteraient prendre une part significative dans une banque sud-africaine. Le contexte macroéconomique du pays demeure assez incertain. Le gouvernement a du mal à trouver des solutions aux problèmes contingents que représentent les entreprises d'Etat. Les revendications syndicales pèsent sur la rentabilité des entreprises et ces mauvaises nouvelles constituent des risques pour le secteur financier.
Enfin, les grands groupes bancaires européens sont dans une logique de cession des actifs, en raison de nouvelles régulations qui leur imposent des règles strictes de prise en compte des risques. RMB Holdings devrait au terme de son processus de désengagement, sortir de la Bourse de Johannesburg. Mais personne ne peut dire comment réagiront les investisseurs avec les actions FirstRand qu'ils auront reçues du désengagement de RMB Holdings et Remgro. S’ils cherchent à réaliser des plus-values en vendant ce qu’ils ont reçu, le groupe bancaire risquerait de perdre sa place de première valorisation bancaire d'Afrique.
Idriss Linge
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