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En Afrique, les « émeutes de la soif » se sont multipliées par 40 depuis 2010 (Fondation Mo Ibrahim)

  • Date de création: 27 mai 2022 20:31

(Agence Ecofin) - Le changement climatique agit comme un catalyseur de tensions sociales en Afrique, où les émeutes et les conflits liés à la rareté de l’eau se multiplient à une vitesse vertigineuse.

La diminution des ressources induite par le dérèglement climatique est en passe de devenir un important facteur d’instabilité sociale en Afrique. C’est ce qui ressort d’une étude publiée le mercredi 25 mai par la Fondation Mo Ibrahim, en marge de son forum annuel consacré au changement climatique.

Intitulée « En route vers la COP 27 : faire valoir les arguments de l'Afrique dans le débat sur le climat » (The Road to COP27 : Making Africa’s Case in the Climate Debate), cette étude révèle que les émeutes, manifestations et autres troubles sociaux liés à la raréfaction des ressources hydriques sur le continent se sont multipliés par 40, depuis 2010. Vingt pays africains ont en effet connu au moins 10 protestations ou émeutes liées à l'eau durant la période sous revue. Les cinq pays les plus touchés par ce qu’il est convenu d’appeler les « manifestations de la soif » (l'Algérie, le Maroc, l'Afrique du Sud, le Soudan et la Tunisie) souffrent tous d'un niveau de stress hydrique élevé.

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L’étude souligne également que la perte des moyens de subsistance et la diminution des ressources liées au dérèglement du climat favorisent les migrations et les déplacements internes des populations. Dans neuf pays africains (RDC, Ethiopie, Kenya, Mozambique, Niger, Nigeria, Somalie, Soudan du Sud et Soudan), au moins 1 million de personnes ont été déplacées à l'intérieur de leur pays par des catastrophes naturelles, depuis 2010.

En l’absence de politiques de lutte contre ce phénomène, le nombre de migrants climatiques en Afrique subsaharienne devrait atteindre 85,7 millions de personnes, d’ici 2050, soit l'équivalent de 4,2 % de la population du continent.

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Hausse des phénomènes climatiques extrêmes

Les auteurs de l’étude ont par ailleurs noté une augmentation de la fréquence des phénomènes climatiques extrêmes. L'Afrique, où les températures augmentent déjà plus vite que partout ailleurs (plus de 2°C en moyenne par an), est la région la plus touchée au monde par la sécheresse, avec 81 épisodes entre 2010 et 2020, et 172,3 millions de personnes affectées.

Les précipitations deviennent quant à elles, de plus en plus imprévisibles.

En 2020, les précipitations annuelles moyennes sur le continent ont diminué dans 29 pays et augmenté dans 25 pays par rapport à 1901, alors que le nombre des personnes touchées par les inondations sur la période allant de 2010 à 2020 s’est élevé à plus de 43 millions.

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Le changement climatique devrait plonger 78 millions de personnes supplémentaires dans la faim chronique d'ici 2050, dont plus de la moitié seront des habitants des pays d’Afrique subsaharienne.  

La Fondation Mo Ibrahim rappelle dans ce cadre que l’Afrique est la région du monde la moins responsable du dérèglement du climat. Selon les calculs de ses chercheurs, le continent n’a contribué que pour 3,3 % du total des émissions mondiales de dioxyde de carbone depuis 1960, et les émissions de gaz à effet de serre par habitant en Afrique sont dix fois inférieures à celles de l'Amérique du Nord ou de l’Océanie.

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