(Agence Ecofin) - Les frictions s'accroissent entre l’empire du Milieu et les Occidentaux au sujet de la restructuration de la dette de la Zambie. Accusée d’être un « obstacle » à la résolution du problème, Pékin estime que la balle est plutôt dans le camp des institutions financières multilatérales et des créanciers privés.
Le gouvernement chinois a appelé le 31 janvier, les institutions financières multilatérales à participer au processus de restructuration de la dette de la Zambie, affirmant ainsi résolument sa position au sujet de l’épineux dossier du traitement des dettes des pays sous-développés.
« Les institutions multilatérales et les créanciers privés détiennent la majorité de la dette extérieure de la Zambie, soit respectivement 24% et 46%. La clé réside donc dans leur participation aux efforts d'allègement de cette dette », a déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning (photo), lors d’une conférence de presse.
Elle a aussi souligné l'importance qu’accorde son pays à la résolution du problème de la dette zambienne, indiquant que Pékin « a joué un rôle constructif dans le traitement de la dette de ce pays au titre du cadre commun du G20 ». Il s’agit d’une initiative d’allègement pour les pays à faible revenu, qui réunit les Etats membres du Club de Paris, les créanciers privés et la Chine.
Mao Ning a d’autre part fait savoir que « la coopération financière entre la Chine et l'Afrique a toujours été axée sur le renforcement de la capacité de ce continent à se développer de manière indépendante et durable », citant l’exemple de la centrale hydroélectrique zambienne de Kafue Gorge Lower (KGL) qui a permis de réduire les émissions de carbone de 663 500 tonnes par an.
La Banque mondiale invite Pékin à « passer à autre chose »
L’appel lancé par la Chine pour l’implication des institutions financières multilatérales dans le processus d’allègement de la dette des pays en développement marque la détermination de Pékin à réformer le système mondial de restructuration de la dette souveraine, qui a traditionnellement exclu les prêts décaissés par ces institutions. Il risque cependant de prolonger davantage les négociations sur le cas zambien.
Réagissant aux déclarations du ministère chinois des Affaires étrangères, le président de la Banque mondiale, David Malpass, a rappelé qu'il n'existe aucun mécanisme permettant d’aller dans ce sens. « Cette question a déjà été activement discutée au sein du G20, et elle a été rejetée », a-t-il dit, tout en invitant la Chine à « passer à autre chose ».
Lors d’une visite effectuée le 23 janvier à Lusaka dans le cadre d'une tournée de 11 jours en Afrique, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, avait estimé que la Chine constitue un « obstacle » à la résolution de la crise de la dette zambienne.
Treasury secretary pursues crucial test of U.S.-backed effort to help developing countries.
— AICO NEWS (@Aico_News) January 24, 2023
LUSAKA, Zambia—Treasury Secretary Janet Yellen called on China to forgive debts owed by Zambia...https://t.co/CuMljXkrIR pic.twitter.com/5ubJmUCSdQ
La Zambie est devenue fin 2020, le 1er pays africain à se retrouver en défaut de paiement sur sa dette extérieure estimée à 17,3 milliards USD depuis le début de la Covid-19. Lusaka, dont la dette représente 120 % du PIB, a déjà entamé des négociations pour restructurer sa dette avec les créanciers officiels et privés, et demander soit des réductions pures et simples, soit une extension du délai de remboursement.
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