Agence Ecofin TikTok Agence Ecofin Youtube Agence WhatsApp
Ecofin Formation
Agence Ecofin
Yaoundé - Cotonou - Lomé - Dakar - Abidjan - Libreville - Genève

Bénin : un pugilat local menace l’EFE Montaigne, l’un des fleurons de l’école à la française en Afrique

  • Date de création: 26 juin 2020 16:59

(Agence Ecofin) - Modèle de formation et de résultats scolaires depuis des années, l’établissement français d’enseignement (EFE) Montaigne de Cotonou est un des symboles du prestige de l’école à la française en Afrique. L’année dernière, et comme souvent par le passé, l’établissement a vu tous ses candidats au baccalauréat admis avec près de 42 % de mentions « Bien » et « Très Bien ». Seulement voilà, ces résultats élogieux cachent une crise qui pourrait tout changer dès la moitié de l’année prochaine, la faute à des querelles intestines entre l’Association des parents d’élèves et l’administration de l’école.

 

L’établissement pourrait perdre le label de l’éducation française

L’établissement français d’enseignement Montaigne pourrait perdre sa convention avec l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). En effet, l’accord fournissant à l’établissement le label du coordonnateur de l’enseignement français à l’étranger a de fortes chances de ne pas être renouvelé alors qu’il expire le 31 août 2021.

1ecole montaigne cotonou

Près de 42 % de mentions « Bien » et « Très Bien ».

 

La possibilité du déconventionnement de l’établissement n’est pas nouvelle puisqu’elle a déjà été évoquée dans le compte-rendu d’une mission de suivi de l’AEFE, effectuée les 23 et 24 janvier 2020. On peut notamment lire dans le document, dont l’Agence Ecofin a eu une copie, que « les graves problèmes de gouvernance que connait l’EFE Montaigne sont de nature à remettre en cause la convention entre l’AEFE et l’APE (l’Association des parents d’élèves) de l’établissement, qui arrivera à terme le 31 août 2021 ».

« Les graves problèmes de gouvernance que connait l’EFE Montaigne sont de nature à remettre en cause la convention entre l’AEFE et l’APE de l’établissement, qui arrivera à terme le 31 août 2021 ».

Pourtant, lorsque la nouvelle a été apprise par certains parents d’élèves, elle a été remise en cause par Dior Niang Osseni, présidente du conseil d’administration de l’APE. L’organe élu par les parents, et mandaté pour la gestion financière de l’établissement, est également l’employeur du personnel local de l’établissement. Un courrier de la présidente, datant du 12 juin, suggère que la convention sera renouvelée en août 2021.

 2Dior Niang Osseni

Dior Niang Osseni, présidente du conseil d’administration de l’APE.

 

Un optimisme qui n'est pas partagé par Sébastien Yves-Ménager, directeur général de la Société de brasseries, filiale du groupe français BGI/Castel, et également membre du Conseil du commerce extérieur de la France, alarmé par la situation. Selon ses explications, l’un des rôles des conseillers de cette instance est de promouvoir le rayonnement et l’attractivité de la France. Et « les établissements d’enseignement français sont des atouts majeurs pour le rayonnement des entreprises du pays à l’international. La présence et la réputation de ces établissements sont souvent au centre de la décision de l’acceptation ou non d’un poste par un collaborateur francophone », explique-t-il dans un courrier envoyé à l’APE de l’EFE Montaigne, le 18 juin 2020.

« Les établissements d’enseignement français sont des atouts majeurs pour le rayonnement des entreprises du pays à l’international. La présence et la réputation de ces établissements sont souvent au centre de la décision de l’acceptation ou non d’un poste par un collaborateur francophone ».

Pour lui, il y a un risque à court terme que l’établissement perde sa convention avec l’AEFE. Impliqué dans la résolution de la situation de l’EFE Montaigne depuis plusieurs semaines, il a d’ailleurs été l’un des principaux interlocuteurs de Guillaume Cario, chef du secteur Afrique à l’AEFE, pour trouver une issue à une crise qui devient de plus en plus inquiétante.

 

De profondes dissensions entre l’APE et l’équipe de direction de l’établissement

La crise au sein de l’EFE Montaigne a des origines assez floues. Si la presse locale béninoise, en l’occurrence le quotidien Matin Libre, évoque, en plus d’une mauvaise gestion, une affaire de détournement des fonds octroyés par l’administration française à l’établissement, aucune preuve, jusque-là, ne semble corroborer ces faits.

3hollande 07 2015 

Juillet 2015, visite de François Hollande, président de la République.

 

Dans un courrier envoyé à nos confrères, Dior Niang Osseni, la présidente du conseil d’administration de l’APE, va réfuter ces accusations. « Au surplus du titre ronflant et diffamatoire [de l’article du média béninois, Ndlr], le contenu de votre article fait le récit de faits inexistants. […] Nous nous en tenons à cette simple expression de notre mécontentement en nous réservant le droit à toute action que le droit nous octroie », déclare-t-elle dans un courrier envoyé au directeur de publication du journal. Contactée, l’intéressée n’a malheureusement pas répondu à nos sollicitations pour nous donner sa version.

Pour ce qu’on en sait, au vu de l’investigation menée par l’Agence Ecofin, les problèmes de l’EFE Montaigne sont partis d’une mauvaise relation entre l’APE et l’équipe de direction de l’établissement. En fait, dans ce mariage de raison entre l’administration de l’école et l’APE, gestionnaire financier prévu par les textes de l’établissement, la première partie trouvait la seconde trop exigeante. En effet, l’équipe de direction s’est plainte de ne pas bénéficier de son pouvoir de décision à cause d’une APE trop étouffante. Cette dernière par contre, s’estime très peu informée et trop peu associée à la prise des décisions par la direction de l’école.

En effet, l’équipe de direction s’est plainte de ne pas bénéficier de son pouvoir de décision à cause d’une APE trop étouffante. Cette dernière par contre, s’estime très peu informée et trop peu associée à la prise des décisions par la direction de l’école

Cette mauvaise relation s’est progressivement transformée en antagonisme lorsque l’équipe de direction, décisionnaire, a vu certaines de ses décisions bloquées par l’APE, gestionnaire financier de l’établissement. En effet, l’APE aurait mis en place un budget trop contraignant. L’organe se serait également opposé au recrutement par l’équipe de direction d’enseignants expatriés résidant au Bénin pour remplacer ceux dépêchés depuis la France par l’AEFE pour la tâche. L’APE aurait préféré donner des chances aux enseignants béninois.

Cet antagonisme est devenu une véritable guerre ouverte lorsque les premiers cas de Covid-19 sont apparus au Bénin. Une rumeur avait circulé sur les réseaux sociaux et laissé croire que le premier cas de Covid-19 recensé dans le pays aurait côtoyé un enseignant de l’école. Démentie, on pourrait quand même être amené à penser que cette rumeur ait pu empirer les relations entre les deux parties ; l’APE aurait accusé l’équipe de direction de n’avoir pas pris toutes les mesures possibles. La situation est toutefois plus complexe.

 

Des différends entre les parents d’élèves et l’APE

 « La situation relationnelle entre l’APE et les parents s’est rapidement dégradée à cause de la crise sanitaire. D’une mauvaise relation, nous sommes passés à une guerre ouverte de laquelle il faut sortir. Aucune AG n’a eu lieu depuis 2019, contrairement aux statuts de l’association, ce qui entraîne des frustrations, des rumeurs et une ambiance générale délétère », informe Sébastien Yves-Ménager, dans un courrier adressé, le 12 juin dernier, au chef du secteur Afrique de l’AEFE.

La crise n’offre finalement pas le simple tableau de dissensions opposant deux parties. L’APE est également divisée, en son propre sein, par des querelles intestines. Les parents d’élèves ne se reconnaîtraient plus dans toutes les décisions prises par le conseil d’administration de l’organe. A ce propos, au sein du conseil de l’administration même, on observe une désunion totale ces derniers jours. Plusieurs membres du conseil ont présenté dernièrement leurs lettres de démission. « Quand je vois cette ambiance délétère depuis ces dernières semaines, une atmosphère malsaine créée au sein de l’école par qui ou quoi, je ne sais ! Les rumeurs, les ragots jetés en clameur sur la place publique… », peut-on lire dans une des lettres de démission.

« Quand je vois cette ambiance délétère depuis ces dernières semaines, une atmosphère malsaine créée au sein de l’école par qui ou quoi, je ne sais ! Les rumeurs, les ragots jetés en clameur sur la place publique… »

« Par la présente, je vous adresse ma démission du conseil d’administration de l’Association des parents d’élèves de l’EFE Montaigne. Cette démission, qui deviendra effective à la date de réception du présent courrier, est motivée par le contenu de votre correspondance du 12 juin 2020 », explique, dans un autre courrier, un démissionnaire à Dior Niang Osseni.

4ecole montaigne cotonou3

Montaigne est un des symboles du prestige de l’école à la française en Afrique.

 

En effet, dans son courrier envoyé le 12 juin, cette dernière a notamment accusé des membres de l’APE de racisme. « Certains vous avancent des arguments racistes disant que l’EFE Montaigne risque de devenir une école de noirs [...] Il est dit que l’APE ne recrute que des enseignants béninois, noirs [...] Il est dit que l’APE va bientôt désigner un proviseur noir », peut-on lire dans le fameux courrier qui a fortement irrité certains membres de l’APE qui ont décidé de démissionner plutôt que d’être accusés de racisme.

« Certains vous avancent des arguments racistes disant que l’EFE Montaigne risque de devenir une école de noirs [...] Il est dit que l’APE ne recrute que des enseignants béninois, noirs [...] Il est dit que l’APE va bientôt désigner un proviseur noir ».

Cet imbroglio total est de nature à mettre en danger le renouvellement de la convention entre l’AEFE et l’EFE Montaigne, faisant perdre à l’établissement de précieuses subventions qui participent certainement à son rayonnement. L’institut scolaire offre également une garantie pour les expatriés français de ne pas bousculer le système d’éducation connu par leurs enfants, en cas d’affectation au Bénin.

Les conséquences d’un arrêt de la convention pourraient donc se révéler plus importantes qu’il n’y parait dans un premier temps. D’ici le 31 août 2021, on espère donc que la crise menaçant le renouvellement de cette collaboration, jusque-là fructueuse avec l’AEFE, sera résolue.

Servan Ahougnon

servan ahougnon


 
GESTION PUBLIQUE

La RDC enregistre la plus forte hausse (+105 %) des dépenses militaires au monde en 2023

Jalel Trabelsi nommé envoyé spécial de la BAD pour le MENA et le Golfe

L’émirati HBK DOP a promis un prêt de 13 milliards $ au Soudan du Sud contre du pétrole à prix réduit pendant 20 ans

L'Afrique du Sud maintient ses troupes au Mozambique et dans l’est de la RDC

 
FINANCE

Le Nigeria cherche un gestionnaire pour un fonds d’investissement de 10 milliards $ destiné à la diaspora

NSIA Banque CI initie des visites d’immersion pour sensibiliser les entreprises aux questions de la RSE

Assemblée générale d'Ecobank CI : feu vert pour la distribution des dividendes dès mai 2024

Servair domine sur la BRVM, avec un rendement net de dividendes de 15,5% pour 2023

 
AGRO

Le marché britannique pourrait représenter un relais de croissance pour les ventes ivoiriennes d’anacarde

Ghana : le gouvernement annonce un investissement de 20 millions $ dans l’irrigation agricole

Burkina Faso : lancement d’un complexe avicole de 2,4 millions $ dans la commune de Komsilga

L’Afrique du Sud lance une nouvelle procédure de règlement des différends avec l’UE sur les agrumes

 
MINES

Côte d’Ivoire : le chinois Zhaojin devient le premier actionnaire de Tietto avec son offre à 475 millions de dollars

L’australien Toubani lève 2,5 millions $ pour achever une étude de faisabilité à sa future mine d’or au Mali

Le Nigeria lance la construction d’une usine de lithium à 50 millions de dollars

Anglo American rejette l’offre de rachat à 39 milliards de dollars de BHP jugée « très peu attractive »

 
TELECOM

L’Afrique recherche 86 milliards $ pour sa couverture Internet totale, 80 % attendus du secteur privé

MVola s'ouvre à tous à Madagascar

Le régulateur télécoms ghanéen autorise Starlink à fournir de l'Internet à haut débit par satellite

Kaspersky met l’IA au service de la sécurité numérique des entreprises avec sa nouvelle gamme : Kaspersky Next

 
TRANSPORT

Un patrouilleur de fabrication turque en cours de livraison pour renforcer la marine nigériane

Air Côte d'Ivoire lancera sa ligne Abidjan-Casablanca dès le 14 mai 2024

Algérie : les travaux d'extension du port d'Annaba ont officiellement démarré

Les aéroports marocains ont enregistré 6,8 millions de passagers au 1er trimestre 2024

 
ENTREPRENDRE

Avec Caytu Robotics, le Sénégalais Sidy Ndao permet de contrôler des robots multi-tâches à distance

La start-up malienne Kénèya Koura digitalise des processus de prise en charge sanitaire

Ouverture des candidatures pour le 14e Prix Orange de l’Entreprenariat Social en Côte d’Ivoire (POESCI)

AFAWA Finance Togo: BAD et AGF dynamisent l'accès au financement pour femmes entrepreneures

 
ECHO

Le passeport du Cameroun en 2023

UEMOA : les pays acceptant le plus de passeports africains sans visa

CEMAC : les pays acceptant le plus de passeports africains sans visa

Cameroun : importations de véhicules en 2022

 
COMM

Burkina Faso : les autorités suspendent BBC Africa et Voice of America pour deux semaines

Pour les régulateurs africains, la lutte contre la haine en ligne implique la modération en langues locales

Bénin : le 2e Festival International des Arts intègre les influenceurs et les créateurs de contenus

Azam TV obtient les droits non-exclusifs de diffusion de La Liga en Afrique subsaharienne

Enveloppe
Recevez votre lettre Ecofin personnalisée selon vos centres d’intérêt

sélectionner les jours et heures de réception de vos infolettres.