Soudan du Sud : dépréciation de la monnaie locale consécutive à la baisse des revenus pétroliers

(Agence Ecofin) - Comme nombre de pays pétroliers, le Soudan du Sud dépend pour beaucoup de la rente pétrolière actuellement en baisse du fait des problèmes d’insécurité en mer Rouge qui freinent les exportations.

James Alic Garang (photo), le patron de la Banque centrale du Soudan du Sud s’est exprimé, mercredi 14 février, sur la situation de la South Sudanese pound (SSP), la monnaie du pays qui fait face à une dépréciation soutenue sur le marché des changes et que le responsable lie à la baisse des recettes pétrolières de l’État.

Le responsable attribue cette situation et les difficultés économiques qu’elle engendre, à l’instabilité en mer Rouge. Des tensions marquées par les attaques des milices Houthi yéménites contre les navires et qui entravent les exportations de brut. « Le Soudan du Sud dépend fortement des recettes pétrolières pour financer près de 95 % de son budget annuel. Le pays produit actuellement environ 150 000 b/j de brut, […] », a déclaré James Alic Garang.

Il explique : « Lorsque le brut n’est pas vendu assez rapidement ou qu’il prend du temps à être mis sur le marché, cela signifie également que nous aurons moins de devises étrangères à tout moment et en avoir moins dans le pays signifie que l’offre et la demande ne sont pas alignées et c’est l’une des raisons pour lesquelles vous voyez la monnaie se déprécier ».

Les difficultés que connait le Soudan du Sud à monétiser son or noir peuvent également avoir un lien avec la crise politique chez son voisin soudanais. Alors qu’en avril 2023, Puot Kang Chol, le ministre sud-soudanais du Pétrole, apaisait l’opinion publique quant à d’éventuelles répercussions sur les exportations pétrolières à travers le Soudan, les attaques d’infrastructures pétrolières dans le pays, notamment l’une des quatre stations de pompage du Soudan, ont suscité des inquiétudes.

« Les perspectives économiques du Soudan du Sud sont aujourd’hui assombries par des goulets d’étranglement dans le secteur pétrolier, la production diminuant face à de nouveaux investissements limités, ce qui souligne la nécessité de diversifier l’économie », déclare la Banque mondiale dans une étude publiée en septembre 2023.

Abdel-Latif Boureima

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