(Agence Ecofin) - Un tribunal sud-africain a interdit au président soudanais Omar el-Béchir (photo), le 14 juin, de quitter le pays après une demande d'arrestation de la Cour pénale internationale (CPI).
Le jugement prononcé par ce tribunal stipule que «les autorités sud-africaines doivent empêcher le président Omar el-Béchir de quitter le pays jusqu'à ce qu'une décision soit rendue par cette Cour».
La CPI a appelé Pretoria à arrêter le dirigeant soudanais qui participait à un sommet de l'Union africaine dans le cadre des poursuites engagées contre lui en 2009 pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité et en 2010 pour génocide. Ces deux mandats d'arrêt sont liés aux événements au Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie aux violences depuis 2003. Plus de 300 000 personnes sont mortes dans ce conflit selon l'ONU.
En tant qu'Etat membre de la CPI, l’Afrique du Sud est statutairement obligé d'arrêter Omar el-Béchir et de le remettre à la Cour si celui-ci se trouvait sur son territoire.
Mais l'ambassadeur d'Afrique du Sud aux Pays-Bas a explique le 12 juin à la CPI, qui siège à La Haye, que son pays se trouvait face à des «obligations concurrentes» et que la loi «manquait de clarté».
Les autorités sud-africaines ont aussi refusé de confirmer l'arrivée en Afrique du Sud du président soudanais, mais la radio-télévision sud-africaine SABC a indiqué dans un tweet qu'el-Béchir avait bien été «accueilli par des responsables sud-africains et des diplomates soudanais».
Face à l’hésitation de Pretoria officielle, l'organisation de défense du droit «Southern Africa Litigation Center» a saisi la justice en urgence pour tenter d'obtenir une décision sur le sort du dirigeant soudanais.
Le gouvernement soudanais a assuré que le président Omar el-Béchir en Afrique du Sud rentrerait à Khartoum après le sommet de l'Union africaine.
«Il est difficile de donner les détails de l'emploi du temps de M. Béchir, mais il rentrera une fois terminée la principale session (du sommet, NDLR). Cela pourrait être aujourd'hui ou demain, je ne rentrerai pas dans les détails», a précisé le ministre des Affaires étrangères Kamal Ismaïl.
Au pouvoir depuis un coup d'État en 1989, le président el-Béchir, 71 ans, a été réélu en avril dernier avec 94 % des voix pour un nouveau mandat de cinq ans.
Plusieurs États africains membres de la CPI ont déjà refusé d’arrêter le chef d’Etat soudanais cours des dernières années, dont Djibouti, le Kenya et le Tchad. L’Union africaine refuse aussi coopérer avec la CPI sur le dossier Béchir.
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