(Agence Ecofin) - Au Soudan, les autorités ont durci le ton envers les médias. Le 19 mai 2014, le président de la République, Omar el-Béchir, a adressé des avertissements aux journalistes, appelant ceux-ci à ne pas traiter de manière « négative et destructrice » les affaires militaires, judiciaires ou liées à la sécurité nationale. Le chef de l’Etat avançait l’argument selon lequel il faut préserver la sécurité et la cohésion nationale. Il a prévenu les journalistes des « lignes rouges » à ne pas franchir.
Dès le lendemain, le journal Al-saiha (le Cri) a été suspendu sur ordre du Service national du renseignement et de la sécurité (Niss). Cet organe avait au préalable confisqué des exemplaires du journal à la sortie de l’imprimerie. La durée de la suspension n’a pas été indiquée. Le Niss a ensuite publié une déclaration indiquant que les médias doivent veiller à ne pas menacer la sécurité nationale et la stabilité du pays. Il demandait à ne pas traiter certains sujets susceptibles de ternir l’image des autorités politiques, militaires ou judiciaires.
RFI rapporte que les journalistes n'ont plus le droit de publier d'information sur l'arrestation de l'ancien Premier ministre et chef de file de l'opposition, Sadek al-Mahdi. Celui-ci a été arrêté le 17 mai dernier sur plainte des services secrets, parce qu’il a dénoncé les exactions commises par une milice paramilitaire agissant sous l’autorité de l'armée. La milice, Rapid Support Force (RSF), est accusée d'avoir commis des viols et des meurtres au Darfour. Des excès critiqués par le chef de la mission conjointe Onu-Ua au Darfour.
« Depuis le mois de janvier, les autorités soudanaises suivent une ligne de plus en plus autoritaire envers les médias », déplore Lucie Morillon, directrice de la Recherche à Reporters sans frontières. « Le discours du gouvernement, qui parle officiellement de ‘dialogue national’ et appelle au respect de la liberté de la presse, est en contradiction évidente avec ses actes. Quant aux forces de sécurité du Niss, leur but est à peine voilé : contrôler tous les organes de presse du pays, ou, à défaut, leurs publications et lignes éditoriales », conclut-elle.
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