(Agence Ecofin) - « Les différents présidents ont abusé des médias étrangers. Et ce n’est pas normal. Ils ont usé et abusé des interviews accordées à la presse internationale », pense Daouda Ndiaye, ancien directeur général de la Radiotélévision sénégalaise (Rts). L’actuel directeur de communication de l'Assemblée nationale du Sénégal critique la récente interview du président de la République, Macky Sall, dans les colonnes du quotidien français Le Monde.
« C'est normal de leur accorder des entretiens vu leur prééminence (les médias étrangers). Le Monde est une institution, chacun rêve d’être l'invité. Mais c'est une aberration de leur accorder les scoops au détriment de la presse nationale », ajoute Daouda Ndiaye. Il conseille d’ailleurs aux dirigeants africains de copier l'exemple de leurs homologues français qui s'interdisent de parler des questions nationales lorsqu’ils sont à l'étranger.
Il suggère également aux journalistes sénégalais de traiter, toute proportion gardée, les interviews accordées aux médias étrangers par leurs dirigeants. « Il faut refuser d'être des caisses de résonance et leur faire de la publicité gratuite. Il faut juste prendre ce qui est important sans en faire une grande question », dit le journaliste Daouda Ndiaye. Il plaide pour plus de respect à l’égard de ses confères sénégalais, car « c'est avec eux qu'on voyage et gagne les élections ».
Daouda Ndiaye observe cette constance dans la communication du président de la République au Sénégal : « De Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, il n’y a pas eu de changement dans le style et le canal ». Toutefois, avec Léopold Sédar Senghor, féru de littérature, « il fallait être cultivé pour comprendre le discours ; c'était la poésie appliquée à la politique ; un message lyrique, soigné et calibré. » Abdou Diouf a apporté une « touche technocratique » à l’affaire.
L’ex-Dg de la Rts constate qu’aujourd’hui, « la communication gouvernementale est une question collégiale ». « L'épicentre » se trouve dans les médias de service public et, de plus en plus, dans les médias privés. Cette communication s'appuie encore pour l’essentiel sur la télévision, or « ce média est passé de l'âge de la fascination à l'âge de la saturation ».
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